Au début du mois de juillet, le NIS portait plainte contre deux de ses anciens directeurs pour mauvaise gestion dans deux affaires mêlant les deux Corée. L’une d’elle concerne le renvoi controversé de pêcheurs nord-coréens en 2019.
Enquête : abus de pouvoir, crimes et mauvaise gestion
En novembre 2019, deux pêcheurs nord-coréens sont capturés en mer près de la frontière maritime inter-coréenne, puis amenés au village de la trêve de Panmunjom en Corée du Sud. Pendant leur détention, ils avouent avoir tué 16 autres membres d’équipage et expriment le désir de faire défection en Corée du Sud pour ne pas repartir dans le Nord, où les sanctions peuvent être extrêmement sévères.
Suh Hoon était l’un des directeurs du NIS (Service National du Renseignement) sous l’administration de l’ancien président Moon Jae In. Il aurait, à l’époque, délibérément mis fin de manière prématurée à l’investigation sur les deux pêcheurs sous prétexte qu’ils n’étaient pas sincères. Il les fera renvoyer au Nord contre leur volonté. Généralement, ce type d’enquête sur des transfuges coréens dure entre 15 jours et un mois, mais celle menée par Suh n’a pris que trois à quatre jours. Par la suite, Suh fera détruire les documents officiels du renseignement.
Après le mandat de Moon Jae In, le NIS découvre cette affaire et celle du meurtre de Lee Dae Jun, tué par balle par les gardes-côtes nord-coréens en septembre 2020. Le service de renseignement décide alors de poursuivre les deux anciens membres Park Jie Won et Suh Hoon le 6 juillet 2022 et demande une enquête pour mauvaise gestion, abus de pouvoir et falsification dans ces deux différentes affaires. Park est lui accusé d’avoir supprimé délibérément plusieurs rapports des renseignements concernant l’assassinat de Lee Dae Jun.
Des soupçons et des rumeurs circulent autour des raisons qui auraient poussé les deux dirigeants à entraver la loi. Plusieurs affirment que c’était pour amadouer Pyongyang et être en paix avec le Nord, d’autres que ça aurait été bénéfique pour la campagne de Moon.
« Si le rapatriement a été fait de force, c’est un crime contre l’humanité »
Le 12 juillet, la publication par le ministère de l’Unification de 10 images montrant les pêcheurs nord-coréens se débattre et résister avant leur rapatriement en novembre 2019 ravive les réactions de l’opinion publique. De nombreux activistes pour les droits de l’Homme disent être choqués par les images et par le traitement inhumain des pêcheurs nord-coréens.
Selon la législation sud-coréenne, si un Coréen est interpellé à l’intérieur de son territoire maritime, il doit être protégé par la Constitution du Sud. S’il s’avérait que l’ancien gouvernement a renvoyé les pêcheurs nord-coréens « en tenant compte de la position du Nord » alors que ces hommes devaient effectivement être protégés, il y a violation de leurs droits.
Le bureau du gouvernement actuel n’a pas tardé à s’exprimer à ce sujet et a affirmé que, si le rapatriement avait été fait de force, alors il s’agissait d’un crime contre l’humanité.
« Si jamais le rapatriement a eu lieu malgré la volonté de défection affichée par les deux pêcheurs nord-coréens, c’est une violation de la loi internationale et de la Constitution et il s’agit d’un crime contre l’humanité et d’un acte inhumain. C’est la raison pour laquelle il doit y avoir une enquête. »
Propos rapportés par Yonhap
Yoon Suk Yeol chercherait à remonter dans les sondages grâce à ces enquêtes
Alors que la cote de popularité du nouveau président ne cesse de baisser, notamment à cause des récents scandales au sein de son parti et de la gestion de son personnel (dissimulation, corruption sexuelle, favoritisme…), certains accusent Yoon Suk Yeol de vouloir redorer son image auprès des électeurs en déplaçant les projecteurs vers l’ancien président Moon Jae In.
Le gouvernement avait affirmé que Yoon suivait de près ces controverses au sein du NIS. Sachant que Yoon cherche à se démarquer le plus possible de son prédécesseur et qu’il affiche ouvertement son animosité contre ce dernier, ces événements semblent être une aubaine pour le nouveau chef d’État.
Les médias s’interrogent donc sur une éventuelle vengeance et attaque contre Moon de la part de Yoon. Ce que le porte-parole de Yoon s’est empressé de démentir, en affirmant que le gouvernement cherchait avant tout à protéger le peuple et à défendre la liberté et les droits de l’Homme.
Sources : Yonhap (1).(2).(3).(4) | KoreaTimes | Korea Herald
Sources images : Thierry Chabot | Yonhap