Vous êtes nouveaux sur cette page ? Vous vous sentez un peu perdus ? Mais qu’est-ce donc que ce Dating a Korean qui traîne sur ma page Facebook ? Pas de panique, pour reprendre l’histoire depuis le début, c’est par ici. Maintenant, place à l’épisode 20 !
Après ma mésaventure au poste de police, je considérai qu’il me fallait devenir une étudiante exemplaire pendant quelques semaines. Une histoire de karma. Ou pour remercier le destin, je ne savais pas trop. Je partageais donc consciencieusement mon temps entre les cours, mes activités extra scolaires et mes amis. L’hiver approchait doucement de la fin, mais les dernières semaines étaient les plus éprouvantes. J’avais froid. Tout le temps. Partout.
Et croyez-moi, j’en avais plus que ras-le-bol d’avoir froid.
D’autant qu’avec l’arrivée hésitante du printemps, la fin de l’année scolaire approchait également. Et cela signifiait le début des incertitudes. Qu’allions nous devenir ? Pourrions-nous trouver un moyen de revenir à Changchun l’année suivante ? Ou bien devrions-nous tenter de nous rendre dans un nouveau pays ? La France, peut-être… Ou la Corée. Je sais que je risque de m’attirer les foudres de mon lectorat, mais à ce moment-là de mon existence, je ne me voyais pas vraiment déménager en Corée. Je n’étais pas encore complètement sous le charme de cette culture et de son peuple (à l’exception de Nim, cela va sans le dire !). Je n’étais même pas encore accro à leur nourriture si délicieusement épicée ! Ah… L’innocence de la jeunesse… Mais je m’égare.
Nous étions encore à nous arracher les cheveux sur l’impossibilité de rester ensemble lorsque, sur un coup de tête, je proposais à Nim de passer l’été chez mes parents en région parisienne. C’était à la fois une façon de repousser notre séparation, et à la fois un moyen détourné de lui faire aimer la France. S’il tombait amoureux de Paris, alors nous pourrions y rester, n’est-ce pas ? C’est avec ces pensées en tête que je l’approchai, un matin d’avril, alors qu’il était en train d’éponger les flaques d’eau causées par la glace qui fondait peu à peu sur les fenêtres.
Oui. De la glace. À l’intérieur. Je ne sais pas si je l’ai déjà précisé, mais l’isolation dans nos vieux appartements chinois n’était pas forcément des plus efficaces.
– Hey Nim, je me disais un truc…
– Hmm ?
– Tu veux de l’aide peut-être ?
– Je ne sais pas, disons que je suis en train de passer la serpillère dans ton appart’, je ne vais quand même pas oser te demander de m’aider si ? Ça serait complètement injuste !
Il tenta de se composer une mine outrée mais le sourire qu’il n’arrivait pas à réprimer en gâchait quelque peu l’effet. Je le bousculai légèrement en riant.
– Ça va, Cendrillon, je t’ai rien demandé que je sache…
– Excuse-moi si je n’ai pas envie que ma petite amie vive dans un studio insalubre et inondé. À moins que tu souhaitais garder l’eau, pour quelque chose ? Il fait trop sec, peut-être ?
– Je me demandais si je pouvais transformer l’appart en patinoire, si la température chutait de nouveau !
– Arrête tes bêtises et viens m’aider, répliqua-t-il en me lançant une serpillière sèche.
– Au rapport, mon capitaine !
J’attrapai le torchon au vol et m’appliquai à essorer l’eau qui s’était accumulée sous les fenêtres. Le silence s’installa, confortable, naturel. Si agréable d’ailleurs, que j’eus presque du mal à le briser pour lui poser une question dont j’avais peur de connaître la réponse.
– À la fin de l’année… tu comptais faire quoi ?
Il s’arrêta soudainement de frotter et me dévisagea d’un air triste. Je me mis à bafouiller, instantanément.
– On n’est pas obligé d’en parler si…
– Non, m’interrompit-il. Il faudra bien qu’on en parle à un moment ou à un autre. Mais certainement pas les genoux dans l’eau. Viens, prenons un thé ou quelque chose.
Je délaissai mon ouvrage pour le rejoindre près du bureau qui faisait office de table. Quelques instants plus tard, une tasse fumante dans la main, je croisai son regard et il prit de nouveau la parole.
– Je ne sais pas ce que je comptais faire. Rentrer à la maison et reprendre mes études, c’était mon plan de base. Mais ça, c’était avant de te rencontrer.
Je sentis mes joues chauffer sous l’effet du sang qui y affluait.
– Et maintenant ?
– Je ne sais pas… J’aimerais bien trouver un moyen de rester avec toi. Mais je ne sais pas comment.
– Et si on allait en France ?
– En France ? Comment ?
– Cet été… Il y a de la place chez mes parents, et tu pourrais découvrir Paris pendant quelques semaines. Ça nous laisse un peu plus de temps pour réfléchir à l’année prochaine.
– Je… Je ne sais pas. Je n’y avais pas vraiment pensé… Et les billets d’avion ?
– Le mien est payé depuis la rentrée. Si on économise sur nos bourses, on devrait pouvoir prendre un aller-retour sur des low costs.
– Je… Je ne sais pas quoi dire.
