My Annoying Brother, sorti en 2016, met ses personnages en face de la question du handicap et de l’acceptation de soi-même. Comment traiter le sujet sans se montrer trop cliché ou sans faire des personnages trop héroïques ? C’est aussi le défi que s’est lancé Kwon Soo Kyung. À voir si c’est un pari réussi !
Informations
- Titre original : 형 (Grand Frère)
- Réalisation : Kwon Soo Kyung
- Scénario : Yoo Young A
- Production : Choi Sun Hee, Lee Yong Nam & CJ Entertainment
- Genres : comédie, drame, famille
- Sortie : 24 novembre 2016
- Durée : 1h50
Synopsis
Après un accident lors d’un match de judo, Doo Young (Kyung Soo), athlète prometteur, perd la vue. Quelques années plus tard, alors qu’il vit seul dans la maison familiale, son demi-frère Doo Sik (Jung Seok) fait irruption dans sa vie à nouveau. Ce dernier, qui purgeait une peine de prison pour fraude, se sert du handicap de son frère pour obtenir une liberté conditionnelle.
Forcés d’habiter ensemble alors qu’ils se détestent, ils vont devoir tout de même apprendre à cohabiter pour aider Doo Young à s’accepter lui-même.
Casting
Bande-annonce
Analyse de My Annoying Brother
C’est encore une oeuvre qui traite d’un sujet de société que j’ai choisie pour cette review. La culture populaire a maintes fois abordé le sujet de la cécité. On a tous en tête l’image d’un certain super-héros aveugle aux sens exacerbés qui rend la justice dans les rues la nuit. C’est plus ou moins l’image qu’on a des aveugles quand on parle d’oeuvres cinématographiques. My Annoying Brother, lui, propose une autre vision de ce handicap. Sans le glorifier, sans exagérer et en traitant les véritables difficultés que rencontrent les aveugles au quotidien, et surtout dans l’acceptation de la personne que l’on est quand un de nos sens nous a été retiré. Le film nous propose aussi une belle vision de la famille et de son importance dans ce genre de situation. Le tout servi par un casting très juste dans la façon dont il interprète cette histoire. Je vous propose donc de plonger dans l’histoire de ces deux frères.
My Annoying Brother ou traiter le handicap de façon juste mais légère
Comme je le disais, traiter du handicap est toujours un sujet sensible. Il y a plusieurs manières d’aborder le sujet. Le genre de l’oeuvre en elle-même influence souvent le traitement du sujet. Il n’est pas rare de voir des comédies où le trait est grossi pour mettre en exergue les difficultés d’un handicap, pour les souligner en les tournant en ridicule. Un moyen comme un autre de passer outre ce handicap. Dans les drames, on traite le sujet de façon plus sérieuse et descriptive. Dans My Annoying Brother, c’est un peu différent. On se retrouve à la frontière des genres et donc entre deux façons de traiter le sujet.
Traiter le sujet de façon sérieuse tout en restant léger. Ou l’inverse. Montrer tous les aspects de la cécité, sans la tourner en dérision. C’est ce qu’a choisi My Annoying Brother. Certes on rigole des maladresses de Doo Young, quand il trébuche ou se rend un peu ridicule. Mais ça n’enlève pas tout le fond du problème. Les moments comiques, loin d’être moqueurs ou dédaigneux, sont des respirations bienvenues dans l’histoire que vit le jeune judoka.
Au-delà du handicap et de comment il est perçu par les autres, les instants plus sérieux du film se concentrent sur l’acceptation de soi, que ce soit de son handicap ou de sa maladie. D’autant plus que Doo Young est une ancienne figure publique du judo coréen. Comment donc accepter sa cécité ? Comment aller de l’avant et surtout accepter qu’on le perçoive tel qu’il est ? Tout au long de l’histoire, il est amené à se poser ces questions-là, avec le fil rouge de sa reprise ou non du judo dans une équipe paralympique. Doo Young ne veut pas qu’on le voie ainsi, surtout parce qu’il n’accepte pas lui-même d’être aveugle. C’est là que le rôle de Doo Sik sera important. Même s’ils se détestent, il a une partie importante à jouer dans les problèmes de son demi-frère.
C’est donc avec finesse et humour que My Annoying Brother arrive à nous sensibiliser aux problèmes liés au handicap et à la maladie. Et ça fait du bien de voir qu’on peut créer un tel scénario sans jamais se montrer lourd ou caricatural. C’est d’ailleurs ce qui pêche quand on aborde le sujet des relations familiales.
Les clichés des relations fraternelles sous un nouveau jour ?
Autant répondre à notre question sans traîner. Ce n’est pas un film qui révolutionne la façon de voir les relations dans une fratrie. Il n’en a pas la prétention non plus. On a l’histoire classique de deux frères qui se détestent et qui vont devoir passer cet obstacle pour pouvoir se soutenir. Et sans spoiler, la transition se fait plutôt brutalement pour permettre à la seconde partie du film d’arriver. Mais c’est le côté comédie qui veut ça. C’est cette relation chaotique qui va apporter tous les ressorts comiques du film : entre l’adaptation de l’un à l’autre et le développement de leur relation, on passe par un ascenseur émotionnel et comique. Si c’est un peu tiré par les cheveux de temps en temps, on se laisse aller et on se détend devant les interactions entre Doo Young et Doo Sik. Et puis, après le thème du handicap, c’est vraiment cette relation qui vient faire le scénario.
