Quand on regarde un MV, on peut y observer certaines choses récurrentes quand le sujet est le même, mais également certains partis pris intéressants. Tentons d’en découvrir quelques-uns à travers cet article non-exhaustif à propos des MV qui montrent l’amour.
Que peut nous montrer un MV ?
Lorsqu’une nouvelle chanson titre sort, il y a plusieurs choses intéressantes que l’on peut découvrir. Tout d’abord, la chanson en elle-même avec ses paroles, sa mélodie et son rythme, entre autres. Mais également le MV (le clip en français) qui l’accompagne et qui apporte alors un vrai plus à cette première découverte.
Ce dernier peut prendre plusieurs formes et raconter plusieurs choses.
Assez souvent, les MV servent seulement à mettre les artistes en avant. À travers des plans rapprochés, des mouvements doux et des lumières tamisées pour montrer toute leur beauté. Un exemple récent et parlant serait le clip du groupe RIIZE : TALK SAXY, dont nous parlons dans cet article.
L’une des autres fonctionnalités d’un MV est celle de servir de vitrine à des fins mercantiles (pour mettre en avant des marques ou des vêtements de luxe) ou de créer un buzz (parfois artificiel), comme dans la chanson de NEW JEANS : Super Shy. On y retrouve, dans le time code de la vidéo, l’emplacement précis d’où se trouve la chorégraphie à apprendre et à partager sur les réseaux, pour faire parler du groupe. C’est souvent un pari réussi.
Mais il est également possible pour un MV d’illustrer les propos des chansons, de coller aux paroles et de les mettre en image. Comme c’est le cas pour Halazia du groupe ATEEZ par exemple.
Penchons-nous maintenant sur quelques clips qui ont un sujet en commun, et pour ce premier article la thématique sera l’AMOUR. Dans un premier temps, via certains aspects arbitraires, puis nous explorerons deux MV avec une vision bien différente des choses.
MV avec un grand A comme Amour
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de garder en tête que derrière chaque image et chaque choix artistique visuel dans un MV se cache un réalisateur et toute une équipe travaillant de concert pour nous transmettre un message clair et des émotions précises.
Nous allons donc nous intéresser à quelques exemples triés sur le volet, montrant des aspects de mises en scènes ou des astuces dans le travail de lumière et de couleur, qui montrent l’amour et le fait d’aimer sous tous ses aspects.
D’une histoire à l’autre
Le premier exemple peut sembler générique mais il est en fait assez précis. Nombre de chansons de K-pop parlent d’amour dans leurs paroles, parfois de manière très appuyée, mais très souvent ce thème n’est représenté qu’à l’aide de métaphores et de clins d’œils.
Dans leur clip AGAIN, les membres de TURBO crient leur amour à une femme incroyable à leurs yeux.
La mise en scène place alors beaucoup de femmes en tenue courte au premier plan, parfois même devant les membres du groupe, pour montrer l’attirance que les hommes ont pour ces femmes. Seulement, on peut trouver une profondeur supplémentaire à ce clip.
L’action prend place dans trois lieux : un intérieur de train plus ou moins grand, un wagon casino et le devant d’un bâtiment traversé par le train en question. On peut alors y voir un parallèle intéressant avec le film Snowpiercer dans lequel des voyageurs remontent les wagons d’un long train, chacun représentant une classe sociale, jusqu’à en découvrir tous les secrets.
TURBO semble alors remonter un train semblable, d’abord rempli par leur seule présence, avant que des danseurs et danseuses ne les rejoignent dans un wagon plus grandiloquent, jusqu’à atteindre la liberté. Tout ceci représentant les étapes complexes jusqu’à l’obtention du cœur de l’être aimé.
À l’inverse des métaphores, on retrouve parfois dans certaines vidéos une mise en scène qui colle avec exactitude aux paroles. C’est le cas par exemple de la chanson Medusa du groupe JUST B.
Dans le texte de cette dernière, l’amour est représenté à travers le champ lexical de l’eau. Les membres du groupe supplient pour avoir un peu à boire dans un monde en manque. C’est là le point intéressant, car toute la mise en scène va tourner autour de ça et former une véritable histoire.
On va pouvoir retrouver JUST B emporté dans une épopée à la recherche d’eau, d’abord en ville à chercher dans des magasins et dans la rue, jusqu’à finir dans un monde en ruine et dystopique attendant la pluie.
