La Corée du Sud est aujourd’hui un des acteurs majeurs du marché de l’art contemporain. Je vous propose donc un zoom sur 3 événements majeurs, et les éditions de cette année, témoins de son importance sur la scène internationale.
Biennale de Gwangju
La biennale historique
La Biennale de Gwangju constitue la première manifestation d’art contemporain de Corée du Sud. En 1995, elle est mise en place pour proposer un nouveau regard artistique sur les révoltes de Gwangju, événement majeur de l’histoire démocratique du pays. Elle se démarque depuis avec une nouvelle édition tous les deux ans, sur des thématiques spécifiquement liées à ces questionnements sociétaux, face aux pouvoirs politiques, aux droits humains, et en proposant aux artistes à travers le monde de s’exprimer autour de cela. Elle est devenue ainsi une référence dans le domaine, permettant un véritable partage grâce à cet accueil international et aux diverses infrastructures culturelles au sein desquelles sont exposées les œuvres d’art.
Pour cette 14e édition, la Biennale de Gwangju de 2023 s’est tenue du 7 avril au 9 juillet. En quelques chiffres, cette Biennale a accueilli 79 artistes, 300 œuvres, et s’est déclinée en 4 volets, dont 9 pavillons consacrés à certains pays en particulier (Pays-Bas, Suisse, Ukraine, Israël, Italie, Chine, Canada, Pologne et France), et 6 lieux d’expositions à travers la ville (le hall d’exposition de la Biennale de Gwangju, le musée national de Gwangju, Horanggasy Artpolycon, Artspace House et le temple Mugaksa). Le thème sélectionné pour cette année « Doux et faible comme l’eau » a été tiré d’un texte du IVe siècle, le Livre de la voie et de la vertu (Dao De Jing), de Laozi. Il s’agissait de mettre en avant certaines thématiques liées aux transformations : politique, sociétale, environnementale. En écho avec la thématique de l’eau qui doucement mais sûrement avec le temps, transforme son environnement pour tracer un nouveau chemin, les œuvres présentées nous questionnent ainsi sur la nature de ces nouveaux chemins que l’homme a créés, parfois à travers la violence et sur la manière dont nous souhaitons les exploiter pour notre avenir.
« Nous avons pris comme métaphore et méthodologie l’eau, qui s’infiltre doucement pour désagréger le rocher et, à terme, apporter des changements et qui est puissante bien qu’elle ait l’air faible, dans le but de promouvoir la résistance, la coexistence et la solidarité et envoyer un message d’espoir concernant les défis auxquels nous sommes confrontés, comme le post-colonialisme et l’environnement »
Lee Sook-kyung, directrice artistique Biennale de Gwangju 2023 (Yonhap)




Kiaf Séoul
La représentation locale
Avec la Korean International Art Fair (Kiaf), on a assisté en 2002 à la première foire d’art contemporain en Corée du Sud. Ceci a ainsi permis d’asseoir la place des artistes coréens sur la scène du marché de l’art contemporain.
La volonté de représenter ces acteurs sur la scène internationale s’est démontrée au fil des années et l’édition 2023 couvre également cet aspect. Pour sa 22e édition, l’événement organisé par l’Association des Galeries de Corée regroupera début septembre au COEX 130 exposants issus de la scène locale, ainsi qu’une vingtaine d’autres pays. On y retrouvera ainsi les galeries coréennes incontournables Kukje Gallery, Hakgojae Gallery, Gallery Hyundai and Leeahn Gallery, aux côtés de nouvelles galeries participant pour la première fois, venues de New York, Amsterdam ou Hong Kong.
Une antenne spéciale, Kiaf Plus, est prévue, pour mettre en avant une nouvelle génération d’artistes, s’exprimant au travers des nouveaux médias et du digital.
Le partenariat avec la renommée foire internationale Frieze (ci-après) en 2022 a confirmé la place de la Kiaf et son rôle dans le marché de l’art contemporain en Asie et à l’international.
Frieze Séoul
La reconnaissance internationale
La Frieze est une foire d’art contemporain d’origine anglaise, historiquement implantée dans des villes telles que Londres, Paris et New York. La première édition coréenne a été organisée à Séoul en 2022 : véritable reconnaissance du vivier artistique et culturel de la scène coréenne locale, les regards sont désormais tournés vers le marché de l’art contemporain coréen. L’impact de la vague Hallyu aura ainsi permis de placer le pays au-devant de nouvelles perspectives. L’implantation de galeries internationales reconnues à Séoul et les chiffres liés aux transactions (393 millions d’euros au premier semestre 2022) ont fini d’attiser la curiosité des acteurs internationaux et de confirmer la place du pays sur ce marché, d’où l’intérêt de venir proposer une représentation de la Frieze à Séoul.
L’édition 2023, suite au succès de l’année dernière, sera encore cette année organisée en partenariat avec la Kiaf, au COEX début septembre. 120 galeries seront représentées, venues d’Asie et de l’international. Diverses sections seront créées pour exposer des thématiques spécifiques : en plus du focus principal sur l’art contemporain, il sera ainsi également possible de retrouver une section, Frieze Masters, dédiée aux antiquités jusqu’au XXe siècle, et une section, Focus Asia, proposant de découvrir de nouvelles galeries exposant une sélection d’œuvres d’artistes asiatiques prometteurs.
La Corée du Sud a su confirmer son importance sur le marché de l’art contemporain au cours des dernières années, se traduisant par une reconnaissance internationale grâce à l’implantation de foires d’art reconnues notamment et la volonté de galeries étrangères d’être présentes et représentées dans des manifestations locales. Les éditions de cette rentrée devraient ainsi renforcer ces liens et la place de la Corée sur la scène artistique contemporaine.
Informations pratiques
Kiaf Seoul : du 3 au 6 septembre – COEX
Frieze Seoul : du 2 au 5 septembre – COEX
Sources : Kiaf | Gwangju Biennale | Biennale Foundation (1)(2)| Frieze (1)(2) | The Korea Herald | Korea Times | France Info | Art Price | Yonhap (1)(2) | Ocula | ACA
Sources images : Yonhap | ACA | Korea Times