Une fois n’est pas coutume, on vous invite à la découverte d’une superbe romance diplomatique entre l’Orient et l’Occident. Révélé par le Korea Herald, le Kush Nama raconte la rencontre puis le mariage entre un prince Perse et une princesse du royaume de Silla. Cette histoire soutenue par les deux gouvernements sud-coréen et iranien, a fait l’objet d’un certain engouement au pays du matin frais l’an dernier. Koreas Owls vous en raconte un peu plus !
Le trésor caché du Kush Nama
Rédigé au XIIe siècle par Irānshāh, le Kush Nama (کوش نامه) est un poème épique perse. Il relate les conflits royaux entre le tyran Kush et le roi Faridun. Au milieu du récit, on suit les aventures du prince sassanid Abtin envoyé en exil en extrême orient. Descendant du mythique roi Jamshid, il est l’un des héritiers légitime de l’Iran. Aussi Kush tente à tout prix de se débarrasser de lui. Abtin, sur les conseils des chroniques familiales rejoint la Chine pour y trouver refuge. De là, il parvient au royaume de Čin puis se rend sur l’île (ou presqu’île) de Basilā. Il y est reçu par le roi Teyhur qui lui offre sa fille Farārang en mariage. Après maintes autres péripéties, le couple rentre en Iran où naîtra le futur et mythique roi Faridun.
Or donc, des études récentes tendent à prouver que le royaume de Basilā décrit dans les textes du Kush Nama ne serait autres que Silla (신라 |新羅). Le professeur Lee Hee Soo du département anthropologique de l’université Hanyang révèle ainsi que le préfixe « Ba » associé à Basilā signifierait en perse « magnifique ». Les iraniens d’alors semblaient porter une admiration certaine pour le royaume de la péninsule coréenne.
Si les historiens continuent de démêler les éléments historiques de la narration fantastique, il est assez difficile d’établir l’identité des personnages, notamment celle de la princesse Farārang. En effet, les textes royaux coréens sont assez avares de détails concernant les lignées féminines. Si le royaume de Silla, à cet égard, considérait davantage les princesses que les dynasties ultérieures, il faudra encore plusieurs années de recherche pour découvrir qui était ce couple royal qui donna naissance à l’un des plus grand héros de la mythologie iranienne.
L’engouement perse pour Silla
De nombreux autres textes perses font mention du royaume de Silla. Tous décrivent le royaume comme magnifique et paradisiaque. Le premier texte dans lequel le royaume coréen apparaît fut écrit entre 820 et 912 par Ibn Khurdhadbih. Son recueil Le livre des routes et royaumes dit ainsi : « Et au-delà de la Chine, il est un royaume appelé Silla, une terre emplie d’or. En raison de son environnement naturel propre, les musulmans, espérant rester encore longtemps, ne veulent plus partir. » La propreté et l’abondance de l’eau était jugée aussi précieuse que l’or pour des cultures du désert où l’eau ne s’obtenait qu’après une longue quête d’oasis.
Plus tard, au XIIIe siècle, c’est l’historien perse Rashid al-Din (1247-1318), qui transmettra le nom Goryeo à l’Occident. Se basant sur la prononciation chinoise Kao-Li, il évoque le royaume de l’extrême Est comme Korea.
En Corée, les échanges avec l’occident se fondent surtout sur le commerce. Le Samguk Sagi (삼국사기 | 三國史記) contient de nombreuses descriptions de produits venus du Moyen-Orient. Sous le royaume de Silla, l’importation de ses produits étaient aussi très prisés. On retrouve ainsi de nombreuses imprégnations culturelles dans les deux pays.
Un amour retrouvé
Les relations diplomatiques entre la Corée et le Moyen-Orient sont aujourd’hui en plein renouveau. Depuis 2016, les relations entre l’Iran et la Corée s’améliorent. Les visites du président Moon Jae In en Arabie Saoudite se multiplient depuis mars 2018. La Corée effectue aussi une politique intérieure de valorisation des communautés musulmanes. Le congrès international sur la Corée et le Monde Musulman qui s’est tenu le 24 et le 25 Avril 2018 à Istanbul, relance 1500 ans d’histoires et de relations commerciales et diplomatiques entre le pays du matin frais et le Moyen-Orient.
Sources : The Korea Herald | Korea.net |Middle East Institute | Revolvy |Daryoosh Akbarzadeh
Article rédigé par Casado Hélène.