Cette semaine, les hiboux Twjaebum, dearmsfarat et Laulilau vous proposent de revenir en détail sur le dernier opus de DPR Live, Is Anybody Out There.
Après une tournée mondiale (dont un passage à Paris) réussie, DPR LIVE livre enfin un nouvel album : Is Anybody Out There? Une plongée dans l’univers du collectif DPR mais surtout l’histoire du retour de DPR LIVE, des obstacles qu’il a dû affronter pour poursuivre son art. Il s’est relevé plus fort et livre ainsi son histoire. Il s’aventure vers des nouveaux horizons, de nouvelles mélodies, de nouvelles façons de poser sa voix et développe ainsi un univers aux textes en demi-teintes mais aux mélodies trompeuses.
Pour célébrer la sortie d’un projet aussi conséquent, les trois hiboux de la rubrique K-Hip hop vous décryptent les onze morceaux ainsi que les deux clips vidéo et le documentaire qui accompagnent la sortie de ce nouveau projet.
Page 1 : Introduction et présentation des titres
Page 2 : Le documentaire et notre avis sur le projet
Présentation des titres
1- HERE GOES NOTHING
Cette chanson est l’introduction dans le nouvel univers de DPR LIVE. Elle est celle qui donne le ton, et elle sonne comme un test. DPR LIVE sonde son interlocuteur pour savoir si ce dernier serait prêt à le suivre, même s’il fuit, même s’il tombe. Même s’il semble d’adresser à quelqu’un, cet appel peut également être compris comme une demande à l’auditeur : est-il prêt à le suivre dans cette nouvelle aventure ? C’est d’ailleurs une chanson qui démarre très lentement, comme pour que l’auditeur s’installe avant de plonger dans l’univers de l’album lorsque la mélodie s’accélère. Le rappeur se met ensuite à répéter « Geronimo », ce qui permet d’introduire le titre suivant.
Laulilau
2 – GERONIMO!
« Geronimo » est le mot que les personnes scandent avant de sauter en parachute. Dans ce morceau, le rappeur crie à l’aide pendant qu’il est en train de tomber. « Mayday » est également un mot utilisé pour appeler à l’aide. Il a donc atteint un point de chute dans sa vie, et le crash à la fin de la chanson est assez équivoque. Cependant, ce n’est que la deuxième piste de l’album, donc il est facile de se dire que cet accident va être un nouveau départ. Que ce soit dans sa vie personnelle ou dans sa carrière, il est clair que le succès a dû forcer DPR LIVE à changer certaines choses dans sa vie.
La mélodie est très rapide, tout comme le débit du rappeur, ce qui en plus d’évoquer la chute et l’urgence souligne la hâte de faire du changement.
Laulilau
3- TO WHOEVER
DPR LIVE entame ce morceau par « Wake Up » qui signifie « Réveille-toi » et il se demande s’il est en train de rêver avant que la narration commence. Il l’introduit comme si quelqu’un trouvait cet enregistrement et commence par regretter son enfance à Guam, sa ville natale, avant d’enchaîner sur le fait qu’il détestait l’école. Tout cet interlude est un mélange entre narration et refrains chantés. Il confie son manque de repères aux États-Unis, le cancer de son père et la question qui le taraudait : où est-ce que nous allons quand nous mourons ? Malgré toutes les belles choses qui sont arrivées dans sa vie depuis, il se pose encore ces questions.
Laulilau
4- OUT OF CONTROL
Dans ce titre, bien plus énergique que les premiers, DPR LIVE emmène l’auditeur dans le tourbillon d’activités qu’a été sa vie dernièrement. Il reconnaît n’avoir aucun contrôle sur sa vie et sur la direction qu’elle a prise. Il est submergé par tout ce qu’il y a à faire, il ne comprend pas ce qui lui arrive : alors qu’il adore être sur scène, rencontrer son public, entendre la foule en demander encore, il se sent seul quand il la quitte. Il fait la fête avec ses amis en se demandant tout de même comment il a pu perdre le contrôle à ce point.
Laulilau
5- DISCONNECT
À écouter comme un intermède au morceau suivant ou plutôt au chapitre suivant, Disconnect donne un second souffle à l’album et surprend les fans avec une production plus ensoleillée. DPR LIVE quitte la terre et nous emmène dans son périple : l’aventure commence. L’heure n’est donc plus aux questionnements mais à l’action. Il est temps d’affronter ses démons. On se déconnecte donc du passé et on affronte le futur et les péripéties qui l’accompagnent.
