Page 1 : présentation détaillée du film The King
Page 2 : mon avis sur le film The King
◆ Mon avis sur The King :
Réalisé par Han Jae Rim et sorti le 18 janvier 2017, The King réunit sur le grand écran deux acteurs très importants du cinéma coréen : Zo In Sung et Jung Woo Sung. C’est d’ailleurs en grande partie grâce au casting que le film a réalisé plus de 1,85 million d’entrées la semaine de sa sortie, établissant un record pour une sortie en janvier en Corée du Sud.
Un scénario prometteur mais un résultat mitigé
Le scénario du jeune homme modeste qui parvient à devenir procureur semble très intéressant sur le papier et promet une belle revanche sur la vie. Malheureusement, le film ne se concentre pas sur cette facette de la vie de Park Tae Soo mais plutôt sur sa déchéance. Néanmoins, cette critique est due à la longueur du film, l’ascension de Park Tae Soo dure tout de même au moins une heure. Cependant, le reste du film est tellement prenant que le temps file. La déchéance de Park Tae Soo qui survient petit à petit, les gens autour de lui qui lui tournent le dos les uns après les autres et son empire qui s’effrite… Toute cette descente aux enfers, bien qu’assez brutale, est un des meilleurs passages du film. Les trahisons ainsi que les rouages politiques et judiciaires sont dévoilés au grand jour, le personnage principal ne parvient d’abord pas à réaliser ce qui lui arrive, il essaie désespérément de se raccrocher à quelques personnes avant de sombrer dans la dépression et l’alcool. Il faudra un accident tragique pour que Park Tae Soo se décide à reprendre son destin en main, remonter en selle et affronter le roi en retournant ses stratégies et ses armes contre lui. Cette remontée des abysses se classe elle aussi parmi les très bons passages du film et elle laisse même un goût d’inachevé. Évidemment, le scénario de The King comprend aussi une critique du système judiciaire sud-coréen, totalement corrompu, mais elle ne prend pas le pas sur l’intrigue. Han Jae Rim parvient même à sous-entendre que pour lutter contre ce système de corruption et de puissants qui dominent, il faut utiliser ses propres armes et les retourner contre lui. Malgré quelques longueurs, le scénario de The King tient totalement la route et vous réserve des moments haletants, pleins de tension.
Un casting convaincant
Le casting de The King est LE gros point fort qui donne de la consistance au film, du relief à l’histoire et surtout qui a attiré tant de spectateurs dans les salles. Rien que le nom de Jung Woo Sung permet de retenir l’attention, tant son talent fait l’unanimité. D’ailleurs, sa venue au Festival du Film Coréen de Paris avait suffi à faire salle comble pour toutes les projections du film Asura: The City of Madness. Ce film était tellement violent et bluffant qu’il me tardait de retrouver Jung Woo Sung dans un rôle plus calme, plus en nuances. Résultat ? Je ne suis pas du tout déçue. Certes, avec le souvenir de son rôle dans Asura, il faut un petit temps d’adaptation pour apprécier cette interprétation d’un procureur au sommet de sa gloire (The King en personne). Mais une fois immergé dans l’ambiance, les regards et mimiques de Jung Woo Sung donnent de la profondeur à ce personnage imbu de lui-même, calculateur mais aussi fervent croyant (ou superstitieux).
Je ne connaissais pas du tout Zo In Sung, qui a joué dans le drama It’s Ok, This is Love ou encore Dear My Friends. C’est donc sans a priori que je le découvrais dans ce rôle candide de campagnard souhaitant prendre une revanche sur la vie en gagnant du pouvoir. Ce n’est que lorsque sa déchéance s’amorce que j’ai vraiment été convaincue par le talent de cet acteur. Il est très drôle dans ce rôle d’adolescent bagarreur, avant de devenir un peu ennuyeux lors de son ascension (mais tout est calculé) et c’est dans le désespoir et la vengeance qu’il se révèle.
Malgré le talent des deux têtes d’affiche, ce sont les acteurs secondaires qui ont retenu l’attention et ont été nominés dans les catégories du meilleur second rôle masculin pour Bae Sung Woo et féminin pour Kim So Jin (qui a remporté ce prix) lors des 53es Baeksang Art Awards. Mais ma plus grosse surprise a été Ryoo Joon Yeol qui, lors de cette cérémonie, a gagné le prix du meilleur nouvel acteur. Son interprétation du mafieux Choi Doo Il qui décide de rester dans l’ombre de son ami Park Tae Soo est très poignante, touchante, sans tomber dans le surplus d’émotion, tout en justesse. Son charisme en tant que mafieux est assez impressionnant et lorsqu’il est à l’écran avec Zo In Sung, alors que ce dernier est censé incarner la lumière, c’est bien Ryoo Joon Yeol qui rayonne et crève l’écran.
Une scénographie sombre mais très esthétique
Enfin, le film The King se démarque par des scènes très travaillées dans lesquelles la lumière joue un grand rôle. Un coup d’œil sur le parcours de Han Jae Rim suffit pour se rendre compte que son sens de la scénographie a été maintes fois reconnu. Il a gagné de très nombreuses récompenses en tant que meilleur réalisateur pour le film Rules of Dating et a aussi été primé pour The Face Reader. Il parvient à créer des scènes captivantes avec très peu de sources de lumière directes. Ce sont donc des scènes assez sombres où les ombres jouent un rôle très important. Le cadrage est également essentiel. Sur la durée totale du film, il y a peu de gros plans sur les personnages, Han Jae Rim favorise les plans américains (jusqu’à la taille) ou les plans rapprochés (jusqu’à la poitrine), ce qui oblige les acteurs à utiliser tout leur corps pour transmettre les émotions, et incarner leurs personnages. La colorimétrie du film est également très sombre. Les couleurs vives sont quasiment inexistantes, et même les rouges présents sont des rouges ternes qui tirent vers le bordeaux. Han Jae Rim annonce donc d’emblée que The King est loin d’être un film joyeux et il utilise tous les stratagèmes pour le faire comprendre.
Pour conclure, The King contient certaines longueurs, surtout dans la première heure du film, mais vous auriez tort de vous laisser décourager car vous passeriez à côté d’un beau petit film bien construit et d’acteurs irréprochables.
◆ Ma note sur 5 : ★★★☆☆
Sources : Variety | Asian Wiki
Article rédigé par Laulilau.