À la fin des années 90, la Corée développe sa technologie. Samsung, LG, Hyundai se démarquent et conquièrent le monde. Toujours plus innovantes et créatives, les entreprises sud-coréennes propulsent le pays à la onzième place des puissances économiques mondiales.
Les jeux vidéo, l’un des passe-temps favoris des jeunes, est un exploit technologique qui a connu une évolution et une admiration spectaculaires. En France, d’après une étude de TNS Sofres réalisée en 2014, l’âge moyen d’un joueur serait de 31 ans et 89% des ados entre 10 et 14 ans admettent jouer aux jeux vidéo. D’après Newzoo, 49% des joueurs coréens sont âgés entre 21 et 35 ans et 75% des joueurs seraient des hommes.
Quelle est la place des jeux vidéo en Corée du Sud ?
D’où viennent les jeux vidéo ?
Bref historique
D’après le Museum of Play, E.Condon créa en 1940 un ordinateur conçu pour jouer le jeu de Nim, un jeu de stratégie mathématique. La légendaire arcade Pong fut ensuite développée en 1972 par Atari, une entreprise américaine fondée la même année. Puis des consoles, comme les célèbres Atari 2600 et Atari 5200, ont progressivement fait leur apparition et ont fait fureur dans le monde entier. Les célèbres jeux Pac-Man et Mario, faisant encore le bonheur des joueurs aujourd’hui, sont apparus dans les années 80. D’ailleurs, Super Mario Bros est le jeu le plus vendu (environ 40 millions d’exemplaires) sur NES, Nintendo Entertainment System, une console sortie en 1987 en France. La création de la Game Boy en 1986 et de la Play Station en 1994 contribuent à l’évolution et à l’appréciation des jeux vidéo à l’échelle mondiale. Les progrès graphiques et les jeux en réseaux popularisent les jeux sur ordinateur ainsi que sur smartphone et I-phone.
En Asie du Sud-Est
Les jeux vidéo se sont d’abord répandus au Japon avec la création de Nintendo, une société multinationale basée à Kyoto. Celle-ci a la main mise sur beaucoup de jeux, dont le célèbre Mario, et de consoles. Pokemon, autre création de la marque nippone, est également l’un des jeux les plus populaires ; y compris en Corée avec le récent engouement pour Pokemon Go. Cette dernière est d’ailleurs en concurrence avec son voisin et a même réussi à le dépasser, il y a quelques années, en évoluant plus vite.
Nexon et NCsoft sont les deux plus grosses compagnies de jeux vidéo en Corée du sud. Nexon a développé des jeux vidéo tels que Counter Strike ou Kart Rider. Quant à NCsoft, la compagnie a créé des jeux à succès comme Aion ou Guild Wars.
La culture du jeu vidéo
Pourquoi ce succès ?
Les jeux vidéo ont conquis les générations par leur modernité, leur diversité de genres, de scénarios, de contextes adaptés aux différents âges mais aussi grâce à leurs multiples supports ainsi qu’à leurs graphismes qui relèvent parfois de l’art. Les concepteurs savent aiguiser l’intérêt des joueurs en innovant toujours plus et en retravaillant leurs jeux.
Jouer, c’est aussi se détendre, penser à autre chose. C’est un passe-temps qui permet de se retrouver dans un autre univers et de construire virtuellement, quelque chose qui nous est propre et que l’on peut modifier et faire évoluer.
Les jeux ont aussi différents modes, comme le « multijoueur » qui permet de faire participer plusieurs personnes à un même jeu, simultanément.
Comment se traduit-il ?
Jeux et PC Bang
Le succès des jeux vidéo se traduit d’abord par le succès de StarCraft en 1998, un jeu de stratégie en temps réel qui devient la même année le jeu le plus vendu en Corée. Il est encore aujourd’hui très populaire dans le pays. D’autres jeux rencontrent aussi du succès en Corée, dont League Of Legend, un jeu fantastique concernant une expédition sur l’île Iona, et Overwatch, un jeu qui vise à contrer un conflit mondial grâce à des soldats, scientifiques et autres professionnels.
Cette réussite se traduit également par le développement des PC Bang, des salles d’ordinateurs bon marché, à travers le pays. Les gens peuvent jouer et aller sur les réseaux sociaux sans être dérangés. Des confiseries et des boissons sont à leur disposition. La popularité de ces salles croît au début des années 2000 dû à l’absence d’internet dans les foyers.
Les salles d’arcades sont, en revanche, en voie de disparition suite au succès des PC Bang. Mais certains fidèles continuent de se rendre à leurs petites adresses ; le côté vintage, rétro plaisant beaucoup.
