« Que celui qui lutte avec des monstres veille à ce que cela ne le transforme pas en monstre. Si tu regardes longtemps au fond de l’abîme, l’abîme aussi regarde au fond de toi. »
Citation de Nietzsche tirée de Par delà le bien et le mal, qui apparaît en ouverture du long métrage : « I saw the Devil ».
- Titre : I saw the Devil
- Titre français : J’ai rencontré le Diable
- Titre original : 악마를 보았다
- Genre : Action, film noir, suspense
- Durée : 141 minutes
- Dates de sortie :
- Corée du sud : 12/08/2010
- France : 06/07/2011
- Réalisateur : Kim Jee Won (Illang : The wolf brigade, A bittersweet life, The tale of two sisters, etc)
- Scénariste : Park Hoon Jung
- Disponibilité : Le film étant sorti en France, vous n’aurez pas de mal à vous procurer le DVD
- Casting :


Mon avis sur « I saw the Devil »
I saw the Devil est un film que j’ai vu pour la première fois il y a bien longtemps maintenant. Je ne sais pas s’il est encore utile que je le précise, mais j’apprécie le cinéma d’horreur et, même si officiellement I saw the Devil n’est pas classé dans ce genre, son scénario fait froid dans le dos et il pourrait s’y apparenter. Je me souvenais d’un film que j’avais apprécié et qui m’avait marquée, alors en cherchant un sujet pour ma prochaine review, je me suis dit : « Pourquoi ne pas le visionner à nouveau, pour écrire à son sujet ? », et je n’ai pas été déçue. Avant de commencer, je tiens tout de même à préciser que ce n’est pas un long métrage à mettre dans toutes les mains. Il aborde des thèmes difficiles comme la violence, la mort, le viol. Il est dur dans ses images, alors si vous êtes sensibles je vous le déconseille. Il est violent, il choque, mais jamais gratuitement. C’est toujours suffisamment dosé pour interpeller et marquer le spectateur.
Réalisé par Kim Jee Won (Illang : The wolf brigade, A bittersweet life, The tale of two sisters, etc) et scénarisé par Park Hoon Jung, je pense pouvoir dire qu’I saw the Devil est maintenant un monument du cinéma sud-coréen moderne. Qui n’en a jamais entendu parler, même en ayant bien trop peur de le visionner ? Et je suis prête à parier que toutes les personnes qui l’ont visionné en garde un souvenir particulier. Il a eu de bons résultats au box-office coréen puisqu’il s’est hissé à la première place pendant les premières semaines de son exploitation en salles et il a rapporté pas moins de 12 837 147 dollars américains à l’international, alors qu’il était interdit aux moins de 18 ans en Corée du Sud et aux moins de 16 ans en France.
« I saw the Devil » en quelques lignes
I saw the Devil est l’histoire d’une confrontation sordide. Jang Gyeong Cheol est un dangereux tueur en série, doublé d’un prédateur sexuel, qui prend plaisir à voir les autres souffrir. Ses victimes ? Principalement des jeunes femmes et des enfants. La police sud-coréenne le traque en vain jusqu’au jour où il jette son dévolu sur la fille d’un ancien agent de police maintenant à la retraite. Cette dernière est retrouvée sauvagement assassinée dans sa voiture. Son fiancé, Kim Soo Hyeon, qui est agent secret, se lance alors dans une chasse à l’homme avec pour mot d’ordre : la vengeance. Il se fait la promesse de venger la mort de sa petite amie, même s’il doit lui-même devenir un monstre.
Un film poignant
Pour ceux qui ont l’estomac un peu plus accroché et qui n’ont pas encore décidé de fermer cette page, I saw the Devil est parfois choquant, mais poignant. Le scénario cru reflète la psychologie torturée du personnage principal Kim Soo Hyeon (Lee Byung Hun). Si certaines scènes violentes m’ont poussées à détourner le regard, j’ai eu un coup de cœur pour ce long métrage. Le protagoniste principal du film s’enfonce peu à peu dans la vengeance et presque la folie. Il ne jure que par cela et commet des actes horribles au nom de cette vendetta. Si, au début du film et au vu de ce qui lui arrive, j’avais envie d’être de son côté, de le voir réussir à faire le deuil de sa petite amie et peut-être de cesser de traquer son meurtrier, il m’a cependant été difficile de cautionner certains de ses actes. I saw the Devil soulève des questions. Faut-il combattre le mal par le mal ? Est-ce sain de se faire justice soi-même dans la violence ? Pourtant, tout au long du film Soo Hyeon m’a touchée. La souffrance qu’il ressent face à la mort de sa fiancée et son impuissance ne m’ont pas laissée insensible.
