Malgré un contexte historique changeant durant le XXe siècle, le théâtre est devenu une véritable institution en Corée du Sud. Après avoir vu les grandes lignes de son histoire (ici et ici), clôturons le sujet en nous intéressant à sa place dans la vie culturelle coréenne et son influence internationale.
Le théâtre soutenu par le gouvernement
Si on laisse de côté le théâtre purement traditionnel, trois genres théâtraux se dégagent dans les années 2000. En premier lieu, on trouve les théâtres comme le Seoul Performing Arts Center qui sont financés par l’État sud-coréen. Le Théâtre National de Corée est lui sous la tutelle directe du Ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. Leur répertoire se constitue de pièces classiques (dont Shakespeare et Tchekhov sont en tête) retravaillées en version coréenne.
Le théâtre populaire est sans doute celui le plus connu. Vrai divertissement pour les Coréens, on y interprète des comédies musicales ou des remakes coréens des succès de Broadway. Le Théâtre Charlotte (à cinq minutes du Lotte World Adventure) a été conçu pour accueillir principalement les comédies musicales. Enfin, les théâtres indépendants du quartier de Daehangno (dit aussi Daehakro) proposent quant à eux des pièces expérimentales.
Titanic d’Eric Schaeffer joué au théâtre Charlotte.
Source : Boneau/Bryan-Brown
Le gouvernement joue un rôle important dans le théâtre en Corée du Sud. Il fut décidé que la culture « serait la richesse du XXIe siècle. » Il soutient grandement le théâtre par son financement et la promotion afin d’investir dans le succès de cet art. Dans le cas des théâtres financés par l’État, il peut choisir les artistes qui vont participer aux spectacles.
Avec l’installation durable du COVID-19, le gouvernement a mis en place un système de coupons de réduction. Initialement prévu en août, il fut reporté à octobre avec la montée des contaminations. Ce système veut aider à relancer le secteur culturel, fortement impacté par les mesures anti-covid. Les établissements, comme les spectateurs, doivent respecter les consignes sanitaires. L’État veut trouver un équilibre entre les efforts pour contenir le virus et reprendre une vie quotidienne mise en suspens.
Certains théâtres ont également publié des vidéos de retransmissions des spectacles. Si le but initial était d’éviter le déplacement des Coréens et ainsi limiter la propagation du virus, les vidéos ont permis de toucher un public plus international.
Diffusion en direct d’un spectacle du théâtre de Suwon
Source : Yonhap
Le théâtre sud-coréen à l’international
La pandémie et les performances filmées ont mis en évidence une demande des spectateurs étrangers d’avoir accès à la culture coréenne et au théâtre. Qu’en est-il du rayonnement et de son influence ?
Par exemple, des théâtres de Séoul, dont celui de Jeongdong, proposent des spectacles sous-titrés en anglais pour aider le public étranger à comprendre la pièce de théâtre, s’il a du mal avec la langue coréenne.
Théâtre Jeongdong
Source : Office de tourisme coréen
Le dynamisme de la nouvelle génération des metteurs en scène s’intéresse aux tendances et mouvements dans le monde. Il n’est plus question de s’attarder sur la vocation du théâtre en Corée du Sud mais de trouver une pertinence en abordant des thèmes contemporains. Les échanges avec l’étranger se font souvent par le partenariat : des comédiens coréens sont appelés pour jouer dans d’autres pays, des metteurs en scène coréens participent à des projets produits hors de Corée du Sud ou encore les théâtres coréens font appel à des metteurs en scène étrangers pour leurs pièces. La Chine a également entamé un partenariat. Le Comité central chinois décide de promouvoir le monde culturel des spectacles, moins valorisé que le cinéma. Ce partenariat leur permet d’obtenir l’expérience des Coréens et leurs savoir-faire. Des festivals sont connus mondialement, attirant toujours plus de monde et de projets. On peut citer le Festival d’été des arts du spectacle de Miryang et le festival international de théâtre de Gochang.
Le succès à l’international passe aussi par les comédies musicales. Avec plus de deux cents productions chaque année, Séoul se classe 3e au rang mondial derrière New York (Broadway) et Londres (West End). Ce succès est parfois le résultat du casting. Il est fréquent que les artistes de K-Pop tentent l’aventure de la comédie musicale. La publicité se fait autour de leur présence et attire l’attention du public et de leurs fans. Les Japonais ont commencé à s’intéresser à la comédie musicale coréenne dans les années 2010, grâce à l’exportation des pièces sur le sol japonais. Le festival international de la comédie musicale de Daegu est un autre moyen d’échanges. Des productions étrangères sont présentées ainsi que des créations en cours de réalisation. L’objectif est de lui obtenir des soutiens (majoritairement financiers) pour finaliser le projet. Le genre de la comédie musicale coréenne est très connu en Chine et au Japon mais il est plus difficile d’atteindre les publics européen et américain.
Kim Jun Su (ancien membre de TVXQ!) jouant Mozart dans la comédie musicale du même nom. Affiche à l’occasion du 10e anniversaire.
Sources : Office de tourisme coréen | Yonhap | Koreana Printemps 2016 | Koreana Automne 2014 | KoreaTimes