Alors que je m’égarais dans l’immensité de la ville de Busan, j’arrivais dans le quartier U2Dong. Les grattes-ciels crevaient l’air brumeux de ce mois de septembre 2017. Au loin, le vent faisait danser un drapeau bleuté. M’approchant, je découvrais le Musée d’Art de Busan (부산 시립미술관 3층).
L’exposition Vision & Perspective 1999 – 2017 (최선아 젊은 시간 새로운 시선) s’est tenue au musée d’Art de Busan du 28 juillet au 12 octobre 2017. Elle présentait les œuvres réalisées durant dix-huit ans dans le cadre du programme « Vision & Perspective » dont la finalité est de soutenir la jeune création coréenne. Voici quelques-uns des artistes coups de cœur dont je tenais à vous partager la découverte !
김현철 Kim Hyeon Jeol
Né en 1969, Kim Hyeon Jeol a développé un art abstrait-figuratif. Il utilise les techniques coréennes de peinture sur papier pour réaliser des œuvres en noir et blanc dans lesquelles on peut entrapercevoir espaces et personnages. Coordination of Life (삶의 조율) est une série d’œuvres réalisées entre 2000 et 2010. L’artiste a cherché à faire ressentir le quotidien des habitants par des espaces abstraits et mouvants.
source : Musée d’Art de Busan
최선아 Choe Seon Ha
Les trois panneaux picturaux de Choe Seon Ha (최선아) capturent par leur minimalisme abstrait et l’intensité des bleus qui les composent. Les formes géométriques s’entremêlent en un parcours coloré et détaillé. Les visiteurs qui plongent dans pareille mers de couleurs ne sauraient ignorer cet échos aux flots de Busan qui influença sans doute le travail de l’artiste.
송성진 Song Sung Jin
Né en 1974, Song Sung Jin est un artiste sud-coréen qui vit et travaille à Busan. Son art cherche, à travers les arts interactifs, la vidéo, les installations et la photographie, à explorer la manière dont les paysages urbains mutent et l’impact que cela occasionne sur les citoyens.
Représentant la colline de Gamcheon, l’œuvre de Song Sung Jin révèle un paysage mouvant sous la lumière noire. En quelques minutes, la peinture s’anime des couleurs de l’aube jusqu’à atteindre les bleutés d’un bel après-midi. Le crépuscule achève de plonger le spectateur dans une contemplation douce et profonde dont on ne s’extirpe qu’en sortant de la salle immersive qui accueille l’œuvre.
정문식 Jeong Moon Shik
L’œuvre A Picture of a City in the Water (물속에 빠진 도시를 ) révèle un paysage urbain noyé dans les tons bleutés d’une mer trouble. Poétique, elle se décline en plusieurs panneaux imposants. Mais ce sont les traits subtiles et détaillés du pinceau qui entraînent réellement le spectateur dans un sentiment d’apesanteur. Reste cette sensation de ville désolée emportée sous les flots.
Sources : Youtube | Musée d’Art de Busan |
연진히 Yeon Jin Hee
Le réalisme qui se dégage des peintures de Yeon Jin Hee (연진히) est accentué tant par son coup de pinceau que par ses sujets représentés à échelle 1. Les scènes intimistes qu’il/elle dépeint suivent un cadre photographique aux tons doucement mornes. Une sorte de mélancolie désabusée saisit le spectateur qui n’échappe dès lors plus au regard neutre de l’œuvre qu’il observe.
박윤희 Park Youn Hui
L’œuvre imposante de Park Youn Hui (박윤희) révèle un décor urbain suggéré par des aplats de lignes et de cadres rectilignes. Le paysage frontal induit un sentiment de vertige auquel on souhaiterait échapper en levant la tête vers les cieux. Illustrant un nouvel aspect de la ville de Busan, Park Youn Hui raconte la modernité imposante et répétitive des architectures récentes.
서평주 Seo Pyeong Ju
C’est sur un tout autre registre que joue Seo Pyeong Ju (서평주). Mêlant des nouvelles politiques à des cadres photo, il détourne l’usage des photos de famille pour proposer un mur à l’humour décalé. Son art jouant sur le décalage, la rencontre fortuite d’images et la dérision amènent aussi un regard plus critique. Ses œuvres se moquent ouvertement des politiciens et des intrigues géopolitiques qui transpirent des journaux.
박성란 Park Seong Ran
Le travail au fusain de Park Seong Ran immerge les spectateurs dans une double version d’un même tableau. Les lignes torturées dessinent un paysage en nuances de gris qui transportent dans des sentiments tantôt apaisés tantôt tourmentés. La version négative apporte un nouveau regard sur le tableau. Par ce jeu, Park Seong Ran questionne notre rapport dualiste au monde et le fait avec brio.
이은영 Lee Un Yeong
Pour le Musée d’Art de Busan, Lee Un Yeong a réalisé d’immenses dessins suspendus en l’air. Il y figure des créatures anthropomorphes mêlant animal, formes humaines et mains. Les têtes sont remplacées par des mains. À la place des yeux, des index s’entre-désignent faisant vagabonder le regard des visiteurs d’un panneau flottant à l’autre. Étrange et déroutante, cette œuvre est saisissante tant par sa qualité technique que par son interaction discrète. Le jeu qui s’opère entre le visiteur et les tableaux ne conduit que le premier à être impressionner par les seconds.
김한나 Kim Anna
Kim Anna est une artiste sud-coréenne dont le travail gravite autour de l’enfance. Son travail se décline entre l’illustration, la sculpture, la peinture et les installations. Les figures d’une fillette et d’un lapin sont omniprésentes dans ses œuvres. De salles en salles, de format en format, elle explore des imaginaires riches et imagés qui plongeront les spectateurs dans leurs propres méandres enfantins.
김세희 Kim Sae Hui
Les photos-collages sur verre de Kim Sae Hui (김세희) se basent sur un jeu d’images complexe dans lequel les informations se rencontrent, se superposent et prennent un nouveau sens.
Source : BMA
Article rédigé par Casado Hélène.