Les championnats
Des championnats sont organisés pour les gamers, nom que l’on donne aux joueurs. Lors des événements les plus importants, de grands joueurs s’affrontent. La plupart sont des professionnels, idolâtrés et payés de grosses sommes d’argent pour jouer. Ils font partie d’équipes coordonnées par des sociétés comme SK Telecom. C’est un style de vie, comme les joueurs de football professionnels. D’ailleurs, on parle des jeux vidéo comme du e-sport. Cette pratique rémunérée sera pour la première fois une épreuve sportive médaillée au sein des Asian Games de 2022. L’e-sport est soutenu par l’IESF (International e-Sports Federation), une fédération basée à Séoul. Les championnats de e-sport de League Of Legend se déroulent aux stades OGN de Sangam et au Nexon Arena à Gangnam. Un stade va prochainement être construit et sera exclusivement réservé à la ligue coréenne du jeu. Suite aux succès des jeux, les compétitions sont retransmises en direct sur des chaînes de télévision comme MBC Game.
Lee David, Im Yo Hwan et Lee Sang Hyeok sont de grands joueurs Coréens connus pour leurs succès et leurs techniques dans le milieu. Un des personnages du jeu Overwatch, Hana Song alias D.Va, est une joueuse professionnelle coréenne qui met à disposition ses compétences de gameuse pour sauver la Corée d’une menace.
Côté Hallyu
La folie des écrans est aussi présente parmi les idols. MobidicTV a récemment diffusé des émissions où, tels de mini championnats, deux groupes de K-pop s’affrontaient sur un jeu vidéo.
Concernant les séries, les dramas Blade Man et Strong Woman Do Bong Soon se déroulent dans des compagnies concevant des jeux vidéo. Dans la sphère musicale, plusieurs artistes ont intégré les jeux vidéo dans leurs clips comme VIXX ou le groupe féminin P.O.P. Les groupes et les idols sont aussi sollicités pour devenir les égéries de jeux vidéo. Ça a été le cas de PRISTIN pour le jeu MMO RPG So Fantasy et du chanteur du groupe BTOB, Yook Sungjae, nouvel ambassadeur d’Overwatch.
Une pratique addictive ?
La vie en Corée est dure, stressante par son dynamisme, par le fait de devoir être toujours à la hauteur et par son passé économique désastreux. En effet, la Corée du Sud a été l’un des pays les plus pauvres du globe mais la motivation des Coréens et leur persévérance ont permis au pays de se moderniser et de développer sa technologie comme les jeux vidéo sur une courte période.
Cependant, les jeux vidéo deviennent aujourd’hui un sérieux problème en Corée du Sud. En effet, être gamer est un mode de vie qui peut conduire à l’addiction. La vie sociale est détruite, les perspectives d’avenir aussi. Il est difficile pour certains jeunes de se concentrer sur autre chose que les jeux vidéo. C’est pour cela que le gouvernement a instauré un couvre-feu qui empêche les jeunes de moins de 16 ans de jouer entre minuit et six heures du matin. Ceci est contrôlé grâce à l’obligation d’utiliser sa carte d’identité pour se connecter aux jeux.
Jouer est devenu une obsession pour les jeunes, qui en viennent à négliger leur hygiène et leur santé. La peur de l’avenir peut expliquer ce refuge dans le monde virtuel chez la jeunesse coréenne. En effet, les exigences de la société et les obstacles professionnels rendent l’avenir incertain, tout comme le coût de la vie et des études, comparable aux États-Unis, qui crée des problèmes financiers dans de nombreuses familles.
Une pratique qui a de bons côtés
Pour les jeunes générations, les jeux vidéo peuvent être un échappatoire, un moyen de s’exprimer, ou simplement de lutter contre la solitude. Nombreux sont les passionnés de la technologie, du Hi-Tech, qui sont fascinés par ses fonctionnalités.
Des recherches ont montré que jouer stimule le cerveau et permet d’évacuer les tensions et de s’amuser. Comme de nombreuses personnes, les Coréens aiment les challenges, d’où l’enthousiasme pour l’électronique et les compétitions. La confiance en soi est aussi boostée. Les joueurs se sentent parfois plus utiles sur un terrain fictif que dans la vie de tous les jours. L’important est de savoir maîtriser ses plages de jeux et de ne pas en abuser.
Sources : Le Monde |Museum Of Play | Museum of Play | INA Global | Le goût du miracle de Sébastien Falletti | Dorkly | The New York Times | The New York Times | KoreaPortal | Public Psych | BBC News | allkpop | STOfficeSeoul | Newstalk | Asie.jeuxonline.info | ThoughtCo | Pocket Gamer | e27co | Gaming Cultures and Place in Asia-Pacific par Larissa Hjorth et Dean Chan
Photo de Une par Pixabay