La semaine dernière, nous parlions de signes encourageants pour les relations inter-coréennes. Ce vendredi 27 avril, un sommet inter-coréen historique a eu lieu à Panmunjon. Lors de ce sommet, le président sud-coréen Moon Jae In a rencontré son homologue nord-coréen, Kim Jong Un ; une rencontre encore inimaginable il y a quelques mois seulement. À la suite de ce sommet, les deux dirigeants ont annoncé de grands changements dans la perspective d’une paix durable entre les deux Corée. Toutes ces nouvelles décisions se retrouvent dans la désormais « Déclaration de Panmunjom ».
Les promesses de la déclaration de Panmunjom
Lors du sommet inter-coréen, une déclaration a vu le jour : la déclaration de Panmunjom.
Cette dernière réunit toutes les décisions prises par les deux dirigeants coréens. Elle a été signée le jour même de la main de Moon Jae In et Kim Jong Un.
Les deux dirigeants signent mutuellement la déclaration de Panmunjom
Le document déclare notamment que « la Corée du Sud et la Corée du Nord confirment l’objectif commun d’obtenir, au moyen d’une dénucléarisation totale, une péninsule coréenne non nucléaire ».
La Corée du Nord officialise alors son envie d’arrêter ses essais nucléaires et tirs de missiles. Un revirement total de situation puisque, depuis son arrivée au pouvoir en 2011, Kim Jong Un avait intensifié les essais nucléaires et affirmait il y a encore quelques mois son envie de posséder une bombe nucléaire. Si les raisons de ce changement de position sont encore floues, Kim Jong Un certifie que c’est pour le bien du peuple nord-coréen qu’il entreprend cette démarche.
Lors du sommet, les deux dirigeants ont énormément échangé et n’ont cessé de montrer une certaine amitié l’un envers l’autre. Kim Jong Un s’est même dit ému lorsqu’il a franchi la frontière et a foulé le pas sur le sol sud-coréen. Il a aussi assuré qu’il serait prêt à tout mettre en œuvre pour que ce sommet ait de réels résultats.
Kim Jong Un franchit pour la première fois la frontière et passe en Corée du Sud
Moon Jae In et Kim Jong Un veulent donc mettre officiellement fin à la guerre et signer un traité de paix. Rappelons que depuis la guerre froide, les deux Corée sont toujours formellement en guerre.
Une rencontre à prendre avec des pincettes…
Si le sommet a abouti sur un réel espoir de paix entre les deux Corée et une dénucléarisation totale de la Corée du Nord, il faut cependant rester sur ses gardes. En effet, le dirigeant nord-coréen n’a pour le moment pas annoncé de dates précises concernant la fermeture des centrales nucléaires et l’arrêt de ses essais nucléaires. Il pourrait s’agir simplement d’une stratégie du dirigeant pour retarder les sanctions appliquées par les États-Unis qui pèsent actuellement sur son peuple.
Surtout, il ne faut pas oublier qu’un rapprochement comme celui-ci avait déjà eu lieu au début des années 2000 et que celui-ci n’avait finalement jamais abouti… Reste donc à voir si de vraies actions découleront de ce sommet.
Enfin, en Corée du Nord, il est difficile de connaître l’avis de la population puisque les médias nationaux ne l’ont pas encore annoncé aux habitants. Au Sud, les médias et la population se réjouissent mais restent prudents quant à la promesse de réconciliation.
Et le reste du monde, il en pense quoi ?
Difficile d’imaginer que les autres dirigeants demeurent indifférents au sommet et à la déclaration de Panmunjom.
L’ONU, les États-Unis et la Russie se sont évidemment réjouis des promesses faites par la Corée du Nord et du rapprochement inter-coréen. En revanche, pour la Chine, seule alliée de la Corée du Nord, c’est plus nuancé. D’un côté, l’ouverture de la Corée du Nord sur la scène internationale serait néfaste sur le plan économique et diplomatique de la Chine. Elle perdrait en effet son influence sur le pays et son leadership sur les échanges de marchandises. D’un autre côté, ce rapprochement l’arrange puisque depuis quelques mois, la Chine s’était retrouvée dans une position délicate lorsque les tensions entre la Corée du Nord et les États-Unis étaient montées à leurs paroxysmes.
D’autre part, avec ce sommet inter-coréen, la Corée du Sud prouve au reste du monde son importance en tant que messagère entre les États-Unis et la Corée du Nord. Moon Jae In a ainsi démontré à Donald Trump qu’il était lui aussi un homme de poids, surtout quand on sait que le président américain lui avait dit, quelques mois plus tôt, qu’il perdait son temps à tendre la main à la Corée du Nord.
Et la réunification, c’est pour quand ?
Lors du sommet, la question de la réunification a forcément été abordée. Cependant, cette dernière n’est pas du tout à l’ordre du jour. En effet, le sujet étant complexe, il serait difficile d’imaginer une réunification dans les années à venir.
Tout d’abord, la Corée du Sud ne se soumettrait jamais au régime nord-coréen (c’est quand même la 11e puissance mondiale) et les Sud-Coréens refuseraient de se plier à la dictature du nord de la péninsule. À l’inverse, il est aussi impossible de concevoir que Kim Jong Un délaisserait son régime autoritaire où il a le contrôle exclusif de l’État et du peuple nord-coréen.
Sur un plan économique, la réunification est également inenvisageable : l’écart entre les deux Corée est beaucoup trop prononcé. Cela reviendrait trop cher à la Corée du Sud de remettre à niveau tout un pays.
Le sommet inter-coréen de ce vendredi 27 avril 2018 risque de devenir un événement historique si la déclaration de Panmunjon est réellement appliquée dans les mois ou les années à venir. Il est prévu une rencontre entre le président américain et le dirigeant nord-coréen. Un nouveau sommet inter-coréen devrait également avoir lieu dans les mois à venir. Une rencontre pour les familles séparées devrait aussi être organisée.
Sources : Yonhap | 20min | Le Monde
Article de Sammin.