La famille Lee, à la tête de Samsung, est au cœur de l’actualité depuis mi-avril en Corée du Sud. Alors que l’ancien président de Samsung Lee Kun Hee est décédé en octobre dernier, l’intérêt des médias sud-coréens se porte désormais sur les droits de succession de l’homme le plus riche de Corée ainsi que sur la reprise de sa société.
Des droits de succession inédits
À sa mort, Lee Kun Hee a laissé derrière lui une fortune estimée à 25 billions de won, comprenant entre autres des actifs, du capital, des biens immobiliers et des œuvres d’art. Fin avril, il a donc été décidé que, en vertu de la loi coréenne, sa famille devra payer des droits de succession s’élevant à 12 billions de won, une somme historique. À titre de comparaison, les droits de succession ont rapporté 10,6 billions de won au gouvernement sud-coréen entre 2017 et 2019, et les héritiers du fondateur d’Apple, Steve Jobs, ont payé 3,4 billions de dollars à sa mort en 2011. La famille Lee a déjà reversé 2 billions de won le 30 avril et devrait payer les 10 billions restants dans les cinq prochaines années.
Donations financières et artistiques
Face à ce fort taux d’imposition sur les droits de succession, la famille Lee a décidé de faire plusieurs donations, déductibles des impôts. Selon des proches, la famille Lee devrait en effet faire d’importantes donations dans le domaine de la santé et de la recherche. 700 milliards de won serviraient à ouvrir le premier hôpital coréen spécialisé dans les maladies contagieuses telles que la COVID-19 et à établir un centre de recherche de pointe, tandis que 300 milliards de won seraient dédiés à la lutte contre les maladies infantiles rares et à aider des enfants touchés par le cancer.
Mais la famille Lee a également décidé de faire don de 23 000 pièces de la collection d’œuvres d’art de Lee Kun Hee, estimée à 2 billions de won. Cette collection, qui sera donnée par l’intermédiaire de la Fondation Samsung pour la culture, comporte 21 600 œuvres antiques et 1 600 œuvres modernes, qui iront donc respectivement au Musée national de Corée et au Musée national d’art moderne et contemporain. Parmi toutes ces œuvres, on retrouve des peintures de Dali, Picasso et Monet, artistes jusqu’alors absents des musées coréens, et 60 trésors nationaux.
Le nouveau président de Samsung en prison ?
Le testament de l’ancien président de Samsung fait parler de lui ces derniers jours. En effet, Lee Kun Hee a décidé d’officiellement confier la société à son fils Lee Jae Yong, qui occupe déjà cette position de facto depuis 2012. Or, si ce choix évite de déstabiliser le fonctionnement de l’entreprise, il fait également débat : Lee Jae Yong est en prison depuis janvier 2021 pour une affaire de corruption liée à l’ancienne présidente Park Geun Hye et sa confidente Choi Soon Il. S’il est prévu qu’il sorte de prison en juillet 2022, de nombreux patrons sud-coréens réclament une grâce de la Maison Bleue et sa libération.
En effet, les patrons sud-coréens s’inquiètent du fait que le président de la plus importante entreprise nationale soit en prison, car son absence serait néfaste à l’économie sud-coréenne et empêcherait Samsung de participer à l’effort national contre la pandémie. Des pétitions ont donc été mises en place afin de faire libérer Lee Jae Yong et sont soutenues par les médias sud-coréens tels que The Korea Herald ou The Chosun Ilbo. Mais la Maison Bleue a refusé de considérer ces pétitions, déclarant qu’aucune libération n’était envisagée.
Ainsi, la question de l’héritage de Samsung illustre la place qu’occupe aujourd’hui cette entreprise dans la société sud-coréenne. De manière plus générale, elle révèle l’importance et l’influence qu’ont les conglomérats dans le monde de l’entreprise en Corée du Sud.
Sources : Yonhap News Agency (1)(2) | The Korea Herald (1)(2)(3) | The Chosun Ilbo (1)(2)