Dans le cadre d’une réforme de l’éducation, le gouvernement sud-coréen cherche à diminuer la dépendance aux hagwon, instituts d’enseignement privé aux prix souvent injustifiés et vecteurs de pression sur les étudiants.
Les hagwon, la dépense principale des foyers coréens
L’éducation représente la plus grosse dépense des foyers coréens. Les Sud-Coréens dépensent en effet davantage dans l’éducation que dans l’alimentation ou le logement, comme le montre une étude menée par Statistics Korea en 2023. Selon l’institut, les 20 % de foyers aux revenus les plus élevés en Corée du Sud investissent en moyenne 1,14 millions de wons (environ 800 euros) chaque mois pour leurs enfants d’entre 13 et 18 ans. Cela correspond à 17,5 % de leurs revenus mensuels. En revanche, leurs dépenses dans l’alimentation et le logement ne dépassent pas 636 000 et 539 000 wons (450 et 380 euros) respectivement. La même dynamique s’observe au sein des foyers pauvres, qui estiment ne pas avoir le choix.
La dépendance des foyers coréens aux hagwon s’explique par la forte compétition qui a lieu lors du suneung (l’examen d’entrée à l’université). Les hagwon sont par exemple le seul endroit où les étudiants peuvent se préparer aux « killer questions », des questions hors-programme auxquelles il n’est pas possible de répondre en se limitant aux cours enseignés dans les établissements publics. Selon les matières concernées, les hagwon peuvent faire payer entre 250 000 et 500 000 wons (175 et 350 euros) des examens blancs pour s’entraîner à y répondre.
La réponse du gouvernement sud-coréen
Fin juin, le ministère de l’Education a annoncé sa volonté de mettre fin aux pratiques « injustes » des hagwon, afin de protéger l’éducation publique et de soulager le budget des ménages coréens. En effet, la classe politique sud-coréenne estime que le coût de la vie et de l’éducation sont des facteurs qui participent au faible taux de natalité en Corée du Sud.
En outre, un rapport rendu ce 6 juillet fait part de l’importance de la corruption dans le secteur de l’éducation privée : un instructeur de hagwon a par exemple vendu à des élèves des livrets comportant des questions qui allaient figurer au prochain examen, sur lesquels il avait mis la main en donnant de l’argent à un professeur du public qui en avait rédigé. Dans plusieurs hagwon, les scores aux examens des anciens étudiants ont été trafiqués pour en attirer davantage… De nombreux exemples qui reflètent la pression qu’a le suneung sur les étudiants et le poids économique du secteur. La justice va se charger des cas les plus graves tandis que les autres doivent se conformer au plus vite.
Enfin, le ministère de l’Education a décidé de retirer les « killer questions » des prochains examens. Dès l’année prochaine, le suneung se limitera au programme officiel, enseigné dans les établissements publics. Si la décision a évidemment été critiquée par les hagwon, elle l’a aussi été par des parents d’élèves, qui se demandent comment préparer au mieux leurs enfants à cet examen qui déterminera leur avenir.
Cela suffira-t-il à réduire la dépendance aux hagwon ?
Rien n’est moins sûr. Si le gouvernement sud-coréen compte renforcer l’attractivité de l’enseignement public pour que tous les étudiants aient les mêmes opportunités, il y a peu de chances que ces réformes persuadent les parents de ne plus les envoyer dans des hagwon. Même si les épreuves du suneung deviennent moins difficiles, l’importance de l’examen restera la même, et la compétitivité qui en découle également.
Sources : The Korea Times | The Korea Herald | Korea JoongAng Daily
Source image : PBS