Découvrez le récent coup de cœur d’un de nos hiboux, Alina, et plongez-vous dans un thriller palpitant : Intruder.
- Titre original : 침입자 (litt. L’intrus)
- Réalisateur et scénariste : Sohn Won Pyung
- Diffusion : 04/06/2020
- Genres : mystère et suspense
- Durée : 102 minutes
- Casting :
- Song Ji Hyo – Yoo Jin
- Kim Moo Yul – Seo Jin
- Ye Soo Jung – Yoon Hee (mère de Yoo Jin et Seo Jin)
- Choi Sang Hoon – Seong Cheol (père de Yoo Jin et Seo Jin)
- Park Min Ha – Ye Na
- Heo Joon Seok – Détective Joo
Bande-annonce
Si vous avez l’habitude de lire mes articles review, coup de cœur ou actualités, vous ne serez pas surpris de constater que j’ai encore décidé de visionner un film empreint de mystère et de suspense. J’ai découvert ce film, car j’ai eu l’occasion de rédiger une news pour sa sortie l’année dernière. Depuis ce temps, il est sur ma liste de films à voir. Intruder nous plonge dans une ambiance oppressante, malfaisante, il est facile de se prendre au jeu et de se laisser captiver. Vous l’aurez sans doute compris, j’ai adoré Intruder et je vais essayer de vous convaincre de le regarder à votre tour en vous exposant mon avis.
Après avoir été reporté, Intruder est sorti dans les salles obscures alors que les cinémas en Corée du Sud reprenaient à peine leur activité à la suite de l’émergence de l’épidémie de COVID-19 au début de l’année 2020. Lors de son exploitation il a comptabilisé 532 045 entrées, alors qu’il était diffusé dans 1 365 cinémas et a rassemblé une recette de 4 347 592 de dollars. Un score plutôt honorable puisqu’il s’agit du tout premier long-métrage réalisé et scénarisé par Sohn Won Pyung. Elle avait précédemment réalisé quelques courts-métrages et surtout travaillé à l’écriture notamment en tant que traductrice, adaptatrice ou autrice de scripts. Ce qui s’explique par le fait qu’à l’origine Sohn Won Pyung est romancière.
Le scénario d’Intruder
Dans Intruder, Kim Moo Yul incarne Seo Jin, un jeune homme accro à son travail pour subvenir aux besoins de sa famille, soudainement devenu père célibataire à la suite de la mort de sa femme survenue quelques mois plus tôt. Malheureusement, ce n’est pas le premier drame qui marque sa vie…
Quand il était enfant, lors d’une sortie au parc d’attractions avec sa jeune sœur Yoo Jin (Song Ji Hyo) et sa mère (Ye Soo Jung), cette dernière lui demande de surveiller Yoo Jin quelques minutes, le temps qu’elle revienne. Malheureusement, distrait, Seo Jin lâche sa petite sœur des yeux un bref instant. Quand il la cherche de nouveau, elle n’est plus là. La culpabilité le ronge depuis l’enfance et lorsque sa sœur réapparaît vingt-cinq ans plus tard, Seo Jin peine à y croire, alors que ses parents et sa fille, Ye Na (Park Min Ha), semblent l’accueillir à bras ouverts.
Mon avis sur Intruder
Le scénario et les personnages
Dès le départ, le film nous laisse un sentiment étrange. Yoo Jin (Song Ji Hyo) débarque dans la vie de Seo Jin (Kim Moo Yul) en affirmant être sa jeune sœur, portée disparue vingt-cinq ans plus tôt. Il est partagé entre l’envie de la croire et le doute. Après tout, sans preuve, cette femme pourrait être n’importe qui. D’emblée, nous savons que quelque chose ne va pas, sinon le film n’aurait pas d’intérêt, mais nous ne savons pas quoi et c’est ici que le film commence à construire son suspense. Qui est Yoo Jin ? Est-elle réellement la sœur de Seo Jin ? Si oui, pourquoi est-il autant convaincu que quelque chose ne va pas ? Si non, que cherche-t-elle à faire ? J’ai immédiatement été en empathie avec le personnage de Seo Jin. Le film est narré en grande partie, à travers son regard, le spectateur n’en sait pas réellement plus que lui et ne peut que compatir face à sa détresse. Surtout quand il est presque rejeté par sa propre famille qui ne le croit absolument pas alors qu’il remet en cause la crédibilité de Yoo Jin. Le scénario d’Intruder est un méli-mélo de questions, de doutes, de soupçons, de frustration aussi car il y a évidemment quelque chose qui cloche, mais quoi exactement ? Puis petit à petit, le doute s’installe aussi. Le film nous pousse à constamment nous questionner. Qui est le plus étrange ? Seo Jin et sa paranoïa constante ou Yoo Jin et son comportement parfois malsain ?
Le scénario met mal à l’aise. Yoo Jin revient dans sa famille vingt-cinq ans plus tard et ni son père, ni sa mère ne semblent remette en doute sa parole quand elle affirme être leur fille disparue. Cela peut s’expliquer par le fait qu’ils sont tous les deux âgés, la mère étant aussi grandement diminuée et malade, elle se déplace en fauteuil roulant. C’est un dernier espoir de retrouver leur enfant et ils s’y accrochent dur comme fer. Ce qui les rend tous le deux touchants. Ils veulent y croire, quitte à tourner le dos à Seo Jin, leur fils, qui, lui, met totalement en doute les affirmations de cette sœur soudainement retrouvée.
