« Est-ce moi ou tous les coréens ont le même nom de famille ? » C’est le moment d’avouer cher.e.s Owlers. Vous êtes-vous déjà posé cette question en constatant les différents noms que peuvent avoir les célébrités et/ou les personnages de fictions alors que les prénoms sont tellement variés ? Voyons ensemble comment se forme un nom coréen et comment il a évolué dans le temps.
Caractéristiques du nom coréen
Pour plus de commodité, je vais parler ici de « nom » et de « prénom. » Mais sachez bien que le nom coréen forme un tout avec les trois syllabes du modèle chinois. La première est appelée 성 (seong) et les deux autres sont 이름 (ireum). Il est possible de trouver les deux premières syllabes pour former le nom et la dernière pour le prénom, mais cela est très rare. Par exemple, Nam gung, Hwang Bo sont des noms à deux syllabes.
Les personnes habilitées à appeler un coréen par son prénom sont les parents, les aînés pour la sphère familiale. En dehors, c’est toute personne au-dessus hiérarchiquement qui peut se le permettre. Et dans le cas inverse ? Il est irrespectueux de n’utiliser que le prénom. C’est alors qu’entre en jeu les honorifiques : eonni, hyung, ahjussi et compagnie.
Dans la société coréenne, le nom est le bien le plus précieux, car il représente l’histoire du clan. Évitez donc les plaisanteries à ce sujet. Lors de la colonisation, les japonais voulurent forcer les coréens à abandonner leurs noms pour privilégier des noms aux sonorités japonaises. Les résidents coréens au Japon ont également été pris à parti : les Japonais prononcèrent sciemment les noms coréens « à la japonaise. » Ce qui est vu comme une offense.
Basé sur la philosophie confucéenne, l’individu existe en fonction de sa famille. Son devoir est de préserver l’histoire de ses ancêtres et de ne pas entacher l’honneur de sa famille. Pour cette raison, la femme coréenne va garder son nom de jeune fille après le mariage. Les enfants vont porter le nom du père. Issue de la même fratrie, la deuxième syllabe sera la même : elle est dite générationnelle. La dernière syllabe est « libre » mais le choix se portera sur une sonorité plaisante et une signification propice à l’enfant. Auparavant, il n’était nommé qu’à partir de 100 jours après sa naissance à cause de la mortalité infantile. De manière traditionnelle, le père ou le grand-père est en charge du prénom. Il est possible d’aller consulter des chamans ou des devins pour trouver le meilleur prénom possible.
D’un point de vue statistique, on recense environ 20% de Kim, 15% de Lee, 10% de Park, suivi par les noms Jeong et Choi. La moitié de la population coréenne possède un de ces cinq noms. Il existe deux raisons à cela. Seuls les membres royaux et les aristocrates possédaient un nom. Ce n’est que bien plus tard que le peuple a pu y avoir accès. Mais ils choisirent de prendre les noms déjà utilisés par les classes dirigeantes. De plus, comme l’explique Minido dans cet article, l’unification du royaume du Silla a été un déclencheur, le roi s’étant marié avec l’ensemble des tribus. Les registres généalogiques, jokbo, sont d’autant plus précieux s’ils peuvent prouver une descendance royale.
Une dernière chose à savoir : une partie du nom coréen est absente. Cette syllabe correspond au clan, 본관 (bon-gwan). En exemple, le clan le plus représenté est celui des Gimhae Kim. Le clan a une grande importance. Il correspond à une indication géographique (une ville ou un village) ainsi que l’origine d’un ancêtre commun. Il existe plus de quatre mille clans ! Si le nom de famille a moins d’incidence, pour le mariage notamment, les autorités vérifiaient l’appartenance au clan car il est considéré que des individus d’un même clan possèdent le même sang par le biais d’une loi, jugée inconstitutionnelle en 1997.
Un modèle en déclin face à la modernité et l’Occident
Pour connaître le sens des noms coréens, il faut connaître dans un premier temps le sens des caractères sino-coréens. Un même prénom va avoir un sens différent s’il passe du hanja (caractères chinois pour écrire la langue coréenne) au hangeul. Néanmoins, certains prénoms sont basés sur l’alphabet coréen, car l’apprentissage des caractères chinois est de moins en moins fréquent.
En 2004, on dénombrait environ 250 noms différents en Corée du Sud. Ce chiffre augmenta significativement en 2016. On passe à plus de 5 582 ! Les naturalisations y sont pour beaucoup : les noms ont été transcrits en hangeul. Pourtant, les noms Kim, Lee et Park sont toujours aussi nombreux. Concernant les enfants, il est possible maintenant qu’ils puissent combiner le nom de leur père et de leur mère, mais aucune loi n’a encore légiféré sur le sujet.
Vous avez peut-être constaté en lisant des articles de presse, ou en écoutant les médias français, que l’ordre venait à changer. On se trouve face à une jolie différence culturelle. En Occident, on a l’habitude de nommer les personnes en commençant par le prénom. Ce qui parfois donne des situations quelques embarrassantes : des journalistes qui se trompent de syllabe pour le nom, des athlètes portant leurs prénoms sur le maillot contrairement à leurs coéquipiers, etc.
Si vous avez déjà évité d’appeler un coréen par son nom en croyant que c’était son prénom, il vous faudra aussi faire attention sur un second point. On se permet plus de familiarité en Occident et en peu de temps. Comme dit plus haut, il est mal vu de s’adresser à une personne coréenne seulement par son prénom, même en étant très proches ! Cela est réservé aux couples, frères et sœurs, parfois aux très bons amis. Si c’est ce que vous souhaitez, demandez l’autorisation. C’est toujours plus agréable que de forcer la main.
Lorsque l’on s’intéresse à la Corée du Sud, on voit pas mal de personnes chercher à avoir un nom coréen. Comme vous avez pu le constater, le choix du nom n’est pas dû au hasard et les générateurs de nom coréen ne sont pas les mieux placés pour vous aider. Votre propre prénom, transcrit en hangeul, pourra très bien faire l’affaire.
Sources : Quelque chose de Corée du Sud | Culture coréenne n°1 et n°97 | Encyclopédie de la culture folklorique coréenne