Le 16 février 2021 au matin, un Nord-Coréen a été repéré en train de rejoindre la Corée du Sud à la nage, avant d’être appréhendé par l’armée sud-coréenne. Cette défection n’est pas qu’un fait divers : elle met en lumière les failles de l’armée sud-coréenne en ce qui concerne la surveillance de ses frontières avec la Corée du Nord.
Entrée inaperçue du Nord-Coréen dans la DMZ
Selon les médias sud-coréens, l’homme aurait parcouru la mer de l’Est à la nage en pleine nuit. Il serait passé au niveau d’un observatoire sud-coréen, avant de traverser un conduit de drainage sous des barbelés du littoral. L’homme serait ensuite sorti de l’eau près de la ligne de démarcation militaire, avant que des soldats ne le détectent sur une caméra de surveillance. Après une chasse à l’homme de plusieurs heures, le Nord-Coréen aurait été arrêté par les soldats sud-coréens au nord de la zone démilitarisée (DMZ). Le Nord-Coréen aurait exprimé son désir de faire défection.
Le comité des chefs d’état-major interarmées (JCS) a refusé de révéler son identité et son origine, en se contentant de statuer qu’il s’agissait d’un civil travaillant dans l’industrie de la pêche. Face à ceux qui lui ont demandé pourquoi le Nord-Coréen ne s’était pas rendu aux autorités, le ministre de la Défense Suh Wook a déclaré à l’Assemblée Nationale que l’homme avait peur d’être renvoyé au Nord.

Une armée sud-coréenne peu réactive
Les médias sud-coréens ont rapidement critiqué le manque de réactivité de l’armée face à la situation.
En effet, le Nord-Coréen a été repéré cinq fois par des caméras de surveillance côtière en moins d’une demi-heure et leur système d’alarme s’est déclenché à deux reprises. Mais les soldats sud-coréens ne l’ont pas aperçu. Plus tard, des caméras de surveillance militaires ont également remarqué le Nord-Coréen à trois reprises, mais aucune alarme n’a sonné.
Un représentant du JCS a justifié cette erreur en expliquant que le service de garde n’avait pas détecté l’homme car l’un des soldats ajustait le système informatique tandis que l’autre était en communication téléphonique avec la base.
En outre, le conduit de drainage par lequel le Nord-Coréen est passé n’avait pas été vérifié, les militaires n’étant même pas au courant de son existence. Or en juillet dernier, les autorités avaient ordonné aux unités de la garde côtière de vérifier les barrières à l’intérieur des tunnels de drainage. L’unité qui garde la côte est donc soupçonnée d’avoir signalé à tort que tous les conduits avaient été vérifiés.
À la suite de la défaillance de la sécurité, le JCS s’est engagé à renforcer la discipline au sein des rangs et à améliorer le système de surveillance le long de la frontière.

Un cas de défection révélateur
Cette défaillance de l’armée n’est pas nouvelle : ces dernières années, l’armée sud-coréenne s’est retrouvée confrontée à de nombreuses critiques à propos de sa gestion de la sécurité dans la région. En effet, des déserteurs nord-coréens s’y sont précipités trois fois depuis 2012, en passant d’abord inaperçus.
En 2019 par exemple, un bateau transportant quatre Nord-Coréens avait accosté dans un port sud-coréen sans être détecté. En juillet dernier, un transfuge nord-coréen était retourné au Nord par un fossé de drainage. C’est à cette occasion que le JCS avait ordonné aux troupes de vérifier tous les tuyaux de drainage le long de la frontière.
Enfin, en novembre 2020, un ancien gymnaste nord-coréen avait été capturé après avoir traversé la frontière intercoréenne en sautant par-dessus des barbelés, sans que les alarmes ne s’activent. En constatant la présence d’une deuxième brèche dans la région, l’armée avait déjà promis de renforcer la sécurité aux frontières. Mais un officier supérieur de l’armée avait admis que celle-ci n’était pas en mesure de procéder à une inspection chaque fois qu’un événement suspect se produisait.

Lors d’une audition parlementaire mardi dernier, le ministre de la Défense Suh Wook a reconnu que le système de surveillance dans la région était « défectueux et obsolète ». Cela n’a donc pas apaisé l’opinion publique, ni les médias conservateurs comme The Chosun Ilbo qui s’est interrogé sur ce qu’il se serait passé si ces Nord-Coréens n’avaient pas été des civils mais des soldats en mission d’infiltration.
Sources : Yonhap News Agency | The Korea Herald | The Chosun Ilbo | Channel New Asia