Le personnage de Seo Jin en lui-même est intéressant. Ses doutes sont fondés. Une femme prétendant être sa sœur revient après vingt-cinq ans d’absence, il y a de quoi se poser des questions, non ? Sans preuve génétique, rien ne prouve la véracité de leur lien familial. Toutefois, Seo Jin est un personnage instable. Si, au départ, tout nous pousse à aller dans son sens et à avoir de l’empathie pour lui, le film joue aussi souvent avec nos nerfs et nos soupçons. Quelques mois plus tôt Seo Jin perdait sa femme dans un accident de voiture. Cette dernière s’est fait renverser et le coupable a pris la fuite. Depuis, il est en proie à ses propres démons, il est sans arrêt sujet à des cauchemars et il doit suivre une médicamentation précise. De plus, il est perturbé par la présence de sa fille Ye Na, à qui il ne sait pas comment avouer le décès de sa mère, alors il invente mensonge sur mensonge pour expliquer son absence. À partir de là, ses soupçons et sa paranoïa peuvent aussi devenir étranges, et si c’était lui qui délirait ou était hostile au retour de sa sœur à cause de ce qui le tourmente ?
Les acteurs
Les acteurs d’Intruder jouent leurs rôles à merveille ! Song Ji Hyo a des expressions à faire froid dans le dos et elle se met dans la peau de son personnage avec brio. Ses mimiques, sa gestuelle, ses regards, tout la rend effrayante, entourée d’une aura qui met mal à l’aise. Il suffit juste de la voir pour comprendre qu’elle peut représenter une menace. Quand elle essaie de se comporter normalement avec ses parents et le personnel qui vient les aider à domicile, il y a toujours quelque chose qui sonne faux, mais que, de prime abord, les personnages ne semblent pas remarquer ou peut-être… ne veulent pas remarquer. J’ai rarement vu des acteurs qui me mettent autant mal à l’aise, mais justement parce que c’est exactement ce que leur rôle vise à faire.
Ensuite, je tiens à souligner la performance de Kim Moo Yul. Il se met dans la peau d’un personnage torturé, endeuillé et perdu. Sa performance était aussi appréciable. Il sait attirer la sympathie et en même temps instaurer le doute, car il n’est clairement pas complètement sain d’esprit à cause de tout ce qui lui est arrivé. C’est un acteur que je ne connaissais pas vraiment avant, contrairement à Song Ji Hyo, mais je vais continuer de suivre sa carrière, je pense.
Les personnages sont certes bien écrits, mais l’écriture et la performance se complètent. Un acteur aussi bon soit-il peut avoir un jeu catastrophique si le rôle est creux, mais un personnage bien écrit ne fera pas forcément un bon acteur. La force d’Intruder est que les deux se complètent. Les deux acteurs principaux nous livrent alors un jeu qui nous immerge complètement dans le long-métrage. Les rôles secondaires ne sont pourtant pas en reste, les parents sont touchants, notamment la mère (Ye Soo Jung) qui est profondément blessée par la disparition de sa fille. Park Min Ha (Ye Na) est aussi mignonne dans son rôle, elle a du potentiel.
Un scénario qui manque de détails
Intruder n’est pas si long que cela, environ une heure quarante. Les films coréens durent en moyenne deux bonnes heures, je pense qu’Intruder n’aurait pas souffert de se voir ajouter une vingtaine de minutes supplémentaires pour davantage expliciter certains pans du scénario. Je l’ai trouvé intéressant et prenant, mais il manquait des petites choses, des explications pour lier les évènements entre eux et les rendre plus tangibles. Je ne peux pas trop en dire au risque de vous spoiler, alors qu’Intruder est un film à voir en en sachant le moins possible. Certains trouvent également la fin peu crédible. En ce qui me concerne, je pense qu’à partir du moment où ce n’est pas trop gros et qu’il s’agit d’une fiction, la suspension consentie de l’incrédulité entre en jeu. Personnellement, j’ai apprécié la fin que j’ai trouvée surprenante et effrayante. Ce n’était pas parfait et, en réalité, Intruder n’invente rien qui n’a jamais été fait, mais elle est bien trouvée. Elle laisse des questionnements, une partie de l’histoire que le spectateur peut imaginer lui-même.
Il est vrai que j’aurais aimé plus de précisions, car j’apprécie quand les questions que l’on se pose en visionnant le film trouvent des réponses, surtout que le thème abordé m’intéresse énormément et souligne un problème dont j’ai souvent entendu parler concernant la Corée du Sud. Ce n’était peut-être pas exactement l’intention de la réalisatrice de dénoncer quoi que ce soit, d’où ce peu d’explicitations, mais j’ai personnellement trouvé cela dommage, même si la fin n’en est pas gâchée pour autant. Je suis seulement un peu trop curieuse, j’aime bien tout savoir. Au moins, Intruder nous pousse à nous questionner et fait fonctionner notre imagination. Si vous avez vu ce film, n’hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de cette fin !
Conclusion
J’ai donc terminé de vous présenter mon coup de cœur sur Intruder, j’espère vous avoir donné envie de le voir, ne serait-ce que pour vous faire votre propre avis. Si vous aimez les thrillers, les films un peu étranges, je pense qu’il peut vous plaire. Intruder ne révolutionne pas son genre, mais il fait passer un bon moment et c’est une bonne chose ! Si vous avez l’occasion de le voir, n’hésitez pas à venir m’en parler, même si vous n’avez pas aimé, c’est toujours intéressant d’échanger quand nos avis divergent. Bon visionnage !
Sources : Han Cinema : (1).(2).(3).(4).(5).(6) | KoreanFilm | Eon Talk | Asian Wiki
Article rédigé par Alina.