Alors qu’un quinquagénaire a été condamné à mort fin juin pour double homicide, la Cour constitutionnelle sud-coréenne a ouvert ce jeudi 14 juillet une audience publique sur la possibilité d’abolir la peine de mort.
Quel statut pour la peine de mort en Corée ?
En Corée du Sud, la peine de mort est autorisée par la loi. En effet, le code pénal sud-coréen régule les exécutions en tant que forme de punition valable pour certains crimes, à savoir la rébellion, la conspiration avec des puissances étrangères et l’homicide. Les mineurs ne peuvent être condamnés à mort. En 2020, on comptait 60 personnes « dans les couloirs de la mort » en Corée du Sud. Mais en pratique, la dernière exécution remonte à 1997, avant que le président Kim Dae Jung ne dépose un moratoire.
Aujourd’hui, la population sud-coréenne est divisée sur la question de la peine de mort. Si les associations catholiques réclament son abolition depuis de nombreuses années, le reste de la population n’est pas aussi catégorique : en 2018, un sondage de la Commission sud-coréenne des droits de l’Homme révélait que 79,7 % des Coréens soutenaient la peine de mort, notamment pour les crimes violents impliquant des mineurs. Mais 70 % d’entre eux seraient également en faveur de son abolition en cas de remplacement par une autre punition équivalente.
Une opposition croissante à la peine de mort
L’audience qui vient d’être ouverte ce 14 juillet par la Cour constitutionnelle fait suite à la circulation en 2019 d’une pétition provenant d’un accusé qui risquait la peine de mort, soutenue par une association catholique.
Il s’agit de la première fois en 12 ans que la constitutionnalité de la peine de mort est débattue dans le pays. Si la Cour constitutionnelle sud-coréenne s’est déjà prononcée à deux reprises en faveur de la peine de mort (en 1996 et en 2010), le fait que les votes soient de plus en plus serrés (7 contre 2 puis 5 contre 4) atteste de l’opposition croissante à la peine de mort.
Le ministre de la Justice s’est exprimé à ce sujet en déclarant que la peine de mort servait les intérêts publics dans la mesure où elle permettait « d’éliminer définitivement à la racine les maux de la société ». Le ministre a également expliqué prioriser le droit à la vie des personnes innocentes avant celui des criminels.
Mais de nombreuses voix s’élèvent contre ces propos et considèrent la peine à perpétuité suffisante pour isoler de manière permanente un criminel de la société, d’autant plus qu’aucune étude ne prouve le caractère dissuasif de la peine de mort. Dans une lettre ouverte destinée à la Cour constitutionnelle, les dirigeants des principaux ordres religieux de Corée du Sud appellent en outre les autorités à chercher les causes qui ont mené à ces crimes et trouver un moyen de les empêcher plutôt que de recourir à une punition d’une telle cruauté.

Est-ce que la pression internationale pourrait définitivement trancher la question de la peine de mort en Corée du Sud ? Alors que la Corée s’insère depuis plusieurs années dans la mondialisation et cherche à accroître son influence diplomatique pour devenir une « grande puissance », plusieurs organisations internationales telles que l’Union européenne déplorent la position actuelle de la Cour constitutionnelle et encouragent le Parlement coréen à adopter une loi abolissant de manière définitive la peine de mort.
Sources : Yonhap News Agency (1)(2)(3) | The Korea Herald | La peine de mort dans le monde