Informations
Titre original : 꿈의 제인 (Rêve de Jane en français)
Titre anglais : Jane
Pays : Corée du Sud
Réalisateur et scénariste : Cho Hyun Hoon (조현훈)
Diffusion : 2016
Genre : drame
Synopsis
So Hyun est une jeune femme solitaire. En cherchant à retrouver l’homme qui l’a abandonnée dans un motel, elle rencontre Jane. Cette dernière l’invite à rejoindre sa famille.
Casting
Bande-annonce
L’histoire
Contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, Jane est un film qui raconte tout sauf l’histoire d’un travesti. En effet, le sujet sur lequel le réalisateur Cho Hyun Hoon a travaillé pendant deux ans et demi concernait les enfants fugueurs. En Corée, beaucoup d’entre eux se retrouvent pour former des familles recomposées. D’une maison à l’autre, ils vont et viennent cherchant à échapper à la solitude. Après avoir étudié des documents et rencontré ces jeunes dans des foyers, le réalisateur aboutit à cette pépite visuelle qu’est Jane.
Au début, comme je ne connaissais pas cet aspect de la société coréenne, le film m’a portée dans son évanescente esthétique. On suit So Hyun, une jeune fugueuse en proie à la solitude. Bien que la narration avance, elle revient constamment sur sa rencontre avec Jane. Celle-ci devient le point de refuge de cette jeunesse en quête d’écoute et d’une place où exister. Comme porté dans un rêve, le film nous entraîne délicatement dans la violence d’un monde où ces fugueurs n’ont pas d’autre choix que de chercher une famille.
Un rêve pour distancer le réel
La narration faussement achronologique et le travail des lumières servent la mise en distance du spectateur à la réalité du quotidien de ces jeunes. Ces effets nous permettent surtout d’entrer dans les sentiments de So Hyun. Pour y parvenir, Cho Hyun Hoon réalise un travail de lumière incroyable. Pendant les temps de solitude, nous sommes bercés par des tons bleu-violacé. Les moments heureux avec Jane sont dans des teintes pastelles qui soulignent la douceur du personnage. Puis l’image devient plus terne, plus sombre, à mesure que la quête de Jane et son absence s’accentuent.
Ce qui fait de Jane presque un chef d’œuvre, c’est à la fois son atmosphère nourrie par une esthétique et une narration bien pensée, mais aussi le jeu de ses acteurs. Il convient de mettre à l’honneur le jeu de Koo Kyo Hwan en Jane car il est époustouflant. Ce jeune acteur et réalisateur arrive à incarner un personnage travesti sans que celui-ci soit caricatural. À l’origine, le réalisateur voulait un Jane à la fois froid et délicat.
Koo Kyo Hwan a réussi à s’approprier le personnage pour lui donner une douceur maternelle inattendue. Au premier abord, on pourrait imaginer que c’est de la féminité qui transparaît de son être mais en fait, c’est l’identité même de Jane qui crève l’écran. Koo Kyo Hwan n’a pas joué un travesti. Il n’a pas joué une femme. Il a joué Jane. Et c’est une des rares fois où j’ai pu voir à l’écran un personnage avant de voir un acteur.
Une oeuvre positive
Contre tout attente, le film est profondément positif. Le quotidien de ces jeunes décrit avec distance est certes dur et la vision qu’ils ont du monde est terriblement pessimiste, mais la force qui les anime répète inlassablement « Malgré tout ça… ». La vie perçue comme une succession de malheurs mérite, alors, d’être vécue pour ces instants de bonheur. Ceux-ci restent comme des souvenirs évanescents, à l’image de ce film qui nous transporte hors de notre quotidien dans la délicate souffrance de ces jeunes dont nous ne saurions nous apitoyer.
Conclusion
Pour conclure, je dirais que Cho Hyun Hoon est un jeune réalisateur très prometteur. Et si son film de fin d’études et premier long métrage est une merveille telle que Jane, alors la suite de sa filmographie risque de devenir incontournable ! Il me tarde de pouvoir revoir ce film, d’arriver de nouveau au moment du générique et de me laisser porter par la musique dans l’obscurité réconfortante d’une salle de cinéma.
Sources : cineserie | daum | Master Class du FFCP
Article rédigé par Casado Hélène.