Alors, certes il y a des clichés, certes parfois c’est un peu lourd, mais il ne faut pas oublier que c’est avant tout une comédie et que le but est d’amuser. Et c’est un pari réussi, sans être révolutionnaire. On arrive à passer un bon moment, amusant, tout en réfléchissant sur des sujets importants. Ceci étant dit, attendez-vous à passer par des émotions fortes devant My Annoying Brother, un film bien loin de se limiter à un seul genre. On pourra noter aussi le caractère grossier de bon nombre des répliques entre les deux frères.
Interprétation des personnages
Un des avantages d’un casting si peu fourni, c’est qu’il permet aux actrices et aux acteurs de pleinement interpréter leurs personnages et pour le spectateur de se concentrer pleinement sur ces interprétations.
Tout d’abord, je vais à nouveau parler d’un chanteur qui endosse le rôle d’un acteur, les deux mondes n’étant pas totalement hermétiques, loin de là. Et encore une fois, j’ai été surpris par la force de l’interprétation. D.O (Unforgettable) joue non seulement très bien, mais on sent qu’il est vraiment dédié au personnage qu’il interprète, notamment quand on remarque les transformations physiques qu’il a dû faire pour le rôle. En effet, il a dû prendre un peu de poids pour rentrer dans la peau du sportif qui s’est laissé aller.
Puis il y a la façon dont il joue la cécité. C’est extrêmement difficile de jouer quelqu’un d’aveugle quand nous-mêmes, on est voyant. C’est difficile de ne pas exagérer. Kyung Soo, lui, n’exagère pas et même si ses péripéties servent de ressorts comiques, on a là l’image parfaite d’une personne qui ne s’est jamais habituée à son handicap et qui a même refusé de le faire. On a donc des réactions brutes, sans vraiment de filtres, mais jamais lourdes. Tout comme les émotions qu’il véhicule, elles sont souvent fortes et très justes. Il nous montre donc l’image d’un bon acteur que l’on a hâte de voir dans d’autres rôles le plus rapidement possible. Doo Sik, qui est joué par Jung Seok (The Nokdu Flower), lui, est un personnage très cliché : celui du bad boy qui a fait de la prison et qui se fiche de tout, que ce soit de sa famille ou des autres. Il est le vrai ressort comique du film. Souvent dans l’exagération, il ne manque pas de nous faire rire à plusieurs reprises. Mais il est loin de se limiter à ça. Jung Seok sait montrer toutes les facettes de son personnage et le faire passer de hooligan sans sensibilité à un personnage avec beaucoup de profondeur. Tout comme Kyung Soo, il prouve toute la force de son jeu d’acteur en passant au-delà des conventions établies pour le personnage qu’il interprète et c’est ce qui évite au film de tomber dans d’innombrables lourdeurs.
Park Shin Hye (Memories of the Alhambra) arrive elle aussi à contrebalancer l’aspect comique du film en venant soutenir Doo Young et en aidant le héros à accepter son handicap. Elle joue, elle aussi, très bien et très finement, même si elle est loin des clichés des personnages de support, montrant une personnalité forte et déterminée face aux démons du judoka.
Le casting, certes réduit, porte très bien le scénario et nous aide à ressentir toutes les émotions que l’histoire véhicule.
Points négatifs et conclusion
Honnêtement, j’ai eu du mal à trouver beaucoup de points négatifs à My Annoying Brother. Il est typiquement le film que j’étais venu regarder. Il offre un parfait équilibre entre tragique et comique. Cependant, la césure entre les deux est parfois un peu trop forte, les moments tragiques arrivant pour accélérer le scénario. On n’a donc aucun comic relief un peu lourd, mais du coup quelques incohérences dans le fil de l’histoire peuvent apparaître ; tout comme le rôle du grand frère un peu grande bouche et bad boy pourra en énerver certains, tant ses réparties sont parfois trop clichées et lourdes. Encore une fois, tout dépend de l’état d’esprit dans lequel on regarde le film. La bande originale, elle aussi, n’est pas forcément notable à part la chanson de fin qui vient réchauffer nos coeurs à coup sûr. Chanson d’ailleurs interprétée par D.O et Jung Seok.
Je finirai donc par dire que c’est un film que je recommande vivement. Autant pour son côté comique que pour son côté plus sérieux quand la question du handicap et de l’acceptation est abordée. On se laisse facilement porter par l’histoire et le jeu des acteurs et on n’en ressort définitivement pas insensibles. Je vous laisse aussi écouter la magnifique reprise de Don’t Worry, My Dear de Lee Juck par les deux acteurs principaux et je vous dis à bientôt pour une autre review.
Sources : Hancinema | AsianWiki | YouTube Stone Music Entertainment | YouTube CJ Entertainment
Article rédigé par Dahlia.
One Comment
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Bon, je me demande vraiment ce que j’attends encore pour regarder ce film… XD Je dois absolument trouver le temps pour le voir !