Le 16 décembre 2021, la ministre taïwanaise du numérique Audrey Tang a été déprogrammée d’une conférence en Corée du Sud. Un geste probablement dû à l’influence de la Chine sur la péninsule coréenne.
Déprogrammation de la présence taïwanaise
Le 16 décembre 2021, le comité présidentiel sud-coréen a tenu une conférence de politique globale à Séoul, portant sur la 4e révolution industrielle. La ministre taïwanaise du numérique Audrey Tang, qui avait déjà participé au sommet américain sur la démocratie début décembre, devait s’y exprimer.
Cependant, le matin même de la conférence, sa présence a été annulée à cause de « problèmes entre les deux rives du Détroit ». En diplomatie, cette expression est utilisée pour décrire les relations entre Pékin (Chine) et Taipei (Taïwan). En effet, Pékin considère que Taïwan fait partie de son territoire et compte la récupérer un jour, par la force si besoin.
Après l’annulation de la présence de la ministre, Taïwan a émis une plainte officielle contre la Corée du Sud, tandis que le ministre taïwanais des Affaires étrangères a exprimé son mécontentement envers ce geste impoli auprès du représentant sud-coréen à Taïwan.
La Corée du Sud intimidée par la Chine ?
Nombreux sont ceux qui pensent que ce changement de programme est dû à la Chine. En effet, la grande puissance s’oppose depuis plusieurs années à tout échange entre Taïwan et les autres États, afin d’isoler l’île sur le plan diplomatique. Cette pression s’est accentuée ces dernières années : depuis 2016, huit pays ont arrêté de reconnaître officiellement Taïwan, en faveur de Pékin.
La Corée du Sud fait partie des pays qui reconnaissent Pékin. Si le ministère des Affaires étrangères sud-coréen a expliqué que la décision a été prise après un « examen complet de la situation », l’influence chinoise sur cette décision est plus que probable.
En effet, le président sud-coréen Moon Jae In cherche à apaiser les relations entre la Corée du Sud et la Chine : si la Chine est le principal partenaire commercial de la Corée du Sud, il s’agit également du principal allié de la Corée du Nord et son soutien est clé pour instaurer la paix dans la péninsule, une promesse de campagne de Moon Jae In.
Cette volonté s’est récemment illustrée par la faible réaction coréenne face aux élections à Hong Kong où seuls les candidats « patriotiques » étaient autorisés à se présenter, ainsi que par le fait que la Corée du Sud ne rejoigne pas le boycott diplomatique américain des Jeux Olympiques d’hiver de 2022, qui auront lieu en Chine.
Si ce revirement est principalement influencé par la Chine, il ne faut pas oublier que lors du sommet sur la démocratie où Taïwan était présent, les États-Unis auraient coupé le flux vidéo de la ministre taïwanaise. Dans de telles circonstances, on peut également estimer que la Corée du Sud ne fait que de suivre l’action des États-Unis.
Sources : The Korea Times (1)(2) | Korea JoongAng Daily | Taipei Times