Informations
Titre original :악녀 (litt. Méchant)
Pays : Corée du Sud
Réalisateur : Jeong Byeong Gil
Scénariste : Jeong Byeong Gil et Jeong Byeong Sik
Diffusion : 2017
Genres : action, drame
Durée : 123 minutes
Synopsis
Sook Hee, assassin professionnelle entraînée depuis l’enfance après la mort de son père dont elle cherche à punir le meurtrier, est recrutée par une agence étatique de renseignements. Son travail sordide prend une nouvelle tournure lorsque ses cibles réveillent le passé tragique auquel elle essaye d’échapper pour le bien de son enfant.
Casting
Bande-annonce
L’histoire
The Villainess est film immersif inventif et survolté qui pourrait vous donner quelques vertiges tout en vous laissant la sensation d’être totalement bluffé. La scène d’introduction filmée à hauteur d’épaule renvoie directement à l’univers des jeux vidéo de type FPS (jeu de tir à la première personne). Le réalisateur s’en donne à cœur joie ! Comme si l’action plus qu’un genre était un nouveau médium cinématographique. Faisant sans cesse référence aux arts audiovisuels, cinématographiques et vidéo-ludiques, Jeong Byeong Gil (정병길) semble vraiment prendre son pied dans un film vif et sanglant.
Maîtrisée, l’image joue entre plan large et rapproché, champs contre champs pour marquer les oppositions entre les personnages. Les scènes d’actions sont filmées dans un flou qui donne, au bout de deux heures de film, le vertige ! Pourtant, la prouesse technique est vraiment à saluer car elle parvient à transformer un scénario de vengeance somme toute classique en un excellent film d’action et d’espionnage.
Sook Hee, la vilaine à laquelle on s’attache
Efficace et terrifiante, Sook Hee est une assassin sans vergogne que le désir de vengeance amène aux limites de l’humain. Si les premières images nous convainquent de sa folie meurtrière, les révélations progressives du film nous lient chaque fois un peu plus à ce personnage. Son chemin tragique et morbide parle d’un monde de mafia où la morale n’a pas sa place. Son univers impitoyable ne l’empêche pas de rêver d’un avenir enfin paisible avec sa fille, unique objet de son amour après la perte de son père et de son mari.
Cependant, de rebondissement en rebondissement, son chemin de vie sera semé d’embûches ! La violence reprend le pas avec son enrôlement dans une unité des services secrets spécialisée dans la création d’espionnes. The Villainess entre alors dans le registre du film d’espionnage. Recrutée et formée, Sook Hee devient une arme gouvernementale pour débarrasser le pays de la pègre.
Un calme avant la sanglante tempête
Pourtant, film coréen oblige, il marque un temps d’arrêt au milieu de la narration mouvementée pour imprégner ses personnages d’une histoire plus sensible. La caméra change de style. Elle s’éloigne et prend de la distance pour mieux nous amener d’un registre à l’autre. La romance, la psychologie, les intrigues du passé et les jeux d’espionnages cohabitent ainsi brillamment avec l’action et l’hémoglobine.
La romance sous couverture des deux espions nous porte au rire et aux larmes car nous sommes finalement les seuls à connaître les vrais sentiments qui étreignent les personnages. Ainsi complice de leurs sentiments secrets et témoins impuissants du destin auquel le réalisateur les conduit, on apprécie d’autant plus la vengeance exutoire de nos personnages. Car, de révélation en jeux croisés, les spectateurs sont seuls complices et confidents du chemin de Sook Hee et, avouons-le, on veut la voir vaincre quitte à regarder avec indulgences l’invraisemblance de son invincibilité.
The Villainess, une métaphore de la violence ?
La méchanceté s’incarne au travers d’un ennemi invisible qui change, de rebondissement en rebondissement, plusieurs fois de visage. Sortant du seul rapport binaire allié-ennemi, The Villainess n’aborde cependant qu’en survol cette figure du méchant. Si on parvient à l’identifier à fin, on reste bien en peine de les détester seulement. Car la méchanceté s’incarne au travers de plusieurs personnages que leurs choix, les circonstances et l’écosystème violent conduisent à cet état. Seule l’enfant, est-on certain, n’a pas de méchanceté tapie dans ses actions.
Conclusion
The Villainess est ainsi un excellent film d’action. Il s’amuse de plusieurs genres et registres et joue avec le médium cinématographique, et cela pour notre plus grand plaisir ! Attention cependant à ne pas le voir trop près de votre écran. Les jeux de caméra risqueraient de vous donner le vertige. Tout comme le ferait l’hémoglobine et la montagne de cadavres, qui au cours des deux heures banalisent complètement l’acte de tuer. Bref, puisqu’il fait partie des rares films coréens que l’on présente ici qui soient diffusés en France. Si vous n’avez pas eu la chance de le découvrir au cinéma, vous pourrez l’acheter en DVD.
Article rédigé par Casado Hélène.