Bonjour chers lecteurs, avant tout je tiens à vous souhaiter une bonne année ! Qu’elle soit remplie de bonnes choses et de Corée. Aujourd’hui, nous allons parler d’un sujet assez délicat. Nous avons tous été bouleversés par la perte de Jong Hyun le mois dernier (pour les deux qui dorment au fond, séance de rattrapage ici) et il m’a semblé intéressant de s’attarder un peu sur la maladie mentale en Corée. La maladie mentale, quelle qu’elle soit, n’est pas à prendre à la légère. Travaillant moi-même dans le milieu psychiatrique, je peux affirmer que beaucoup de préjugés circulent encore autour de ça. Et quels que soient les maux, ils méritent des soins. Mais aujourd’hui nous allons nous intéresser davantage au cas de la Corée, tristement célèbre pour son record de suicide…
La psychiatrie en Corée
Difficile de trouver des chiffres récents mais en 2011, on comptait 3 005 psychiatres en Corée et 75 000 lits en unité de psychiatrie. En 2010, la durée moyenne d’une hospitalisation en psychiatrie en Corée était de 166 jours. À titre de comparaison, en 2016 on dénombrait pas moins de 15 171 psychiatres en France et 36 jours d’hospitalisation en moyenne (les chiffres diffèrent cependant en fonction des pathologies). On trouve également en Corée l’Association de Neuro-psychiatrie Coréenne ainsi que 21 autres associations œuvrant pour la recherche dans le domaine de la psychiatrie.
L’équivalent de la Sécurité sociale en Corée prend en charge une majeure partie des soins. En effet, dès qu’une pathologie mentale est diagnostiquée chez un patient, celui-ci ne paiera que 10 % des frais en rapport avec ses soins. Comme chez nous, il existe des hôpitaux publics et des cliniques privées. D’après les chiffres, les cliniques reçoivent davantage de patients avec des pathologies liées à l’anxiété, à des troubles de l’humeur ou alimentaires. Quant aux hôpitaux publics, ils s’occupent généralement des pathologies plus lourdes comme la schizophrénie ou la bipolarité.
Ces dernières années, les chiffres démontrent la tendance à privilégier la pharmacothérapie (prise de traitement) à la psychothérapie (consultation), il s’agit là d’une grande préoccupation des professionnels. De plus, ces derniers exigent l’abrogation de la loi interdisant la prescription d’anti-dépresseurs pour une durée supérieure à 60 jours.
Des messages de soutien sont inscrits sur les rambardes du pont de Mapo pour dissuader les gens de sauter. (Il est écrit « Demain sera un jour meilleur, un jour ensolleillé« )
Des maladies stigmatisées
La Corée est tristement connue pour son taux élevé de suicide, on en compte pas moins de 40 par jour selon les statistiques gouvernementales. Le suicide est devenu la quatrième cause de décès en Corée. Des recherches ont démontré que le manque de prévention des traitements psychiatriques et de la toxicomanie sont étroitement liés à ces chiffres. En effet, en interrogeant des proches de défunts, il est apparu que les stigmatisations sociales dont font l’objet les personnes atteintes de pathologies mentales ou de toxicomanie les dissuadaient de se soigner.
Selon un rapport du ministère de la Santé et des Affaires sociales, environ 90 % des suicidés souffraient de maladies psychiatriques diagnostiquées. Et parmi ces 90 %, seulement 15 % d’entre elles avaient reçu des soins réguliers avant de passer à l’acte. De plus, toujours parmi elles, 25 % avaient consulté un psychiatre au moins une fois lors des 30 derniers jours de leur vie. En outre, 26 % avaient consulté un médecin généraliste ou médecin traditionnel pour des insomnies ou indigestions, qui peuvent être des manifestations somatiques dues à des troubles mentaux.
L’étude menée témoigne de l’histoire d’un homme d’une quarantaine d’années ayant consulté un médecin généraliste pour une perte d’appétit et de poids. Le médecin lui avait diagnostiqué une fatigue chronique et ne l’avait pas orienté vers un autre professionnel de la santé mentale. D’après les recherches effectuées après sa mort, l’homme souffrait de dépression.
Jeon Hong Jin, psychiatre au Centre Médical Samsung de Séoul, rapporte que 70 à 90 % des suicidés dans le monde présentent des troubles mentaux. Cependant, la particularité de la Corée est que les personnes évitent les soins par peur de la stigmatisation. En 2015, la National Evidence-based Healthcare Collaborating Agency rapportait que 5,6 % de la population coréenne, soit environ 2 millions de personnes, avaient souffert de dépression au moins une fois. Ce qui est préoccupant, c’est que seulement 290 000 personnes avaient consulté pour ces troubles et 150 000 recevaient un traitement régulier.
En 2016, selon l’OCDE, 28 % des Coréens ont déclaré qu’ils n’avaient aucun soutien social significatif ; personne sur laquelle se reposer en cas de crise. Ce taux était le plus élevé de l’OCDE.
La maladie mentale en Corée est encore très stigmatisée. Cependant, le tableau n’est pas tout noir. En effet, les médecins et chercheurs tendent à améliorer les traitements et à adapter la formation des psychiatres et médecins en général. Des campagnes de sensibilisation à la santé mentale et une réflexion commune autour de ce sujet sont toujours d’actualité et se développent.
Sources: Science Direct | Korean Herald | NY Times | Yonhap News
4 Comments
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J espère de tout coeur que ça changera vraiment et que les mentalités vont changer je l’espère car la dépression est une réelle malzdie et sans soutiens(famille amis psychiatre ou psychologue) c est très difficile de s’en sortir je parle en connaissance de cause.
J espère de tout coeur que ça changera vraiment et que les mentalités vont changer je l’espère car la dépression est une réelle malzdie et sans soutiens(famille amis psychiatre ou psychologue) c est très difficile de s’en sortir je parle en connaissance de cause.
Effectivement, la dépression est une vraie maladie et difficile de s’en sortir sans soutien. Malheureusement il n’y a pas qu’en Corée que les préjugés persistent, chez nous aussi. Mais espérons que ça change dans les années à venir, d’où l’importance d’en parler et de prévenir 🙂
Effectivement, la dépression est une vraie maladie et difficile de s’en sortir sans soutien. Malheureusement il n’y a pas qu’en Corée que les préjugés persistent, chez nous aussi. Mais espérons que ça change dans les années à venir, d’où l’importance d’en parler et de prévenir 🙂