Alors que le taux de natalité ne cesse de chuter en Corée du Sud depuis ces dernières années et n’est pas remonté depuis plus de sept ans, les naissances non déclarées et les infanticides, eux, se multiplient.
Des milliers de bébés fantômes non déclarés sud-coréens
Près de deux mille bébés sont inconnus des registres du gouvernement coréen depuis 2015. Une enquête à l’échelle nationale a débuté, il y a un mois, pour les retrouver, à l’initiative de l’Agence nationale de police coréenne (KNPA) après l’arrestation d’une femme qui a assassiné ses deux nouveau-nés.
Tout a commencé le mois dernier à la suite d’une terrible affaire d’infanticide qui a ébranlé le pays tout entier. Une femme a été arrêtée pour avoir étranglé deux de ses bébés en 2018 et en 2019 après son retour de la maternité. Elle les a secrètement conservés tout ce temps, dans le réfrigérateur de son appartement, situé à Suwon, au sud de Séoul. Pour expliquer son geste, la femme, déjà mère de trois enfants, a évoqué des difficultés financières.
C’est la Commission de contrôle et d’inspection (BAI) qui avait tiré la sonnette d’alarme sur des anomalies concernant des déclarations de naissance. C’est ce qui a permis aux autorités de remonter jusqu’à la mère. Depuis d’autres cas de maltraitance apparaissent. Selon la commission, plus d’un millier de nouveau-nés n’ont pas été déclarés entre 2015 et 2022, tout en ayant un dossier médical de naissance. Tout cela, malgré le système de contrôle interne coréen appliqué par le ministère de la Santé.
Mardi 4 juillet, le Bureau national d’enquêtes (NOI) a rapporté enquêter sur quatre cents cas de naissances non déclarées. Sur ce nombre de « bébés fantômes », trois cent cinquante-trois n’ont toujours pas été retrouvés et quinze sont décédés. Pour huit de ces derniers, des enquêtes criminelles ont été ouvertes pour soupçons de maltraitance. Les cinq autres bébés décédés ne présentaient aucun signe de violence et leurs dossiers ont été bouclés.
En Corée du Sud, il existe un système de « boîte à bébés », où les mères en difficulté peuvent déposer et confier leurs enfants de manière anonyme pour qu’ils soient pris en charge. La police de Séoul cherche aussi, grâce à cette enquête générale, à retrouver la trace de vingt-quatre enfants qui auraient été abandonnés pour vérifier leur état de santé.

Maltraitance, infanticides… les cas de violence sur des nouveau-nés continuent de s’accumuler
Depuis le début du mois, d’autres affaires sordides se sont ajoutées à la première tragédie de juin, comme un effet boule de neige.
Dimanche 2 juillet, un couple a été arrêté pour avoir tué leur bébé par asphyxie. Ils l’ont ensuite enterré dans une montagne près de chez eux, sur l’île de Geoje, au sud du pays. Selon un rapport de la police locale, le couple aurait menti en disant que l’enfant, mort en septembre 2022, était déjà décédé et qu’ils ont décidé de l’enterrer ensuite en montagne. Pourtant, ils ont admis, par la suite, avoir maltraité l’enfant et que le père a provoqué la mort du nourrisson par strangulation. Ils seraient ensuite allés près d’un ruisseau pour y laisser le corps. Le même jour, une autre arrestation, à Suwon, cette fois-ci celle d’une mère, qui aurait laissé mourir de faim son nouveau-né pendant trois jours, en avril 2019. Le corps de l’enfant n’a pas pu être retrouvé…
Deux jours plus tard, le 4 juillet, une mère a été inculpée par la police de Busan pour s’être débarrassée du corps de son nouveau-né en février 2018, sur une colline près de son domicile.
En réaction à cette série noire, les politiques ont réfléchi à un encadrement plus vigilant des naissances et des « bébés fantômes ». L’Assemblée nationale a adopté le 30 juin un projet de loi demandant aux hôpitaux de déclarer eux-mêmes les naissances à l’état civil, dans les quatorze jours suivant un accouchement. Cette réactualisation de la loi sur l’enregistrement des relations familiales entrera en vigueur dans un an.
Sources : Yonhap (1).(2).(3).(4).(5) | KoreaTimes (1).(2)
Source image : Fé Ngô