Une fin magistrale
Le film a su me faire réagir en bien et surtout en mal, il a su éveiller des questionnements et surtout il a su me faire ressentir de l’empathie pour son protagoniste principal. Ce film ne pouvait, selon moi, pas se terminer autrement.
Autre détail dont j’aimerai parler : la musique. Elle est peu présente dans I saw the Devil. Toutes les émotions se transmettent à travers l’image, le jeu des acteurs, la mise en scène et je crois que cela m’a aidée à me plonger davantage dans le long métrage. Aucune musique qui pourrait être placée au mauvais moment ou moins en accord avec la scène n’est venue me déconcentrer. Quand il n’y a quasiment que le bruit ambiant comme trame sonore, je trouve que cela ancre d’autant plus le film dans le réel.
Dernier point que j’ai apprécié : l’absence de censure. Je suis toujours assez agacée par cette habitude de flouter les couteaux, le sang, les cigarettes, à partir du moment qu’un film ou un drama est diffusé à la télévision. Je regarde essentiellement de l’horreur ou des thrillers, c’est donc assez frustrant quand cela arrive, car ce sont des éléments que nous retrouvons constamment dans ces genres cinématographiques. Bien que je comprenne que ce soit une question de culture, je trouve cela dommage de vouloir faire de l’horreur et de ne pas aller jusqu’au bout. Ce qui n’arrive pas avec I saw the devil.
Je tiens également à souligner le jeu des acteurs qui est d’une justesse appréciable pour chacun des personnages. J’ai décidé de ne pas dédier un paragraphe entier à ce sujet, car j’avais d’autres points plus originaux à aborder, cela dit quand nous nous attardons plus longuement sur les noms à l’affiche ce n’est pas si surprenant.
« I saw the Devil », lenteur et incohérences ?
Le principal défaut de I saw the Devil est, pour moi, sa lenteur même si cet aspect participe aussi à planter le décor, la psychologie des personnages, leur évolution… Je pourrais comprendre que certains spectateurs aient du mal à accrocher. Il y a parfois des longueurs, des scènes qui s’étendent pour appuyer la confrontation entre Soo Hyeon et Gyeong Cheol.
Les plus pointilleux pourront également s’attarder sur le scénario. Pourquoi Soo Hyeon s’évertue à tuer, alors qu’il aurait, à plusieurs reprises, pu arrêter Gyeong Cheol et ce massacre par la même occasion ? Bien que ses actes puissent être discutables, je trouve que cela ne fait qu’esquisser un peu plus la psychologie de Soo Hyeon. Après le meurtre de sa petite amie, il n’est plus lui-même. Il a besoin d’extérioriser et de faire souffrir celui qui l’a arrachée à lui. Évidemment, ses actes sont condamnables et souvent loin d’être moraux. Toutefois, son acharnement n’est pas choquant quand on prend conscience du désarroi complet du personnage. De plus, cela reste de la fiction et Soo Hyeon n’est pas pour autant dépeint comme un être mauvais, alors selon moi l’empathie fonctionne malgré tout.
Enfin, je trouve que ce long métrage manque de contexte concernant les personnages et, en même temps, je trouve que c’est une bonne idée venant du réalisateur. Je m’explique. J’aime toujours avoir beaucoup de détails concernant les personnages dans les films pour mieux comprendre leurs enjeux, leurs actions, etc. Toutefois, dans un I saw the Devil, ce manque de fond peut s’expliquer de plusieurs façons. Le film est déjà long, il dure près de 2h20, alors ajouter encore plus de détails aurait pu casser le rythme du film qui présente déjà quelques lenteurs. De plus, Kim Jee Won a peut-être volontairement laissé du flou autour de ses personnages pour que le spectateur puisse se projeter et vivre d’autant plus le film. Alors oui, j’aurais aimé davantage de contexte, mais je peux nuancer cet avis.
Conclusion
J’ai décidé d’écrire un coup de cœur plutôt qu’une review, car I saw the Devil m’a réellement pris aux tripes. Son protagoniste principal, son histoire, sa noirceur : tout m’a marquée dans ce long métrage. Si vous appréciez l’horreur et que vous n’êtes pas facilement impressionnable, je vous conseille vivement de le visionner autant pour son histoire, sa mise en scène que son casting. Malgré les défauts relevés dans cet article, I saw the Devil reste un de mes films sud-coréens préférés, et de loin.
Sources : YouTube | HanCinema | Movie Naver
Article rédigé par Alina.