Cela fait un moment que je voulais vous parler d’un film et Viki m’en donne enfin l’occasion. Récemment ajouté à leur vidéothèque, le film Marathon va enfin pouvoir toucher un plus large public. Mais, saviez-vous que le film était basé sur une histoire vraie.
Pour ma part, j’adore les films biographiques et notamment ceux qui lient une histoire vraie avec le sport. Je trouve ces films très intéressants car ils sont bien souvent très inspirants ! Là où une histoire reste une histoire, un film biographique nous présente celle d’une personne qui vit ou a vécu dans notre réalité ! De plus, j’apprécie de voir l’impact sociologique que l’histoire a pu avoir sur son époque comme avec le film La couleur de la victoire. Alors, si vous êtes comme moi ou si vous êtes curieux, venez découvrir le film Marathon, une histoire pleine de résilience, d’humanité, de handicap ou simplement d’objectifs.
Présentation brève de Marathon
Marathon est un film sorti le 27 janvier 2005 qui au bout d’une seule semaine faisait déjà 700 000 entrées. Il détenait d’ailleurs la 4e place des films les plus rentables en 2020, dépassé seulement par des films Disney. Marathon était donc en 2020 le film national le plus rentable.
Petite précision, le film ne s’appelle pas Marathon en coréen mais bien « Mal-ah-ton », car le héros orthographie mal le mot dans son journal.
L’origine du film Marathon
En 2001, Bae Hyeong Jin, seulement âgé de 19 ans, termine le marathon de Chuncheon en un temps exceptionnel de 2 heures, 57 minutes et 7 secondes. L’année suivante, il terminera également un triathlon de 228,195 km en 15 heures et 6 minutes (vélo, natation, course). Il détient à l’époque deux records : celui établi par la plus jeune personne concourant ayant terminé la course, mais aussi, en tant qu’homme atteint de handicap. C’est après ces deux exploits que Park Mi Gyeong publiera le livre Cours! Hyung Jin Ah qui inspirera par la suite, le film Marathon.
Le synopsis
Yoon Cho Won est un jeune de vingt ans, atteint de trouble du spectre autistique, qui se passionne pour la course à pied. Encouragé par sa mère, Gyung Sook, il commence à participer à des petites courses de niveau local, en préparation de son but ultime, participer à un vrai marathon. Pour l’aider à atteindre ses rêves, sa mère lui trouve un entraîneur, Son Jung Wook, un ancien champion de marathon. Mais est-ce que cet entraîneur amer pourra surmonter son scepticisme et donner à Cho Won l’entraînement professionnel dont il a désespérément besoin ?
Marathon, un casting hors norme
Dans le film Marathon nous pouvons retrouver l’acteur Cho Seung Woo qui interprète le personnage de Cho Won. Ce rôle sera d’ailleurs l’un des plus marquants de sa carrière comme expliqué dans l’article de Ceci. Dans Marathon, on ne peut qu’apprécier sa qualité d’acteur surtout quand on apprend par la suite que la plupart de ses répliques sont de l’improvisation. Sa compréhension du rôle de Cho Won est telle qu’on ne peut qu’y croire.
Dans une interview sur le film, voici comment Cho Seung Woo parle de ce rôle: « […] Je me suis rendu compte que c’était un énorme malentendu de lier un enfant autiste à un modèle ou à une définition. […] Il était plutôt confortable, pour l’acteur que je suis, de s’éloigner de l’autocensure ou du regard des autres et d’exprimer honnêtement mes réactions intérieures. C’est la première fois que je suis si inconscient d’une caméra tout en jouant». (Magazine Cine21, 25 janvier 2005)
En ce qui concerne le deuxième rôle principal de Marathon, il est interprété par la grande Kim Mi Sook. Le rôle de Gyung Sook, mère de Cho Won, signe son retour au cinéma, 23 ans depuis sa dernière apparition au grand écran. Contrairement à l’interprétation de Kim Hae Sook dans le film My Brother, sorti un an plus tôt, où la mère est présentée comme forte et dure, Kim Mi Sook interprète une mère complètement différente. Son jeu nous montre une femme qui allie la force et la tendresse, le tout avec une interprétation juste et convaincante.
La réception de Marathon par la critique
Pour ceux qui hésiteraient encore, Marathon est un film qui a été salué par la critique. Lors des Grand Bell Awards de 2005, le film remporte 8 prix dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur débutant et du meilleur acteur pour Cho Seung Woo. D’ailleurs, l’acteur Cho Seung Woo remportera 4 prix de meilleur acteur pour ce rôle. Le rôle de Cho Won fait notamment partie de ceux qui vont fortement accélérer sa carrière. Voici un article de K.OWLS si vous voulez en savoir plus à son sujet.
Le film Marathon aura en outre droit à une adaptation japonaise avec, en rôle principal, Kazunari Ninomiya du groupe Arashi. À la fin du film, vous pouvez par ailleurs retrouver une interview du vrai protagoniste Bae Hyung Jin.