C’est un vrai tour de force de la part du groupe et de l’équipe de réalisation, car la comparaison présente dans les paroles qui pourrait n’être qu’une vague tentative de profondeur prend tout son sens et reste intéressante à voir même après plusieurs visionnages. Le MV colle alors parfaitement aux paroles et réussit en plus à être inventif sans tomber dans les traditionnels rencards filmés en plan large.
Les couleurs du cœur
Continuons avec un aspect plus technique, à savoir les couleurs utilisées dans les MV. Ces dernières sont un aspect tout aussi intéressant qu’un joli cadrage ou un décor, sans compter qu’elles peuvent faire passer autant de messages.
C’est le cas pour le clip TT de Twice, durant lequel les neuf membres du groupe parlent de leurs peines de cœur et de combien il est dur d’oublier la personne que l’on a aimée.
Et cela peut se voir grâce aux décors sombres et ternes, tandis que le groupe est habillé dans des tons pastels et clairs. Les couleurs bleu et rose pâle de leurs tenues nous ramènent donc à la douceur que TWICE tente de garder dans ce moment compliqué. Ceci se vérifie également avec les différents costumes de fée ou de Pinocchio qui détonnent par leurs couleurs vives malgré le décor de manoir hanté.
Au contraire, dans le clip de EXO : Love Shot, tout est plus clair dans sa symbolique des couleurs. Il n’est pas nécessaire d’épiloguer sur le texte qui parle d’un coup de foudre arrivé dans un moment inopportun.
La mise en scène appuie alors cela de par sa chorégraphie bien connue, mais aussi en glissant sur chaque plan du rouge souvent vif, cette couleur représentant l’amour et la passion dans beaucoup de pays. Que ce soit dans les costumes, les fleurs, le décor à plusieurs reprises même si c’est parfois subtile, ou même la couleur de cheveux de certains membres, le rouge est toujours présent. Cette teinte ressort énormément grâce à un superbe travail de lumière.
Il est alors évident que la mise en scène peut fortement jouer sur l’amour et sa représentation, que ce soit dans des détails ou dans des évidences. On peut tirer des sensations et des émotions du moindre parti pris, ce qui rend chaque MV intéressant à sa manière.
Deux MV, deux visions d’un même thème
Maintenant que nous avons ces clefs de compréhension, penchons-nous sur deux MV récents et très intéressants, qui montrent l’amour et l’affection de manières bien différentes.
De bonnes intentions mais diverses interprétations
À travers son MV cinématographique Seven, Jungkook nous dévoile des paroles crues. Dans ces dernières, l’artiste développe les nombreuses façons dont il aime sa copine.
Quant au clip en lui-même, on découvre une petite histoire se déroulant sur une semaine complète, dans sept lieux différents (un restaurant, un train, une laverie, une rue ensoleillée puis sous la pluie, une salle d’enterrement et sur les toits d’une grande ville) et où un couple au bord de la rupture se retrouve après plusieurs péripéties.
Les couleurs dans le MV sont assez ternes et représentent plutôt bien l’état d’esprit des deux protagonistes, à la fois tristes et perdus, mais aussi énervés et perturbés. Même durant les scènes qui se passent en plein jour, on remarque que les teintes foncées sont très présentes et appuyées. Malgré tout, on retrouve à travers cet élément une composante forte d’un couple, à savoir les moments de flottement où tout ne va pas forcément pour le mieux.
Le passage des jours de la semaine est intelligemment découpé par des écrits jaunes, chose qui n’est pas des plus subtiles mais qui a le mérite de rendre les choses plus claires (bien que la fin alterne entre plusieurs lieux pouvant perdre le spectateur). Mais également grâce aux différents décors qui évoluent au fil du temps, passant d’un restaurant en pleine destruction jusqu’à une rue détruite où une tempête se calme.
Des petits éléments peuvent paraître anodins, mais à bien y regarder, ils trouvent tout leur sens. Comme par exemple un très court plan dans la laverie sur un distributeur automatique où un sachet de friandises tient in extremis. On peut y voir là un parallèle avec la relation qui ne tient qu’à un fil.
Le message passé à travers les images est, cela dit, un peu plus complexe à analyser.
En effet, aux premiers abords on peut y voir une prise de tête de couple qui entraîne les deux amoureux à frôler la séparation avant de se réconcilier à la fin.