– On réfléchira à la logistique plus tard. Mais si on avait les moyens, tu aimerais bien ? Tu n’es pas obligé de répondre tout de suite. Prends un peu de temps pour y réfléchir…
Il resta silencieux, ce qui ne m’offusqua pas. C’était plus qu’une proposition de vacances et il le savait bien. Cela voulait dire qu’il rencontrerait mes parents, et que cela nous faisait en quelque sorte sortir de la case « avenir incertain ». J’avais conseillé à Ana de ne pas se projeter trop loin, de ne pas faire de plans pour l’avenir sous peine de souffrir lorsque les choses évolueraient de façon inattendues. Et pourtant, c’était exactement ce que j’étais en train de faire. Ces vacances que je lui proposais n’en étaient pas vraiment. C’était surtout une façon de transformer les paroles que nous nous étions échangées en actions concrètes.
Et il le savait tout aussi bien que moi.
Le lendemain, après des heures passées à vérifier toutes les cinq minutes qu’il ne m’avait pas envoyé sa réponse par sms, je dus finalement me rendre à l’évidence qu’il attendait de me revoir pour m’annoncer sa décision. Je n’avais plus été aussi nerveuse depuis longtemps, et les minutes que je passai dans le hall du dortoir à attendre le bus s’écoulèrent aussi lentement que des heures. Enfin, lorsque le car s’arrêta devant les hautes portes vitrées, je dus me rendre à l’évidence. Il ne viendrait pas. Avait-il oublié d’allumer son réveil ? Était-il en train de m’éviter ?
Il n’y avait rien d’autre à faire pour le moment. La fac n’attendrait pas. Je me glissai dans le bus et ravalai ma mauvaise humeur.
Nim ne se montra pas de toute la matinée. Ana, en revanche, me sauta dessus dès mon arrivée. Son timing était tellement parfait que je la soupçonnais d’avoir attendu l’arrivée du bus au chaud derrière les portes de l’université.
– Ellie !
Ses yeux étaient rouges et je voyais qu’elle avait pleuré.
– Qu’est ce qu’il se passe? Les exams ? Sen ?
Elle hocha la tête en gémissant. Je me gardai bien de lui demander à quelle question elle venait de répondre. Ana avait beau être une élève modèle, je me doutais que les cours ne la mettraient pas dans cet état-là.
– Il part, fit-elle d’une voix monocorde. La semaine prochaine, c’est fini.
– La semaine prochaine ? Mais, il est encore beaucoup trop tôt, non ?
– Il doit passer des exams pour son diplôme.
– Au Japon ?
– Au Japon…
– Oh… Est-ce que ça va aller ?
Je ne savais pas vraiment quoi dire, et évidemment que non, cela n’allait pas, pas vraiment. Par peur d’ajouter à sa mauvaise humeur, je ravalai mes propres doutes et la pris doucement par les épaules pour la conduire en classe. Je voyais à travers elle les séparations que nous serions tous forcés de vivre quelques semaines plus tard, lorsque les cours prendraient officiellement fins. Nous nous étions créés une famille ici, des amis, des professeurs auxquels nous tenions parfois. Et tout allait disparaître comme ça ? C’était moche. Étudier à l’étranger avait été une expérience formidable, mais voir la fin approcher c’était moche.
J’allais également perdre Ana. Je m’étais si concentrée sur Nim que je ne m’en étais pas vraiment rendue compte. Bien sûr, nous ne perdrions pas contact tout de suite. Il y avait Facebook, et le téléphone. Mais qui pouvait dire si nous nous reverrions un jour ? Qui pouvait dire au bout de combien de temps elle ne serait plus une véritable amie, mais juste un contact passif sur Facebook ? Combien de temps avant que l’une d’entre nous ne décide de retirer l’autre de sa liste d’amis pour faire le ménage dans sa ligne de contact ? Ana, Kent, et tous les autres. Mes camarades de classe, mes professeurs, allaient bientôt disparaître complètement de ma vie.
C’était moche.
Au final, ce fut une Ellie plutôt maussade qui ouvrit la porte du studio cet après-midi là. Je n’avais pas cessé de ressasser ces phrases dans ma tête, jusqu’à en être presque venue à regretter d’avoir choisi d’étudier en Chine. Pourquoi faire tant de magnifiques rencontres, si c’était pour les perdre aussi vite ?
Je retirai mes chaussures et les jetai sans ménagement dans la direction approximative de l’armoire près de l’entrée. Mon sac suivit le même chemin et je traversai le couloir pour rejoindre la pièce qui me servait à la fois de chambre et de salon.
Nim était debout au milieu de la pièce.
Je m’arrêtai brusquement et le dévisageai avec curiosité. Il se contenta de me regarder, sans prononcer le moindre mot. C’est alors que je réalisai qu’il portait le maillot de foot de l’équipe de France. Mes yeux s’écarquillèrent sous la surprise, et je le vis sourire, fier de sa petite mise en scène.
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Puisque je suis partie en mode « titre Disney », je vais rester sur cette voie et je suis déjà en train de chercher des idées pour le prochain hahaha.
J’espère que cet épisode 20 vous a plu, n’hésitez pas à me donner votre avis en commentaire ou de partager cet épisode avec vos amis ❤❤
À bientôt pour la suite
Ellie