Difficile de comprendre la musique traditionnelle coréenne quand on ne voit déjà pas à quoi ressemble ses instruments et qu’on ignore quels sons ils font. Pas de panique, les Hiboux de K.Owls vous ont préparé cet article pour vous présenter les instruments phares que vous retrouverez aussi bien dans les pansori, les minyo, le sanjo, le samulnori ou le shinawi. Partons à la découverte des instruments de musique traditionnelle coréens !
Les instruments à cordes
Gayageum
Le Gayageum 가야금 est une sorte de cithare à douze cordes. Long de 1m60, l’instrument se base sur une caisse de résonance en bois de paulownia. Assis à même le sol, les musiciens placent l’instrument sur leurs cuisses. Certains gayageum modernes permettent d’élever l’instrument à 30° grâce à un pied ajouté à la caisse de résonance. Grattant et frappant les cordes avec la main droite, les musiciens produisent le vibrato en appuyant sur les cordes de la main gauche. Ces cordes, originellement en soie, sont maintenant souvent en nylon. Apparu au VIe siècle en Corée, le gayageum tire son nom du musicien de Gaya, Ureuk, qui améliora l’instrument d’origine chinoise. En effet, s’il est spécifique à la Corée, le gayageum a de nombreux cousins dans toute l’Asie. On trouve le guzheng en Chine, le koto au Japon ou le zhetygen au Kazakhstan.
Gomungo
Le Gomungo 거문고 est la deuxième cithare coréenne. Elle est composée de six cordes. L’instrument apparaît dès le IVe siècle, mais c’est trois siècles plus tard qu’on établit sa relation avec le royaume de Goguryeo. En effet, on trouve énormément de peintures représentant ces instruments dans les tombes datées de ce royaume. Proche du guqin chinois, le gomungo était très prisé des castes nobles et des lettrés.
Il est d’une taille équivalente au gayageum, environ 1m62. Un pied amovible appelé anjok permet d’incliner l’instrument à 30°. Il est aussi possible de le placer juste sur ses genoux. La différence avec le gayageum, outre le nombre de cordes, est la manière dont on joue avec les cordes. En effet, on frappe les cordes à l’aide d’un bâton en bambou au lieu de le faire à la main. En parlant des cordes, trois d’entre elles sont d’ailleurs accompagnées par des frètes, tandis que les trois autres sont laissées libres pour produire un son plus vibrant.
Haejang
Le Haejang 하쟁 est une cithare à sept cordes que l’on frotte avec un archet en bois de forsythia recouvert de résine de pin. Plus petit que le gayageum ou le gomungo, le haejang produit un son assez grave et fort. Il a un ton profond, semblable à celui d’un violoncelle, mais plus rauque. Certains joueurs contemporains préfèrent utiliser un véritable arc de crin plutôt qu’un bâton, parce qu’ils pensent que le son est plus lisse. À l’origine, ces instruments étaient utilisés dans la musique de cour, aristocratique et folklorique. Aujourd’hui, on les retrouve aussi dans la musique classique contemporaine et les partitions de films.
Haegum
Parfois classé dans la famille des instruments à vent, le Haegum 해금 est une vièle à deux cordes. Très similaire au erhu chinois, le haegum a été importé en Corée pendant la période Goryeo (918–1392). À l’origine, il s’agit d’un instrument mongol. C’est pourquoi on retrouve l’usage de crin de cheval pour l’archet qui vient frotter les fils de soie torsadés qui composent les cordes. La caisse de résonance en bois de paulownia permet d’amplifier le son lancinant qui coule sous les doigts du musicien.
Yanggeum
Le Yanggeum 양금 est une cithare à la caisse de résonance trapézoïdale, descendante du santûr iranien. On ignore exactement quand celui-ci a été introduit en Corée, mais il est vraisemblable que l’instrument ait suivi une appropriation culturelle progressive. En effet, on le retrouve en Mongolie (yochin), au Tibet (rgyud-mang), en Thaïlande, (khim), au Laos (khom), au Viet Nam (đàn tam thập lục) ou en Ouzbékistan (tchang). D’ailleurs, la traduction du nom coréen signifie « instrument à cordes de l’Ouest ». On en joue en frappant les cordes de métal avec un bâton de bambou.
Les Vents
Piri
Si le Piri 피리 ressemble à s’y méprendre à une flûte, en réalité cet instrument est plus proche du hautbois. En effet, il possède une anche double et une perce cylindrique en bambou qui lui permettent de produire des sons très veloutés. Il est percé de huit trous dont un en dessous pour le pouce gauche. Traditionnellement, le piri est très prisé des musiques de cour, religieuses et même populaires. Ample et puissante, la sonorité du piri est un peu nasillarde. Son timbre mélancolique et expressif en fait un instrument soliste remarquable dans la musique de cour. Dans le genre du shinawi par exemple, il est utilisé pour représenter la réponse divine de la chamane.
