En l’honneur du centième anniversaire du mouvement d’indépendance coréen, l’auteur Park Kun Woong a transcrit en manhwa l’incroyable histoire d’un couple d’indépendantistes durant la seconde guerre mondiale. Ce voyage extraordinaire que narre Le livre de Jessie vous en révélera beaucoup sur le gouvernement provisoire coréen des années 1930-40.
À propos de l’auteur
Park Kun Woong est né à Séoul en 1972. Après des études de Beaux-Arts et Arts Plastiques, il devient dessinateur de manhwa. Passionné par les sujets historiques récents et traumatiques, l’auteur écrit de nombreuses histoires dans un style expressionniste qui lui est tout particulier. C’est ce qui lui vaut la reconnaissance des éditeurs étrangers qui le voient comme un grand espoir de la bande dessinée coréenne. Il vit aujourd’hui à Bucheon où il se consacre à la création de manhwa.
Parmi les œuvres éditées en France on trouve :
– Traité comme un bête, La boîte à bulles, 2019
– Le livre de Jessie, Casterman, 2019
– Mémoires d’un frêne, Rue de l’échiquier, 2018
– Je suis Communiste, Cambourakis, 2014
– Massacre du pont de No Gu Rin, Coconino Press – Vertige Graphic 2007
– Fleur, Casterman, 2006
Résumé
1939, Shanghai, Woojo et Sunwha donnent naissance à la petite Jessie. Dans les tourmentes de la guerre sino-japonaise, l’enfant grandit au sein de la communauté coréenne en exil. De ville en ville, toujours plus à l’Ouest, elle et ses parents vont fuir l’avancée de l’armée japonaise.
Mon avis sur Le livre de Jessie
Le livre de Jessie repose sur un journal intime écrit à quatre mains par le couple d’indépendantistes coréens Yang Woojo et Choi Sunwha. Ceux-ci s’exilent à Shanghai, à la fin des années 30, pour rejoindre le gouvernement provisoire. C’est en Chine que naissent Jessie puis Jennie au milieu des tumultes de la guerre. Entre rêves patriotiques, bonheurs familiaux et survies, le récit révèle une histoire méconnue des coréens en exil.
C’est une oeuvre aussi éducative, dans ce qu’elle transmet de connaissances sur l’histoire des coréens exilés du gouvernement provisoire, qu’intime dans ce qu’elle raconte des sentiments personnels des auteurs. Alors que les horizons de la défaite et les désastres quotidiens de la guerre laissent la communauté coréenne glisser vers la mélancolie, la naissance de Jessie devient le rivage de bonheur sur lequel tient la famille.
Le roman graphique peint par Park Kun Woong retrace avec force le flot persévérant du mouvement de la fuite. Ses illustrations métaphoriques accompagnent une mise en case simple, où le texte original prend toute son importance. J’ai particulièrement adoré les illustrations pleines pages qui introduisent chacun des douze chapitres.
Le rythme de la mise en case jouant entre les scènes de paysage et les gros plans sur le quotidien de Jessie font du Livre de Jessie un manhwa haletant. Pour autant, à aucun moment, l’auteur ne dérive du texte original, qu’il interprète fidèlement tout en laissant l’expressivité des visuels révéler ce que le texte entend. Les documents d’archives qui clôturent le Livre de Jessie appuyent la volonté de Park Kun Woong de documenter par sa plume des faits historiques.
Conclusion
L’ouvrage, réalisé en huit mois, est une merveille historique, un témoignage précieux qui révèle l’ampleur des atrocités de la guerre sino-japonaise et l’adversité qui portait le cœur des exilés coréens. C’est un précieux manhwa qui s’ajoute à la longue liste des œuvres historiques de Park Kun Woong. Je ne saurais que trop vous conseiller de le lire avant de vous pencher sur le texte original du journal de Jessie.
Où le trouver ?
Le livre de Jessie, de Park Kun-Woong, Ed. Casterman, Trad. Kette Amoruso, Lettrage Jean-François Rey, ISBN : 9782203171701, 2019
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Source : Casterman
Article rédigé par Casado Hélène.