Fan ultime de guitare électrique et de basse, Disconnect est un délice pour mes oreilles. Quel dommage qu’il ne soit qu’un intermède. L’engouement que ce titre procure est une parfaite transition à S.O.S.
dearmsfarat
6- S.O.S
Non, DPR LIVE n’appelle pas à l’aide. S.O.S signifie Sailing Over Saturn, soit « en route vers Saturne ». En route vers une nouvelle planète avec pour seule détermination de trouver un meilleur ailleurs. Cette invitation à s’éloigner de la négativité est brillamment exprimée. On s’identifie à ce besoin de quitter notre quotidien et ses péripéties interminables. Au fil du titre, le voyage subit de jolies turbulences. Les palpitations au ventre, on se laisse entraîner et on laisse DPR LIVE en charge des manettes : « Do You See It ? Well I Do », soit « Le Vois-Tu ? Eh bien, je le vois ».
dearmsfarat
7- OH GIRL
OH GIRL introduit une nouvelle phase de cette aventure : l’ajout d’un nouveau passager. Probablement un de mes titres préférés de l’album, OH GIRL rappelle le talent de DPR LIVE à parler à la gent féminine. Cependant, c’est davantage son habileté à jouer avec le beat qui ressort : ces moments de pause où il s’agit de mettre en valeur le poids de ses mots. Très funky, la production rappelle les productions de Pharell Williams ou Kid Cudi avec cet aspect très hors de ce monde. Son questionnement sur le mystère féminin est toujours aussi intéressant à écouter et à lire. À savoir s’il en sortira entier. Le périple se complique…
dearmsfarat
8- KISS ME
Cette piste reste dans la continuité des précédents titres de l’album, c’est-à-dire dans une ambiance plutôt douce, et pour cause ! Kiss Me parle vraisemblablement d’amour toujours en gardant cette métaphore et ce lien avec les planètes et l’espace. C’est pourquoi c’est sans surprise que le clip vidéo soit dans la continuité de celui de Legacy (que vous découvrirez plus bas).
Sur une instrumentale aux influences de jazz, il fait l’apologie des baisers de sa chère et tendre. Sans utiliser de manière abusive la technique de gros plans, l’équipe de réalisation a su mettre en valeur les lèvres de Da Bin avec des néons… Une manière peut-être d’introduire la deuxième partie du clip vidéo qui concerne la chanson Neon ?
Twjaebum
9- NEON
La transition entre Kiss Me et Neon est digne d’un Grammy… Si vous fermez les yeux, vous pourrez presque croire que c’est la même chanson et pourtant elles ont toutes les deux des mélodies totalement différentes. Leurs points communs sont nombreux et résident tout d’abord dans le fait qu’elles partagent le même clip vidéo mais aussi le même sujet.
C’est dans une ambiance un peu pop/dance que DPR LIVE se livre avec joie sur l’amour qu’a pu lui faire ressentir sa relation avec sa mystérieuse demoiselle. Les sentiments qu’il a ressentis ont été tellement forts qu’ils lui ont fait perdre la tête comme la musique ou les néons pourraient le faire… Vous me suivez ? Encore une fois on remarque que le clip vidéo suit parfaitement la thématique et l’instrumentale de la musique puisque l’on retrouve l’univers de l’espace et de la galaxie ainsi que des effets spéciaux ressemblant très fortement à des néons…
Twjaebum
10- LEGACY
Legacy, c’est la chanson qui introduit l’album le 3 mars dernier lors de la sortie de son clip vidéo. Une fois de plus, DPR LIVE nous prouve qu’il est bien plus qu’un rappeur : c’est un artiste à part entière. Outre le fait que la chanson soit énormément travaillée du fait qu’il y ait plusieurs mélodies dans une seule instrumentale ce qui donne un remarquable effet décousu, on remarquera aussi les similitudes avec le clip vidéo et la chanson de Color Drive sortis 9 mois plus tôt…
On sent une réelle alchimie et connexion entre le clip vidéo, le morceau et les paroles, chaque plan est méticuleusement étudié et associé à une partie de la musique. DPR LIVE, aussi bien dans le clip que dans les paroles, explique qu’il est dans son monde (d’où le fait que le clip se passe en majorité dans l’espace) et que contrairement à certains rappeurs superficiels, son combat a du sens et il nous partage son histoire, sa « legacy ».
Twjaebum
11- NO RESCUE NEEDED
On arrive enfin à la fin de ce périple. Telle la fin d’un film où on voit les crédits, No Rescue Needed est un peu la morale de cette histoire. Avec ce titre, LIVE conclut cette aventure avec une épiphanie : et si l’objectif de ce voyage n’était pas d’être sauvé mais plutôt de se sentir à nouveau vivant ? De se libérer de ses chaînes et de ne plus avoir peur d’être blessé ? Aussi vaste notre galaxie soit-elle, il est sans doute plus courageux d’explorer ses émotions troubles plutôt que tenter de les fuir. Sans aucun regret, LIVE quitte ce périple en paix et avec ce beau message :
« To whoever get’s this message, Please smile for me »
(À celui qui entendra ce message, souriez pour moi)
Le message est bien reçu…
dearmsfarat