La forteresse Haemieupseong a été construite au cours de la période Joseon. Plus précisément, son édification a commencé au début du règne du roi Se Jong pour s’achever à celui du roi Seong Jong en 1491.
Bâtie à l’origine pour se protéger des pirates japonais, elle a rejoint la liste des plus beaux patrimoines culturels de la Corée. Elle accueille notamment divers événements, dont le championnat national de Ssireum, et en automne, un festival à son nom est donné en ses murs.
La forteresse Haemieupseong et ses mille fantômes
Bien que la forteresse Haemieupseong servît de lieu de travail pour l’amiral Yi Sun Shin, le sauveur de la nation, elle était aussi utilisée comme base militaire. C’était d’ailleurs le cas lors du règne du roi Tae Jong en 1414 et du roi Hyo Jong en 1651. Cependant, la forteresse Haemieupseong fut le lieu d’exécution de plus de mille catholiques entre 1866 et 1868.
Les Français en Corée
Tout débute lorsqu’en septembre 1831, le pape crée le vicariat apostolique de Corée. Il aimerait que ce territoire soit placé sous la responsabilité d’un évêque et deux pères, néanmoins ceux-ci sont rejoints par un nouveau vicaire apostolique lorsque le premier évêque décède. Cependant, leur mission s’annonce compliquée car ils doivent vivre en semi-clandestinité.
Yi Chi Yon, le ministre du Droit, ne les aide pas, puisqu’en mars 1839, il demande à éliminer les catholiques de Corée, pour ainsi espérer mettre fin à cette religion. Les trois croyants sont alors arrêtés en août, torturés, condamnés à mort, puis décapités le 2 septembre 1839. Cependant, ce n’est pas assez pour arrêter la religion de se faire connaître dans le pays.
Du changement à partir de 1844
Il y a néanmoins du changement pour les missionnaires catholiques car à partir d’octobre 1844, grâce au traité de Whampoa fait entre la Chine et la France, ils sont protégés. De plus, par l’édit de tolérance de février 1846, ils peuvent pratiquer leur religion sans avoir peur de subir toute sorte de violences.
Bien que sachant cela, lorsque des explications sont demandées à l’état coréen concernant les meurtres des trois missionnaires, le gouvernement répond qu’ils ont été condamnés selon les lois coréennes. La Corée reçoit alors juste un avertissement afin que cela se passe différemment la prochaine fois.
La Russie, la Corée et la France
Après ces événements, rien ne se passe, du moins, jusqu’en 1864, date à laquelle la Russie Impériale intensifie ses contacts avec les autorités provinciales. Elle souhaite demander l’ouverture de relations commerciales. Comme cela inquiète les catholiques de Corée, ceux-ci suggèrent à la cour, et plus précisément au Daewongun, le père du roi Go Jong, de faire avancer leur cause.
Les catholiques proposent alors une alliance entre la France et la Corée pour repousser les Russes. Néanmoins, après plusieurs autres facteurs, le Daewongun prend la décision de maîtriser les catholiques afin de renforcer la sécurité de la Corée, et aussi de purger la cour dont une partie est chrétienne pratiquante.
La forteresse Haemieupseong, un lieu d’exécution
Bien qu’en 1866, il y ait un traité avec la France pour mettre fin aux tyrannies des catholiques, demandé par le gouvernement, les adeptes de Donghak ne sont pas concernés, ce qui empêche alors les chrétiens de pratiquer leur religion.
Comme le gouverneur de Haemi a le pouvoir d’exécuter des personnes, nombreux d’entre eux sont obligés de se rendre à la forteresse Haemieupseong, où ils connurent la mort…
La forteresse Haemieupseong de nos jours
Dorénavant, et grâce à des projets de restauration, la forteresse Haemieupseong a été restaurée en tant que parc historique. Elle est toujours réputée pour être un site de martyrs catholiques à la fin de l’époque Joseon.
Par ailleurs, en entrant dans la forteresse, les visiteurs peuvent voir la prison dans laquelle les catholiques ont été enchaînés sous le gouvernement du Daewongun. Ils découvrent aussi un Hoya, un arbre gigantesque de 300 ans, qui était utilisé pour la torture.
Les catholiques étaient suspendus aux branches par les cheveux. Des traces de fils d’acier subsistent encore… Plus joyeux, les pierres qui ont servi à la construction de la forteresse sont situées à l’extérieur d’une porte. Elles sont devenues un lieu saint.
La forteresse Haemieupseong, un lieu de repos
Mais ce n’est pas tout !
La forteresse Haemieupseong dispose également d’un parc naturel, d’un salon de thé traditionnel, d’un magasin agricole local, et de diverses installations pour les jeux traditionnels comme :
- le tuho : le lancer de flèches
- le yutnori : le jeu de société traditionnel
- le jige : cadre en bois permettant de transporter de gros sacs de grain ou des fagots de bois de chauffage sur le dos.
Les visiteurs peuvent également observer d’anciennes armes comme des canons et des catapultes de la dynastie Joseon.
La forteresse Haemieupseong et le pape
Le Pape François se rend le 17 août 2014 au site sacré du martyr de Haemi pour se recueillir sur les tombes des martyrs. Il existe d’ailleurs un sentier de 1,2 kilomètre amenant à ce site depuis la forteresse. C’est le « Chemin de Croix ». De nombreux pèlerins l’empruntent.
La rébellion paysanne du Donghak
Pour information, ce rassemblement de la population était dirigé contre le gouvernement coréen, qui depuis 1876, s’est ouvert au commerce extérieur. En raison des produits importés dont les prix concurrençaient ceux des produits locaux, la Corée a dû augmenter les impôts afin de notamment diminuer ses dettes.
De plus, malgré les tensions du pays, le maire de Kobu, ville située dans la province Jeolla, a lui aussi augmenté les taxes afin de construire un réservoir pour irriguer les terres. Cela a engendré la colère des paysans qui se sont ensuite plaints auprès du chef de la ville, mais celui-ci les a ignorés à deux reprises. Par la suite, Kobu a été prise par les forces de l’ordre. Quelque temps après, il eut lieu la distribution des biens des plus riches aux pauvres.
Autres informations sur la forteresse Haemieupseong
- Adresse : 143 Nammun 2-ro, Haemi-myeon, Seosan-si, Chungcheongnam-do, Corée du Sud
- Téléphone : 82-40-660-2498
- Horaires : Ouvert toute l’année : de 06 h 00 à 19 h 00 en hiver, et de 05 h 00 à 21 h 00 en été
- Durée de la visite : 1 h 30
- Gratuité : L’entrée, l’accès au toilette et le prêt de poussette
- Non autorisé : Les animaux
Sources : French.korea.net | English.cha.go.kr | French.visitkorea | English.visitkorea | Whc.unesco.org | Mcst.go.kr | Koreanhistory | A History of Korea de Kyung Moon Hwang (2e édition)
Article de Morgane Perro.