Daegum
Le Daegum 대금 est une flûte traversière en bambou emblématique de la musique traditionnelle coréenne. Son timbre est grave et rauque. Elle est très présente dans la musique de cour et était particulièrement prisée des érudits pendant l’ère Joseon. Elle possède six trous de jeu. L’embouchure et le trou de mirliton sont recouverts d’une fine membrane végétale. Puis on trouve un à cinq trous d’accords à son extrémité. Deux autres flûtes similaires au daegum existent : il s’agit du sogum et junggeum.
Hojok
Eh non le Hojok 호적 n’est pas, ici, la classe de la basse aristocratie du royaume de Shilla, mais bien un instrument traditionnel coréen. Introduit par les chinois durant la période du royaume de Goryeo, le hojok est un petit hautbois reconnaissable à son ouverture cylindrique. Si sa forme rappelle la trompette, le son puissant qu’il émet évoque davantage la cornemuse. C’est aussi un instrument qui porte de nombreux noms. Ainsi, il s’appelle taepyeongso (태평소) la « flûte de bambou de la paix » ou encore nallali (날라리).
Danso
Le Danso 단소 est l’équivalent de la flûte à bec de Corée. En effet, elle est utilisée dans l’enseignement de la musique. Pourtant, cette courte flûte en bambou et sans bec ressemble davantage aux flûtes andines qu’à sa cousine européenne. Le joueur tient la flûte verticalement, avec un angle de 45°. Le danso n’a que cinq trous. L’un, à l’arrière, est recouvert par le pousse gauche. Les quatre autres sont recouverts par l’index et le majeur de chaque main.
Les percussions
Janggu
Avec sa forme de sablier, le Janggu 장구 est l’une des percussions emblématiques de la Corée. Apparu dans le royaume de Shilla (-57 JC à 935 JC), il serait originaire d’Inde et descendrait du idakka. Deux peaux tannées sont tendues de part et d’autre du sablier. Le musicien joue du janggu à l’aide de deux baguettes, le gungchae et le yeolchae.
Le gungchae à la forme d’un maillet à tête ronde. Le musicien l’utilise en frappant le côté gauche du janggu dans un mouvement circulaire du poignet. La peau étant plus épaisse, elle produit un son plus grave. Le yeolchae est une sorte de tige plate en bambou. Le musicien l’utilise pour frapper le côté droit du janggu dans un mouvement qui part du bras. Cet instrument est extrêmement répandu dans la musique traditionnelle coréenne. On le retrouve dans les musiques chamaniques comme le shiwani ou le samulnori mais aussi dans les opéras pansori et les duo de sanjo.
Kkwaenggwari
Le Kkwaenggwari 꽹과리 est un gong dont le plateau de métal a un diamètre de 20 à 23 cm. Il est utilisé pour les musiques de cour, les danses chamaniques, les processions militaires ou les chants bouddhiques. Son son aigu vient rythmer le pas des danseurs de samulnori et attire l’attention sur des personnages de minyo.
Jing
Le Jing 징 est gong fixe dont le plateau en métal mesure un diamètre de 35 à 42cm. On le frappe au moyen d’un bâton dont les extrémités sont recouvertes de tissu et de coton. Cet instrument aux origines lointaines est utilisé dans les musiques chamaniques et de cour.
Buk
Le Buk 북 est un tambour baril en bois évidé, généralement de paulownia ou de pin, dont les membranes en peau de vache sont tendues par un jeu de cordelettes. Il est frappé par un bâton. Très répandu dans les danses samulnori, on le trouve aussi comme percussion d’accompagnement dans quelques pansori.
Percussion pour les cérémonies
Le Yonggo 용고 est un tambour assez similaire au buk. Finement décorée de dragons ou de lions, il est surtout utilisé dans les processions militaires du daechwita.
Le Nogo 노고 est composé de deux tambours. Il est l’un des instruments de musique traditionnelle que l’on utilisait surtout pour les cérémonies rituelles et les musiques de cour. Le Beopgo 법고 est un immense tambour que l’on trouve dans les temples bouddhistes. Il émet un son très grave et puissant et nécessite une grande force dans les bras du musicien. Pour certaines cérémonies, les moines se relayent pour en jouer.
Sources : Britannica | olsou | omeka
Article rédigé par Casado Hélène.