Diffusé fin 2018 sur MBC, Children of Nobody aborde le sujet délicat de la maltraitance des enfants. Porté avec brio par Kim Sun A et Cha Hakyeon entre autres, Children of Nobody pointe du doigt ce fait de société avec réalisme.
Introduction
- Titre original : 붉은 달 푸른 해 (Red Moon Blue Sun)
- Titre alternatif : Children of Nobody
- Épisodes : 32 épisodes de 35 minutes
- Réalisateur : Choi Jung Kyu
- Scénariste : Do Hyun Jung
- Genres : Drame, Policier, Psychologique
- Diffusion : de novembre 2018 à janvier 2019
- Disponibilité : Viki
Synopsis
Cha Woo Kyung (Kim Sun A) travaille dans un centre pour enfants en tant que pédopsychiatre et Kang Ji Hun (Lee Yi Kyung) est un jeune policier qui croit fermement aux idéaux de justice. Tous deux se retrouvent en quête de vérité suite à un accident qui va bouleverser la vie de la psychologue. Rapidement, ils vont découvrir une vérité bien plus sordide que prévue mêlant divers cas de maltraitance d’enfants.
Casting
Bande-Annonce
Analyse de « Children of Nobody »
Avant de commencer cette review, il faut d’abord préciser que ce drama traite de sujets choquants et sensibles et peut ne pas convenir à toutes les audiences. En aucun cas Children of Nobody est une histoire qui se veut dérisoire ou qui prend à la légère ce sujet tragique. Bien au contraire, l’une des forces de la narration est qu’elle aborde le sujet de la maltraitance des enfants sous tous ses aspects sans en laisser dans l’ombre. Cette intention, louable, peut être la source de scènes et de propos choquants. C’est donc préparé et dans un état d’esprit éclairé qu’il faut aborder ce drama.
Une histoire en plusieurs teintes
Je le disais plus tôt, mais Children of Nobody ne laisse rien dans l’ombre. Sans être explicite, il ne va pas chercher à occulter certains détails pour paraître plus délicat dans son propos. Au contraire, on est plongé en plein dans les différentes facettes de la nature humaine. Une nature humaine mise face aux pires démons qui soient. Comme je le disais déjà en parlant de The Guardians, personne n’est jamais ni complètement gentil, ni complètement méchant. Parfois, il y a des circonstances qui font que nous sortons du personnage que nous sommes, et qui nous poussent à faire quelque chose que l’on aurait jugé immoral dans un premier temps.
Ne pas donner une posture définie à un personnage, ne pas uniquement jouer sur les sentiments basiques et sans complexité : ce sont des éléments qui aident à ce que le récit soit crédible et qu’il tienne en haleine jusqu’à la fin. Autant le dire, la joie n’est pas une des émotions que l’on voit souvent dans ce drama. Bien au contraire, on plonge dans les sentiments les plus bas. Au-delà de la vengeance, on va se poser de nombreuses questions sur ce qui semble juste ou non. On se pose la question de la punition : les actes les plus atroces méritent-ils une punition aussi atroce ? Peut-on administrer cette punition ou cette justice soit-même, en suivant nos propres émotions ? Bon nombre des personnages passent par ces questionnements, jugés gentils ou méchants, tous montreront une part un peu plus sombre, les amenant parfois à commettre des choses que l’on pourrait juger comme impardonnables.
La mise en scène joue énormément sur cette façon de voir les choses. Tout n’est pas filmé de la même façon. Comme tout le monde n’est pas filmé de la même façon. Encore une fois, on oppose pas une façon de filmer les gentils à une façon de filmer les méchants. On a plutôt une façon différente de filmer les adultes et les enfants. Je le disais plus tôt, le drama ne cherche pas à être forcément explicite dans ce qu’il montre. S’il se montre brutal, c’est plus dans la narration que dans la mise en scène. Les actions les plus violentes concernent plus le monde des adultes que celui des enfants. Et le tout sans jamais occulter le sujet de départ qui est celui de la maltraitance des enfants. Cette façon de filmer, sans maladresse je trouve, sert énormément le propos du drama.
Au-delà de ne pas être manichéen et cliché, Children of Nobody réussit à mélanger plusieurs styles sans jamais perdre le propos ou sans être trop lourd. Il mêle polar et thriller psychologique sans jamais laisser le spectateur en dehors de l’histoire et sans jamais le perdre. Même si il y a beaucoup d’informations à intégrer sur les différents protagonistes, on a toujours les explications suffisantes pour continuer à aimer le récit tout en gardant un certain suspens. Si l’enquête pour trouver le coupable derrière les différents crimes qui sont perpétrés est un des enjeux majeurs de l’histoire, toutes les autres intrigues méritent autant d’attention et sont traitées à part égale.
Children of Nobody est donc un drama équilibré, certes choquant et dur à visionner d’une seule traite, mais profondément passionnant. Il ne se veut pas juste un drama social décrivant des horreurs de la vie quotidienne. Il vient démontrer avec une certaine froideur ce que la vie peut être, en ne se prétendant pas être un symbole de justice. Il est clairement loin d’être simpliste, et loin d’être facile, mais il consiste en un certain renouveau dans le traitement de sujets aussi grave que celui-ci.
Une interprétation forte et prenante
Impossible de ne pas parler des personnages de ce drama. J’ai déjà commencé à l’aborder, mais personne n’a une posture définie dans l’histoire et chaque protagoniste maintient le mystère jusqu’au bout du drama. Même si le climat fait en sorte que l’on peut porter ses soupçons sur certaines personnes en particulier, les acteurs font en sorte de nous maintenir dans l’erreur tout au long du récit.
