La reine Seondok 선덕여왕 (VIIe siècle) règne de 632 à 647 sur le royaume de Silla. Elle est la première reine au pouvoir dans toute l’Histoire de la Corée, et seulement la seconde dans l’Histoire de l’Asie de l’Est. Elle inspire une renaissance dans les arts, la littérature et fait évoluer les mœurs et la pensée confucianiste du pays.
Biographie

Fille du roi Jinpyeong de Silla, qui n’a aucun fils, son père la choisit comme héritière. Bien que très avant-gardiste, ce choix ne choque pas la population, car le peuple de Silla a déjà connu plusieurs femmes régentes, les mères des précédents rois du royaume (bien que ces dernières n’étaient pourtant pas considérées comme reines aux pleins pouvoirs, elles assuraient uniquement la régence jusqu’à la majorité de leur fils).
De même que dans le royaume de Silla, les femmes sont autant à la tête de leur famille que les hommes, et le statut de la femme peut être considéré important, comparé aux siècles suivants.
La reine Seondok ouvre alors la voie à de nombreuses autres femmes régnantes au Royaume de Silla, et, par la même occasion, fait évoluer les mœurs et les arts de cette époque, apportant un regard plus féminin et porté d’émotions qui crée un tournant dans l’histoire de l’art coréen.
Règne
Seondok devient l’unique régent du Royaume de Silla dès 632, et ce jusqu’en 647. Elle sera même par la suite succédée par sa cousine, la reine Jindeok.
Son règne débute par la rébellion et le combat incessant avec son voisin le royaume de Baekje. Au cours de son règne, elle utilise son pouvoir à son avantage, en s’alliant dans un premier temps avec Goguryeo, puis avec les Tang de Chine, encerclant alors son voisin Baekje. Elle envoie de nombreux missionnaires et intellectuels en Chine, qui rapportent au royaume de Silla des arts nouveaux et développent sa littérature. Elle est aussi reconnue pour son intérêt pour les arts martiaux et leur évolution notamment grâce au savoir rapporté de Chine par ses émissaires. La reine Seondok est décrite par son peuple comme étant une femme généreuse, bienveillante, emplie de sagesse et d’intelligence. Sa préoccupation première, dès son arrivée sur le trône, est le bien-être de son peuple, jusqu’aux plus pauvres, les veuves et les orphelins jusqu’alors en marge de la société coréenne.

La reine Seondok est aussi une fervente adepte du bouddhisme et préside les organisations des temples bouddhistes. Elle fait construire de nombreuses pagodes, dont la pagode aux neuf étages du temple de Hwangnyongsa à Gyeongju (détruit en 1238 par les Mongoles) ; sur cette pagode de 80 m, chaque étage porte le nom d’un voisin de Silla que le royaume a tenté d’évincer.
Elle fait aussi construire le premier observatoire astronomique d’Asie de l’Est, en 634, encore visible aujourd’hui.
Révolte de Bidam
En 647, le plus haut fonctionnaire d’état, Bidam 비담, mène une révolte contre la reine Seondok. La reine, dont l’état de santé critique inquiétait déjà le gouvernement, délègue une majeure partie de son pouvoir à ce dernier. Le royaume, au cœur d’une rébellion venant de Baekje et Goguryeo, s’affaiblit. Le gouvernement, mécontent de cette situation, commence à remettre en question la souveraineté en place. Bidam se retrouve à la tête d’une révolte à l’encontre de la reine Seondok, soutenant que : « La femme régnante a échoué dans son devoir de souverain ; par conséquent, les femmes ne devraient pas régner. » Le fonctionnaire, dont la réputation auprès du gouvernement et du peuple est excellente, obtient un important soutien au cours de sa rébellion. La révolte, qui dura à peine dix jours entre le 8 et le 17 février 647, est un échec pour Bidam et son entourage. La reine, très affaiblie, meurt avant la fin de la rébellion. Sa cousine, la reine Jindeok, prend sa succession ; la reine Seondok ne s’est jamais mariée et n’a pas eu d’enfants. Cette dernière fait exécuter Bidam et trente de ses homme ainsi que leurs familles.
À la suite de cet échec, les nobles de la cour perdent une partie de leur influence, renforçant le pouvoir des souverains à venir.
Légendes
Il est raconté que la reine Seondok, alors qu’elle n’était encore qu’une princesse, aurait été choisie comme héritière grâce à son intelligence précoce et son importante connaissance de la politique. Une histoire particulière, racontée dans les annales de l’Histoire de Corée (Samguk sagi), conte que son père, le roi Jinpyeong, aurait reçu une boîte de graines de pivoine ainsi qu’une peinture de cette fleur en floraison. En voyant cette peinture, la princesse Seondok aurait déclaré qu’il était dommage que malgré la beauté de ces fleurs, on ne puisse les sentir, argumentant que si elles avaient été réelles, papillons et abeilles virevolteraient autour d’elles. Plus tard, ces graines, alors devenues pivoines et en pleine floraison, ne dégageaient aucun parfum. La cour fut alors subjuguée par les paroles qu’elle avait tenues auparavant.
Une autre légende raconte son habilité à percevoir des événements avant même qu’ils ne se présentent. Par exemple, elle aurait entendu une horde de grenouilles croassant près du lac de la porte de Jade, en plein hiver. Ce lac, symbole des femmes, et les grenouilles, vues comme des soldats, mènent la reine à suspecter une invasion de son voisin, le royaume de Baekje. Elle envoie ses généraux au nord-est du pays, où ces derniers stoppent la rébellion de Baekje.
La dernière légende raconte qu’avant sa mort, la reine aurait demandé à reposer près du Doricheon 도리천 (situé au sud de la montagne Namsan) qui, dans le bouddhisme, réfère à un certain niveau de sagesse. Plus tard, le roi Munmu de Silla fait construire le Sacheonwangsa 사천왕사, le temple des Quatre rois du Paradis, près de sa tombe. Il réalise alors que la citation de Bouddha, qui dit que le Doricheon se trouve au-delà du Sacheonwangsa, avait été accomplie par le reine. On considère que sa dernière volonté était une ironie face à la jalousie et au préjudice que cette dernière avait vécus parce qu’elle était une femme, et que cela était un symbole de son désir d’être réincarnée en homme dans le Doricheon lors de sa prochaine vie.

Queen Seondok (2009)
D’abord contestée et reniée par certains de ses généraux et ministres, et même par la Chine qui refusait de la reconnaître en tant que souveraine, du fait qu’elle était une femme, la reine Seondok a su s’imposer par son intelligence et sa politique ainsi que par sa sagesse et son amour des arts et de la littérature. Féministe de son époque, elle est la Simone de Beauvoir du Moyen-Âge coréen et inspire encore aujourd’hui.
Source : Most important people in Korean History, Bridge Education
Article rédigé par Kim.