Kim Un Su est un écrivain sud-coréen né en 1972 à Busan. Après des études de littérature coréenne à l’université de Kyung Hee, il sort son premier texte en 2002 avec L’atelier d’écriture. Il est aussi l’auteur de Le Placard publié en 2013, de Les Planificateurs publié en 2016 en France ainsi que de Jab ! publié en 2018. Il a été récompensé par plusieurs prix pour sa nouvelle Prisonniers de la chambre forte.
Résumé
« Colère et incompréhension animent les principaux personnages de Jab ! À commencer par un lycéen qui se met à apprendre la boxe (un jab désigne en anglais un coup de poing direct du bras avant) pour se venger de l’humiliation que lui a fait subir son professeur principal dans un lycée où les élèves sont menés à la baguette. L’incompréhension, c’est celle que ressent la victime des redoutables agents secrets de L’Atelier d’écriture ou le narrateur de Fleurs séchées face au suicide d’une amie d’enfance. Et on frise la folie face à des jeunes farfelus qui font le casse d’une banque et se retrouvent… Prisonniers de la chambre forte !
Autant d’histoires rocambolesques contées avec humour et tendresse par le plus malicieux des auteurs coréens. »
Mon avis sur Jab !
Jab! est un recueil qui rassemble six nouvelles (Jab!, Prisonniers de la chambre forte, l’Atelier d’écriture, le Canapé, Fleurs séchées, l’Estuaire) dont la première partage son titre avec le livre. Certains titres nous renseignent déjà sur le thème ou l’élément clef de la nouvelle mais d’autres sont plus vagues, laissant une place dès le début à notre imagination.
Ces six nouvelles entremêlent la tragédie avec l’humour et l’autodérision, permettant de traiter certains sujets plus facilement. Les sujets choisis par l’auteur sont issus de la vie quotidienne : nous retrouvons les problèmes d’alcoolisme, fréquents dans la société coréenne qui accorde une grande importance à l’alcool. La mort mais plus particulièrement le suicide, l’injustice, le divorce, le harcèlement ainsi que l’importance de l’argent sont aussi évoqués et développés dans ces nouvelles.
Par mes lectures, j’ai constaté que ce sont des sujets récurrents dans le réalisme coréen, mais je ne m’en lasse pas. Ce réalisme est toujours poignant et permet de mieux comprendre la population. Mais dans ce livre, certaines histoires sont plutôt atypiques, absurdes, ce qui crée une sorte de distance avec le réalisme coréen traditionnel.
Les personnages de ces nouvelles sont tous frappés par la malchance, le malheur, ou l’échec. Ces résultats négatifs contrastent avec ce qu’attend la société coréenne, c’est-à-dire la réussite. Plusieurs des personnages finissent par abandonner, par céder, n’ayant plus la force ou la motivation de continuer à faire face aux situations qui s’imposent à eux.
Ce livre est plutôt court et facile à lire. Le découpage en six nouvelles est pratique lorsque l’on ne veut pas se lancer dans une grande lecture d’un coup. Il n’y a pas de fins closes pour chaque nouvelle donc le lecteur a la possibilité, si il le souhaite, d’imaginer une suite, peut-être plus optimiste.
J’ai apprécié lire ce recueil. Je ne connaissais pas du tout l’auteur, je pense maintenant que c’est une belle découverte. Le format et les différentes histoires m’ont fait penser au livre La route de Sampo de Hwang Sok Yong.
« Franchement, vous ne m’avez jamais fait de cadeau dans la vie. Alors, je vous en prie, pour une fois, un six, s’il vous plaît, le six ! » p76
Où trouver Jab ! :
Kim Un Su, (2018), Jab!, Serge Safran éditeur. 17,90 euros, ISBN : 979-10-97594-10-7.
Source photo : Centre culturel coréen