Ma mère était une femme dite traditionnelle selon l’enseignement confucéen : soumise, douce, silencieuse. Outre cela, comme la plupart des parents de la génération d’après la Guerre de Corée, elle s’est totalement sacrifiée pour l’avenir de ses enfants, négligeant parfois sa propre santé.
Jeunes Femmes Asiatiques en France de Kim Sun Mi , chapitre « Histoire d’une Vie »
À propos de l’auteure
Sun Mi Kim est une chercheuse et doctoresse sud-coréenne qui enseigne les Sciences de l’Éducation en France. Elle donne notamment des cours d’enseignement interculturel à l’université Sorbonne Paris 8.
Née en 1967 à Séoul, Kim Sun Mi grandit au sein d’une famille aux valeurs plutôt traditionnelles. Ses parents travaillant à la subsistance de la famille, elle est principalement éduquée par sa grand-mère paternelle dont elle garde l’image d’une femme « dure » et « impulsive ». En grandissant, Sun Mi Kim ne tient pas à rester en Corée et se dirige vers la France pour y poursuivre ses études.
Le 27 octobre 2000, elle soutient sa thèse Les femmes asiatiques et l’enseignement supérieur en France : rapport au savoir et positionnement social dans les sociétés asiatiques (Corée du Sud, Japon et Taïwan).
Résumé
Synthèse de la thèse qu’elle a achevée une décennie auparavant, Jeunes Femmes Asiatiques en France est un ouvrage scientifique qui expose les raisons personnelles, culturelles et sociales qui motivent les femmes coréennes, japonaises et taïwanaises à venir étudier en France.
Mon avis sur Jeunes Femmes Asiatiques en France
Composée de neuf chapitres, l’étude s’ouvre sur le témoignage de l’auteure qui présente, par l’expérience de sa vie, les grandes lignes qui fondent la culture coréenne : la piété filiale, l’Histoire récente coréenne et la place de la femme dans le néo-confucianisme.
Elle aborde ensuite les questions des valeurs familiales dans la société contemporaine, les phénomènes d’autorité liés à la domination masculine afin d’expliquer plus précisément les fonctionnements culturels en Asie de l’Est et les spécificités des pays influencés par le confucianisme. Avant d’exposer les résultats de sa recherche auprès des étudiantes asiatiques dans les années 1990, elle revient sur les principes d’acculturation et les différences culturelles entre Orient et Occident.
Comparant les motivations avant le départ à l’étranger et les bénéfices des études à l’étranger pour les femmes asiatiques, Sun Mi Kim établit un modèle tendant à expliquer les processus d’acculturation psychologique et les changements d’attitudes observés chez ses sujets.
De la quête d’identité à la réalisation de soi
L’ouvrage de Sun Mi Kim est, à bien des égards, passionnant. Replaçant les femmes asiatiques comme un sujet d’étude scientifique, la chercheuse participe à l’exploration du féminin asiatique dont les siècles de philosophie confucianisme ont limité la présence. En effet, les ouvrages féminins sont sources rares et les personnages féminins présentés sont généralement vecteurs de la pensée dominante de leurs époques. Une recherche par une femme asiatique sur les femmes asiatiques pourrait porter les biais qu’on lui suppose mais il semble qu’en assumant pleinement sa propre histoire et en lui dédiant une partie, Sun Mi Kim amoindrit ce biais.
Exposant les différentes raisons et les bénéfices des études en France pour les Coréennes, Japonaises et Taïwanaises qu’elle a suivies, la chercheuse révèle des variations tant culturelles que personnelles qui serviront aussi bien les étudiantes étrangères aujourd’hui que les deuxième ou troisième générations d’immigration. Car, cet ouvrage a aussi une part d’universalité dans son approche. J’y ai reconnu des caractéristiques propres à l’histoire migratoire de ma famille et à celles de mes proches.
J’y ai aussi découvert des outils pour comprendre ma propre culture française. Cet ouvrage, en aucun cas, n’est restrictif dans les sujets qu’il aborde. En ce sens c’est un livre que je vous conseille si vous aimez la lecture de recherche universitaire, avec cette aisance particulière que l’écriture de Sun Mi Kim est très simple et fluide. Loin des jargons trop soutenus, elle invite à explorer avec elle des compréhensions du vécu et des représentations des femmes asiatiques et des humaines en migration.
Où le trouver ?
Jeunes Femmes Asiatiques en France : Conflit de valeurs ou métissage culturel, de Kim Sun Mi, Ed. l’Harmattan, 2008, ISBN 978-2-296-05675-6
Sources : theses.fr | IdRef | L’Harmattan
Article rédigé par Casado Hélène.