Samedi 8 avril, quatre enfants sont percutés à Daejeon près d’une école par un chauffeur de taxi ivre. Bae Seung Ah, l’une des victimes, ne survit pas à l’accident.
Un accident routier dans une zone scolaire
Samedi 8 avril. Aux alentours de 14 h, quatre enfants sont blessés dans une zone scolaire par un chauffeur de taxi ivre. Selon la vidéo diffusée après l’accident, la voiture semble hors de contrôle et heurte les quatre enfants qui sortaient d’un magasin situé près d’une école primaire. Bae Seung Ah, neuf ans, est l’une des victimes. Après l’accident, elle est transportée, inconsciente, à l’hôpital de Daejeon (ville située dans le centre de la Corée du Sud). Son décès est déclaré quelques heures plus tard.
D’après les éléments fournis par la police coréenne, le chauffeur, âgé de soixante-cinq ans, conduisait alors en état d’ébriété avec un taux d’alcoolémie de 0,12 %. Ceci est bien au-dessus de la limite qui occasionne un retrait de permis fixée à 0,08 %. De plus, il roulait au-dessus des 30 km/h préconisés dans une zone scolaire. Après avoir bu quatorze bouteilles d’alcool avec des amis, l’homme prend la route. Il parcourt entre sept et huit kilomètres avant de perdre le contrôle de son véhicule et commettre cet accident.
Deux jours après les faits, le frère de Bae Seung Ah s’exprime anonymement à la radio et déclare que le chauffeur n’a pas contacté la famille pour s’excuser. Il était dans un état d’ivresse si intense que lors de l’interrogatoire, il n’arrivait pas à répondre aux questions. Il aurait eu besoin de deux jours pour être à nouveau maître de lui-même. Lors de son arrestation lundi, le chauffeur s’excuse auprès de la famille devant les caméras. Éprouvée, la famille souhaite désormais qu’il soit sanctionné sévèrement afin que ce type d’évènement ne se reproduise plus.
Ce tragique incident provoque un tollé public et de nombreux Coréens expriment leur colère et leur frustration face à l’augmentation des accidents routiers près des zones scolaires impliquant des enfants. Il n’est pas rare en Corée que les automobilistes, dont certains chauffeurs de taxi, soient accusés d’avoir une conduite imprudente ou négligente (conduite en état d’ivresse, conduite sous substances, etc.). Ceci occasionne chaque jour de nombreux accidents sur la route. Sur internet, plusieurs mères pointent du doigt la légèreté des sanctions à l’encontre des conducteurs à l’origine des décès d’enfants alors qu’ils étaient en état d’ébriété.
La sécurité routière et la protection des enfants
En Corée du Sud, la zone située dans un rayon de 300 mètres autour de la porte principale d’une école primaire est désignée comme zone scolaire. À l’intérieur de cette zone, la vitesse est limitée à 30 km/h depuis mars 2020 et il est interdit de se garer ou de s’arrêter.
Cette réglementation fait suite à la mort, en 2019, d’un enfant, Kim Min Sik, âgé de neuf ans, tué par un automobiliste dans une zone scolaire. Cette loi porte son nom et a été créée afin d’intensifier les sanctions à l’encontre des conducteurs qui blessent ou tuent un enfant dans une zone de protection de l’enfance, y compris les zones scolaires. L’ancien gouvernement avait réagi en promettant de prendre des mesures pour améliorer la sécurité routière.
« Le gouvernement s’est fixé pour objectif de réduire à zéro le nombre d’enfants victimes d’accidents de voiture dans les zones scolaires d’ici 2022. »
Ancien ministre de l’Intérieur Chin Young
Pourtant, en 2021, 496 accidents sont recensés dans des zones scolaires, dont plusieurs causés par des conducteurs ivres pouvant entrainer le décès des victimes. Lee Dong Won, un autre enfant de neuf ans, est décédé cette année-là à la suite d’un important accident de conduite en état d’ivresse, alors qu’il sortait de l’école. Le conducteur, propriétaire d’une entreprise de taxis, présentait un taux d’alcoolémie de 0,12 %. Après avoir heurté l’enfant, il serait parti se garer chez lui, sans appeler les secours, avant de revenir sur les lieux du crime. Cette affaire a choqué l’opinion publique. Par ailleurs, le procès entre la famille et le chauffeur est toujours en cours.
Le récent décès de Bae Seung Ah remet en lumière la nécessité de sensibiliser davantage les conducteurs à la sécurité routière et de les pousser à adopter une conduite plus responsable, quitte à mettre en place une politique plus musclée. Il y a quelques mois, le gouvernement a déjà choisi de durcir la loi « Min-sik ».
Depuis février 2023, les conducteurs conduisant sous substances dans des zones scolaires risquent un à quinze ans de prison, ou une amende allant de cinq millions de wons à trente millions de wons (quatre mille à vingt-huit mille euros) s’ils blessent un enfant de treize ans ou moins dans une zone scolaire. Toutefois, la peine d’emprisonnement peut aller jusqu’à la perpétuité si l’enfant décède de ses blessures. La vitesse de circulation est toujours limitée à 30 km/h et des caméras ainsi que des ralentisseurs doivent être mis en place.
D’après l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), la Corée du Sud est sixième au classement mondial du taux de mortalité le plus élevé d’enfants âgés de quatre ans ou moins (pour une population de 100 000 personnes) devant trente-deux autres pays membres.
Sources : KoreaJoongAngDaily (1).(2).(3) | Yonhap (1).(2).(3)
Source image : Dave Kim