La Corée est un pays très sûr, et contrairement à d’autres pays, nous n’entendons que très peu parler de mafia ou des gangs. Pourtant ils existent ! Nous sommes loin en termes de popularité de la mafia italienne ou des yakuza mais les gangs et mafieux coréens agissent dans l’ombre au Pays du matin calme. Nous allons passer cela en revue, allumez vos cigares et revêtez votre plus beau costard !
Les gangs sont appelés kkangpae, terme qui fait référence aux crimes plus ou moins organisés alors que la mafia, nommée jopok, désigne presque une entreprise du crime organisée avec, à certaines époques, un spectre d’intervention plus large, allant parfois même jusqu’aux sphères politiques. Cependant, d’après un ami coréen, aujourd’hui les deux termes veulent sensiblement dire la même chose : crime organisé, autrement dit la mafia. De petits gangs sont devenus de vraies familles mafieuses et leurs affaires tournent autour des mêmes domaines. Les sources manquent concernant la mafia à proprement parler, c’est pour cette raison que nous nous focaliserons davantage sur les gangs.
Un peu d’histoire…
La mafia coréenne remonterait à la dynastie de Joseon au 19e siècle. À l’époque où les Européens débarquent en Corée, des échanges commerciaux et des investissements de la part des puissances coloniales débutent. À ce moment-là, les gangs existent déjà, les membres viennent souvent de classes inférieures et sont commandés par des commerçants riches et peu scrupuleux.
Cependant, la première grande période de la mafia remonte à l’occupation japonaise, entre 1910 et 1945. Durant ces années, les Coréens ont été contraints à des travaux forcés et à l’esclavage sexuel ; le tout s’est aggravé pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est alors que certains Coréens décidèrent de fuir cette oppression et créèrent des groupuscules se battant contre la domination coloniale. L’un des mafieux les plus célèbres de l’époque s’appelait Kim Chwa Chin, surnommé le Makhno coréen (Makhno étant un révolutionnaire ukrainien combattant contre la Russie). Kim Chwa Chin s’est retrouvé très jeune orphelin et a grandi en mendiant. En grandissant, il créa un gang appelé Jumok (qui signifie « poing ») avec lequel il affronta directement les yakuza.
Les gangs manquaient cruellement d’argent. Beaucoup ont donc fait le choix de rejoindre leurs frères ennemis japonais, devenant ainsi yakuza. De nombreux affrontements eurent lieu entre les deux mafias durant l’occupation japonaise. Kim Chwa Chin refusait toujours de se plier et ses combats contre les yakuza devinrent un symbole de résistance. Il se lança d’ailleurs par la suite dans la politique au sein du Parti Libéral.
On parle de gangs « modernes » depuis les années 70 en Corée. En effet, ces derniers se sont modernisés en créant une réelle structure hiérarchique avec un chef à leur tête. C’est également à cette période que les gangs ont commencé à s’armer, notamment de couteaux, rendant les affrontements plus violents. Dans les années 80, les gangs réussirent à se rapprocher des chaebol (ensemble des grandes entreprises), des représentants politiques et des personnalités importantes du domaine du divertissement.
C’est seulement en 1990 que la loi coréenne durcit au sujet des gangs. Un nouvel article du droit pénal condamna l’appartenance à toute organisation criminelle, qu’elle soit présente ou passée. Beaucoup de gangs se sont alors faits discrets ou ont fui la Corée mais un grand nombre de membres a également été arrêté. Tandis que les membres repentis étaient placés sous surveillance stricte.
Les gangs de nos jours
Malgré le durcissement de la loi dans les années 90, la mafia coréenne n’a pas disparu. Aujourd’hui, ils agissent toujours dans le trafic sexuel (notamment de jeunes femmes russes), le trafic de drogue et la contrebande. Selon une enquête menée en 2007, de nombreux détenus emprisonnés provenant de la mafia étaient impliqués dans des affaires d’extorsion de bars, boîtes de nuit et salles de jeux. À ce jour, certains noraebang seraient encore entre les mains de gangs, n’hésitant pas à se servir de cette couverture pour maintenir leurs trafics.
Il existe également de nombreux gangs dits « locaux » qui ne sont pas affiliés directement à la mafia. Leur source de revenus principale serait l’exploitation de petites entreprises et la protection de certains quartiers, qu’ils appellent territoires. En contrepartie de cette protection, ils demandent aux entreprises présentes sur leur territoire un paiement mensuel. Ces entreprises paieraient les gangs pour leur tranquillité, dissuadant les autres gangs de venir nuire à l’activité du quartier.
Comme les yakuza, les mafieux coréens portent des tatouages en signe d’appartenance à un gang. Ces tatouages, propres à chaque famille, leur permettent de se reconnaître entre eux. Ils peuvent également être exhibés dans le but d’intimider. C’est une des raisons pour lesquelles le tatouage, au même titre qu’au Japon, est en quelque sorte tabou. Un autre signe distinctif des membres de gang est la coiffure : le crâne partiellement rasé avec des cheveux longs sur le sommet de celui-ci. Même si cette coupe semble aujourd’hui être tombée en désuétude, elle a longtemps été arborée par les mafieux.
Contre toute attente, les gros foyers de mafieux ne se trouvent pas à Séoul. Les principales organisations œuvrent dans la région de Joella, au sud-ouest de la Corée, les principaux berceaux étant Gwangju et Mokpo. Cependant, il semblerait que d’autres gangs influents opéreraient également à Busan et Incheon. À Busan, le gang des Seven Stars serait l’un des plus importants du crime organisé, bien que les leaders du groupe aient été arrêtés en 2013. À Gwangju, le gang Double Dragon serait l’un des plus anciens gangs de Corée mais ils sont aujourd’hui très discrets depuis de violents affrontements dans les années 80 et 90.
Sources : Korea Pride: Gangs and the Korean Community | Inside Korea | Wikipedia |Gwangju Blog.
One Comment
Comments are closed.
Cet article était super intéressant, merci beaucoup ! 😀