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Page 3: Réalisation, interprétation et conclusion
Parasite, un drame social
S’il y a une chose que nous pouvons lire au sujet de Parasite, c’est qu’il est considéré comme un thriller pour beaucoup de monde. Il est vrai que l’ambiance générale du film laisse à penser qu’il peut en effet rentrer dans les codes du genre. Mais à mon sens, cette composante thriller n’arrive que tard dans le film et considérer Parasite uniquement comme un thriller serait passer à côté du cœur du film. Parasite est un drame. Un drame social qui plus est. Décrire la société avec une grande finesse et une grande violence, c’est là le cœur de ce film et l’une de ses plus grandes forces. Bien sûr, Bong Joon Ho arrive à faire monter la pression tout au long du film et ce, de bien des façons. Mais il garde toujours en tête son objectif premier : dépeindre les relations sociales. Parfois même de façon extrême (mais jamais clichée), sans que cela desserve son propos. Car ce sont ces interactions que nous pourrions croire extrêmes qui sont pourtant vécues au quotidien par différentes strates de la société.
Je vais beaucoup utiliser les termes de strates, ou de classes sociales dans cet article Coup de cœur, car c’est le centre même du film. Un drame qui se concentre sur les relations entres différentes couches de la société. J’y reviendrai quand je traiterai plus tard de la réalisation. Le terme de « classes sociales » permet de nous expliquer les différents sens du mot Parasite ; du moins les sens qui lui donne Bong Joon Ho. Dans une première lecture, on pourrait penser que les parasites est cette famille qui s’installe petit à petit chez cette famille de riches. Mais la richesse de ce film, et c’est ce qui m’a frappé tout du long, c’est cette profondeur d’analyse et d’écriture. En poussant un peu plus loin l’analyse, on peut voir que le mot Parasite ne s’applique pas qu’à un seul côté du miroir. Plus on avance dans le film, plus nous nous rendons compte qu’il s’applique aussi aux riches, qui exploitent et vivent sur le dos des plus pauvres. C’est ce que cherche à montrer Bong Joon Ho dans ce film : ne pas se fier aux apparences, tous les détails comptent et la société est bien plus complexe que l’on voudrait le voir. Elle s’étale, strate par strate. Des strates que nous pourrions croire perméables mais que certains essayent de rendre le plus imperméables possible. Il y a un troisième sens à parasite dans le film, mais je vous invite à aller le voir avant de le chercher…
C’est cette démonstration de classes qui transforme Parasite en un drame social. Une histoire de lutte de classes. Des classes imperméables les unes aux autres. Car si Ki Woo arrive à se faire engager dans la famille, il reste toujours certains préconçus. D’ailleurs, si le film a une grande dimension sociale, Bong Joon Ho ne prend pas partie directement. Certes, il y a des personnages principaux, mais il cherche à montrer tous les points de vue. Montrer à quel point chaque personne peut avoir une mauvaise conception de l’autre : autant les riches qui ne voient que les plus pauvres comme des personnes à écarter ou pour les servir et surtout à quel point ils sont prêts à tout pour réussir, que l’inverse, c’est-à-dire une version des personnes aisées comme des exploiteurs, des personnes ayant forcément une vie facile et à qui tout sourit, qui n’ont jamais de problèmes. Et aussi comme des personnes simples et trop gentilles dans leur vie parce que rendus oisifs par l’argent. Parasite présente les classes sociales sous plusieurs couleurs, sous plusieurs formes. Sans jamais prendre partie. Bien sûr, il grossit le trait, mais c’est toujours pour servir le propos.
Diversité de classes, diversité d’environnement et de couleurs aussi. Sans trop parler de réalisation, le traitement des couleurs a une place importante dans le propos du film. Chaque classe semble avoir un type de couleur différent. L’entresol de la famille de Ki Woo est sombre, verdâtre et froid. La maison de la famille Park elle, est brillante, ouverte et aux couleurs chaleureuses. C’est un traitement très fin de l’image, mais qui donne de la profondeur au film. Je parlais de l’environnement et cette notion s’applique très bien à la notion de strate. Les plus aisés au niveau du sol, ouverts sur l’extérieur et à la lumière. Les plus pauvres sous le sol, dans le noir et dans les endroits insalubres. En mettant ainsi en scène les classes de façon très imagées, Bong Joon Ho pointe une certaine réalité tout en l’incluant à la narration de son film. Car on peut le voir : toute cette représentation sociale, tous ces préconçus jouent énormément sur le comportement de tous les personnages et sur le développement de l’histoire.
Bien plus qu’un thriller donc, Parasite est un vrai drame social, ou même un conte social sur l’opposition d’habitudes et de vies. C’est, selon moi, l’un des meilleurs traitement du sujet, entre subtilité et brutalité, mais toujours dans le soucis d’alimenter le propos du film avec des arguments visuels et scénaristiques. J’ai personnellement été très frappé par tout ce que pouvait raconter Bong Joon Ho en l’espace d’un film. Il ne nous donne pas qu’une histoire ou plusieurs histoires. Il dépeint la société et surtout il veut nous faire réfléchir. Il ne veut pas donner une opinion particulière, mais il veut qu’on réfléchisse sur les éléments qu’il nous donne. Et nous réfléchissons en sortant de la salle croyez-moi. Le film met tellement une claque à ce niveau-là, qu’il est impossible de ne pas réfléchir ou du moins de ne pas y penser après. C’est un grand point fort de Parasite et ce qui me pousse à faire ce Coup de cœur aujourd’hui. Une autre facette qui m’a fait adorer Parasite, c’est le traitement des relations familiales.