Un film biographique qui met en avant plusieurs thèmes
Le trouble du spectre autistique mis en avant à l’écran
Le film Marathon présente bien le trouble autistique. Il est d’ailleurs utilisé comme exemple lors de conférences universitaires liées au bien-être social, de sa sortie à nos jours. On peut retrouver des éléments tels que les troubles verbaux et l’intonation fixe lorsque Cho Won parle, une attention sélective et des comportements répétitifs, la difficulté qu’a le personnage à ressentir de l’empathie et à communiquer avec les autres. De plus, sa compréhension de la situation et ses capacités d’adaptation sont faibles et l’on s’en aperçoit bien avec la scène de la piscine, où il regarde, sans rien faire, sa mère qui se noie.
Ici, ce qui est intéressant c’est que le héros n’est pas la représentation d’une exception. Bien souvent dans les médias, c’est le syndrome du génie qui est plutôt représenté comme dans le film Innocent Witness, et les dramas Good Doctor et Extraordinary Attorney Woo. Marathon fait d’ailleurs référence de manière comique à cette partie du trouble du spectre autistique (originellement appelé autisme Asperger) avec le coach de Cho Won qui lui demande de faire un calcul mental comme le fait Tom Cruise à son frère dans Rain Main sorti en 1988 aux États-Unis.
Marathon, lui, présente un jeune atteint de trouble autistique, qui n’a de base aucune capacité extraordinaire lié à son trouble, mais qui se trouve une passion l’amenant à réussir quelque chose de grand. Les difficultés liées au handicap du héros ne sont pas cachées, mais celui-ci ne nous paraît plus aussi différent de nous à la fin du film. Ce qui correspond alors bien au combat que mène la mère du héros.
Le dévouement d’une mère
Le film Marathon est juste car il nous montre tout. Nous n’avons pas seulement un aspect positif et enjolivé du trouble autistique, mais bien une description réaliste de celui-ci. La mère de Cho Won dans le film fait face à la difficulté d’acceptation du diagnostic et la fatigue mentale dans laquelle la mettent les crises répétées de son fils. De plus, on s’aperçoit très bien que pendant une bonne partie du film, le schéma familial est perturbé : la mère du héros ne vit plus que pour lui, le frère est complètement délaissé et laissé à lui-même. Quant au père, il est quasiment entièrement absent de l’équation.
Mais plus que ça, le film nous présente bien le combat que mène cette mère, à savoir que son fils ne soit pas vu comme quelqu’un d’anormal. Et même si certaines scènes nous crèvent le cœur, notamment celle du métro où Cho Won hurle « Mon fils est un enfant spécial ». On se rend compte de la dureté des mots et surtout de l’impact que ça a pu avoir sur Cho Won, la famille et les personnes du quotidien. Cette mère est sans cesse obligée de défendre son fils contre des regards malveillants, des remarques quant à son éducation ou quant au comportement de son fils. Et ceci n’est pas simplement un fait de scénario, Park Mi Gyeong, la mère de Bae Hyeong Jin qui a inspiré le film, raconte dans plusieurs interviews ce à quoi elle a dû faire face. « Mon fils a une apparence normale, et chaque fois qu’il agit bizarrement, les autres pensent qu’il est impoli et le dévisagent ». Elle explique d’ailleurs qu’elle a accepté l’adaption de l’histoire de son fils, Bae Hyeong Jin, au grand écran car « […] de nombreuses personnes comprendraient mieux [l’autisme], et je pensais que les personnes comme Hyeong Jin seraient mieux acceptées. »
Park Mi Gyeong et son équivalent à l’écran, Gyung Sook, se dévouent complètement à leur enfant et décident, après avoir lu un livre sur le trouble autistique, de les inscrire au sport. Elles espèrent toutes les deux que cela améliorera leur condition.
Mais ce qui est aussi intéressant dans la représentation cinématographique, c’est que l’on peut se demander plusieurs fois si l’ambition de Gyung Sook est pour satisfaire un besoin personnelle ou pour son fils. À travers ce dilemme, Marathon offre une représentation profonde et complexe de la maternité en Corée. Il s’agit d’ailleurs d’un thème beaucoup représenté dans la culture coréenne avec notamment les dramas Sky Castle, Crash Course Romance, Moment Of Eighteen.
Conclusion
Marathon est un film rempli d’humanité. Il m’a fait rire et pleurer avec les mêmes répliques ! La scène où le héros écrit 42,195 km… l’émotion est au maximum. Mais il en existe tant d’autres, comme quand il court avec son sac ou qu’il inverse les lignes du mantra qu’il a avec sa mère: « Que sont les jambes de Cho Won ? Des jambes à un million de dollars… ». De plus, les acteurs sont fantastiques et la réalisation est superbe.
J’aime aussi la métaphore du film qui compare la vie à un marathon. Il ne s’agit pas d’un sprint en permanence mais bien d’une course de fond où il faut avancer à son rythme pour atteindre la ligne d’arrivée. « Si l’on court comme un guépard tout le temps, on risque de se faire rattraper et manger ».
Ainsi, si vous avez deux heures devant vous, je vous propose de les passer en compagnie de Marathon qui est dorénavant disponible sur Viki.
Sources : Hancinema | NamuWiki (1).(2) | Sens Critique | AsianWiki | Kofic | The Korea Herald | The Dong-a Ilbo | Korea JoongAng Daily | KBS World