Chaque personnage principal du drama apporte son lot de complexité à l’histoire et l’interprétation très juste et parfois très froide participe grandement à l’anxiété que dégage Children of Nobody. Kim Sun A (The Man In The Mask) campe une pédopsychiatre, mère de famille au boulot stressant qui reçoit à longueur de journée des confessions difficiles de la part d’enfants et de parents. Mais son personnage est loin de s’arrêter là.
À elle seule, elle exprime la difficulté parfois de retenir ses actes face à quelque chose d’abjecte. Kim Sun A arrive parfaitement à jouer cette frontière entre ce que l’on pourrait considérer comme le bien et le mal. Et aussi entre la folie et le bien être mental. Très rapidement, à la suite d’un accident, Woo Kyung se met à avoir une vision régulière d’une petite fille. La question sur la folie se pose alors. Lorsque nous arriverons aux points négatifs, il y aura peut-être quelque chose à dire à ce propos, mais rien qui ne ternit son interprétation.
On peut dire la même chose pour le jeune policier que joue Lee Yi Kyung (School 2013, Welcome to Waikiki). Si c’est un jeune policier, très attaché aux idéaux de justice, à la protection des enfants, et au passé visiblement triste, il est aussi bien plus que ça. Tout comme l’histoire il a plusieurs facettes, plusieurs teintes qui viennent un peu déroger du policier terre à terre qui fera tout pour accomplir son objectif, ce qui est plutôt louable et qui évite certaines lourdeurs au récit.
Avant de conclure, je veux parler des deux derniers personnages principaux. Tout d’abord, la jeune policière incarnée par Nam Gyu Ri (ex leader de See Ya). On peut faire les mêmes commentaires que pour Lee Yi Kyung : tous les deux arrivent à nous faire passer l’image habituelle d’un policier dans une série pour favoriser le développement du personnage. Un point important par rapport à Nam Gyu Ri dont le personnage représente en quelques sortes le combat d’une femme dans une société très patriarcale et misogyne. On le voit notamment dans la lutte qu’elle mène avec son supérieur. Encore une fois, c’est un développement de personnage qui se fait petit à petit, sans non plus être trop dans le cliché.
Et une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un chanteur qui passe par la case acteur. Même si ce n’est pas le premier rôle de Hak Yeon (Cheer Up, Tomorrow Boy), il livre ici toute son expérience en tant qu’acteur. Son personnage est de loin l’un des plus intéressants et des mieux développés du drama. On a souvent des grosses déceptions quand des idols s’essaient au jeu d’acteur. C’est loin d’être le cas pour Hak Yeon.
Lee Eun Ho, cet agent de maintenance qui visiblement retient énormément de choses en lui et qui s’illumine en la présence d’enfants, est un personnage complexe et complet. Sans trop en dévoiler, le mélange de chaleur et de froideur que Hak Yeon arrive à véhiculer sont des éléments qui aident à maintenir le suspens jusqu’au bout. Le contraste entre la douceur de ses attitudes et de sa voix et ce qu’il peut dire est souvent saisissant et nous laisse dans l’ombre quant à ses véritables intentions. Hak Yeon arrive à nous dépeindre un personnage subtile, méticuleux et pour bien des raisons, mystérieux. Il nous confirme là, être un artiste complet, bien au-delà de ses talents pour le chant et la danse. À noter qu’il a aussi interprété une chanson pour l’OST du drama, je vous propose de l’écouter avant de passer à la conclusion de cette review.
Conclusion et points négatifs
Comme tout drama ou tout film, Children of Nobody n’est pas exempt de défauts. Certains tiennent au jeu des acteurs, certains sur la façon dont la narration est amenée et un particulièrement à la musique. Si parfois l’absence de musique semble voulue pour accentuer le côté dramatique de certaines scènes, je ne peux pas dire que l’OST soit le détail le plus marquant de ce drama. Les musiques soulignent bien l’action mais elles ne m’ont pas marqué plus que ça.
Je parlais plus tôt de Kim Sun A et de la part de folie qu’elle doit interpréter. Il est un peu dommage que cette partie ne soit cantonnée qu’à certains sentiments, ce qui laisse un petit goût d’inachevé dans l’interprétation de Sun A. Ça ne change en rien la très belle performance d’actrice, mais étant un pan important au développement du personnage, ça vient un peu amoindrir la qualité de l’histoire principale.
Enfin, je le disais, c’est un drama qui malgré le fait qu’il soit équilibré, donne beaucoup d’informations en peu de temps au spectateur. On est rarement perdus, mais on se retrouve parfois à revenir en arrière pour pouvoir mettre tel nom sur tel visage. Mais c’est l’un des seuls écueils de la narration.
Pour conclure, j’aimerai parler du jeu des enfants. Effectivement, plusieurs enfants vont se retrouver à être des personnages secondaires très importants. Et je voulais souligner la justesse du jeu des enfants dans ce drama, et la gravité avec laquelle ils interprètent leurs rôles. Comme je l’ai dit, Children of Nobody ne se veut pas explicite quand il s’agit des enfants et de la façon dont leurs rôles sont joués. Je trouve que c’est un très bon choix, le contraire aurait été plutôt insupportable à regarder. Cela participe grandement à l’équilibre général du drama et qui le rend moins oppressant à visionner.
C’est donc un drama que je vous recommande vivement, qui choisit de mettre en exergue un sujet difficile et qui le fait avec une grande justesse et réalisme. C’est pourquoi, malgré le fait qu’il soit bien réalisé, je préviens qu’il faut être bien préparé pour le voir, le côté psychologique de l’histoire ne laissant clairement pas indemne.
Sources : AsianWiki | HanCinéma | Soompi | MBC
Article rédigé par Dahlia.