L’ex-ambassadeur nord-coréen Thae Yong Ho (태영호), qui a fait défection à l’été 2016, se présente comme candidat aux législatives en Corée du Sud sous la banderole du groupe conservateur, le Parti de la Liberté.
Mais qui est Thae Yong Ho ?
Né le 25 juillet 1961 à Pyongyang, Thae Yong Ho (태영호) appartient à l’élite nord-coréenne. Après avoir passé une partie de son enfance en Chine, il retourne en Corée du Nord où il étudie à la Pyongyang University of Foreign Studies. Il rencontre son épouse Ho Hye Seon (오혜선) dont la famille fait partie des proches de Kim Il Sung. Devenu diplomate, il officie au Danemark, en Suède puis en Grande-Bretagne où il restera dix ans. C’est en 2016, après avoir été rappelé par Pyongyang, que Thae Yong Ho décide de faire défection avec sa famille proche.
Élections législatives coréennes
Vivant depuis bientôt quatre ans en Corée du Sud, Thae Yong Ho rejoint le Parti de la Liberté (자유한국당), un groupe conservateur, anticommuniste, antilibéral et aux tendances xénophobes. Sous cet étendard, le Nord-Coréen ambitionne de freiner les politiques de l’actuel président Moon Jae In, plus favorable à une entente mutuelle et pacifiée sur la péninsule. Il dit ainsi en conférence de presse le 11 février 2020 :
« Je connais le système nord-coréen et son gouvernement mieux que n’importe qui en Corée du Sud. J’aimerais légiférer à ce propos et mettre au point une politique d’unification pratique, qui serait basée sur une démocratie libre, plutôt que d’envoyer une aide inconditionnelle à la Corée du Nord ou de mener à une confrontation inconditionnelle face au pays. »
Thae Yong Ho, le 11 février 2020
Les élections législatives se tiendront le 15 avril 2020 et seront décisives pour la politique sud-coréenne. En effet, le parti démocrate est toujours majoritaire (37 % des intentions de vote en mars 2019). Le Parti de la Liberté, à travers Thae Yong Ho, envoie un message fort à l’attention des transfuges coréens et se place dans le débat de la réunification avec une posture singulière. Thae Yong Ho, fort de ses qualifications politiques en tant que diplomate, n’en est pas moins lucide sur ses chances et dit vouloir gagner le cœur d’un district de Séoul plutôt qu’un siège à l’Assemblée.
Les transfuges et la politique
Thae Yong Ho n’est pas le premier transfuge à tenter une carrière politique en Corée du Sud. Cho Myung Chul, un économiste ayant fait défection en 1994, est élu en avril 2012 au Parlement sud-coréen sous l’étiquette du Parti de la Liberté de Corée. Si la chose reste rare, l’élection de transfuges à l’Assemblée nationale n’est jamais anodine. C’est un message fort à l’attention des communautés nord-coréennes qui souffrent encore de nombreux préjugés en Corée du Sud, mais aussi un positionnement politique dans les débats sur la réunification coréenne.
Pour celles et ceux qui souhaitent suivre les élections législatives sud-coréennes, vous pourrez trouver les informations en avril via ce lien.
Sources : Yonhap | Gallup Korea | Real Meter | NKnews
Article rédigé par Casado Hélène.