Mais une vision plus complexe peut se dessiner. De par son esthétique terne, ses effets spéciaux pas des plus qualitatifs ou son action se déroulant dans une ville qui peut rappeler New York (en plus du texte tout en anglais), il est clair que Seven emprunte beaucoup aux films américains de la fin des années 90, début 2000. Alors, il est possible d’y voir une relation plus toxique qu’il n’y paraît, avec une fille tentant de fuir une situation qui ne lui plaît pas, mais l’homme ne semble pas accepter la décision, la suivant de partout jusqu’à ce qu’elle accepte.
Bien que cette version puisse sembler tirée par les cheveux, car il paraît clair que personne n’a de mauvaises intentions dans la création de ce clip, il est tout de même intéressant de voir toutes les possibilités d’interprétation que peuvent offrir des images et des mises en scène.
Seven de Jungkook est alors un clip développant une part moins heureuse d’un couple, avec une esthétique forte, accompagnant plutôt bien une chanson entraînante qui aura marqué 2023.
De bonnes intentions dans une bonne narration
De son côté, en novembre 2023, Giuk nous proposait sa chanson pop rock mélancolique : Scratch.
Les paroles sont alors remplies de tristesse et parlent des cicatrices qui forment la souffrance. À travers notamment le MV de cette chanson, nous pouvons voir que cette souffrance est liée aux souvenirs lointains d’un amour perdu. Mais comment cela est-il mis en image ?
Scratch nous dévoile une histoire complexe racontée à travers plusieurs temporalités. On commence par le présent dans une maison chaleureuse vidée de sa joie, avec le personnage de Giuk qui se souvient petit à petit de son amour passé. Avant de découvrir, à l’aide de plusieurs flash-back, différents instants du passé du jeune couple qui se découvrait encore jusqu’à ce que la fille disparaisse (l’histoire est en fait un peu plus complexe, je vous laisserai découvrir ça dans notre article dédié).
On remarque alors que les teintes utilisées dans ce MV sont à la fois bleues, ternes et froides pour le présent, mais plus colorées et chaudes quand nous sommes dans les souvenirs. Les refrains sont également annoncés par des spots lumineux, dont la lumière jaillit, pour annoncer un changement de ton, mais également des couleurs plus vives et de nombreuses teintes de rouge qui viennent raviver l’amour ressenti par le protagoniste.
Il est intéressant de noter que cette dualité peut se voir sur les habits et le physique de l’artiste, allant du bleu de ses cheveux, sa veste et son pantalon (marquant ses souvenirs nostalgiques) jusqu’à son kilt plus rouge par-dessus. Mais ce n’est pas tout, l’avant-dernier plan de ce clip nous propose une jolie mise en scène, avec la fille dont l’écharpe rouge est à gauche de l’écran et Giuk tout de bleu vêtu à droite, pour marquer que la chaleur arrive dans cette grande maison, afin d’enfoncer le clou sur cette métaphore.
De petits éléments de mise en scène sont également intéressants à notifier en ce qui concerne la démonstration de la perdition du jeune homme. Comme par exemple un plan énigmatique sur un sablier qui ne se remplit jamais vraiment, pour marquer les jours qui passent et qui se ressemblent dans son esprit. Mais également le côté plus évident de l’attention portée au décor qui se vide petit à petit, comme les souvenirs de Giuk.
On peut remarquer un effort fait sur les raccords entre l’image et le son, avec le début de la chanson qui démarre quand le livre tombe et donc quand les souvenirs reviennent, ou bien avec une incrustation réussie entre une photo en train de brûler et un souvenir qui s’efface, pour imager ce concept complexe.
Le message se fond donc parfaitement dans la narration et la musique ne fait que sublimer le tout. On se retrouve face à une pièce d’une grande beauté mais également d’une grande tristesse, dont on ne peut que savourer chaque image. C’est une formule des plus intéressantes pour découvrir une très belle histoire d’amour.
À l’aide de ces deux exemples, nous avons pu voir ensemble deux façons bien différentes de montrer l’amour dans des MV, de par bien des aspects. J’espère que ces deux analyses vous ont plu !
Décryptage de l’Amour dans les MV
À travers cet article particulier, j’espère vous avoir offert quelques petites clefs de compréhension supplémentaires lorsqu’on regarde un MV, que ce soit à propos de la réalisation ou des possibles messages cachés.
Si la lecture vous a plu, n’hésitez pas à le faire savoir en commentaire ou sur les différents réseaux de K.Owls.
Nous pourrons nous intéresser à d’autres thématiques dans de futurs articles !
Source : Compte X Officiel de BigHit et Compte X Officiel de ONEWE