Du 4 décembre 2019 au 9 mars 2020, le musée national des Arts asiatiques – Guimet expose l’Étoffe des Rêves où les œuvres de la styliste Lee Young Hee sont révélées au public. Une exposition saisissante qu’un de nos hiboux a eu la chance de découvrir.
De l’histoire du hanbok au hanbok haute couture
L’exposition l’Étoffe des Rêves revient sur le travail de la styliste Lee Young Hee décédée en 2018 et qui œuvra toute sa vie à la renaissance du hanbok. Les visiteurs déambulent dans les salles du musée où des pièces uniques témoignent de son labeur acharné pour faire resurgir le costume coréen.
Tout commence dans les années soixante-dix, lorsque Lee Young Hee, jeune couturière, se lie d’amitié avec l’historienne Seok Ju Seon. À cette époque le hanbok n’est plus considéré que comme un vêtement ringard et est en voie de disparition. Ensemble, les deux femmes vont entamer un long travail de reconstitution du costume coréen à travers les âges. Présentés dans les premières salles de l’exposition, ces hanbok traditionnels expliquent les différences de costumes coréens qui, n’ayant que peu changé durant la période Joseon, obéissent à un ensemble de règles complexes. Ainsi les couleurs et la soie étaient réservées aux castes supérieures, les gens du peuple étant vêtus essentiellement dans des tenues en lin ou rami blanc. Les coiffes des femmes évoluèrent aussi avec la disparition à la fin du XVIIIe siècle des lourds accessoires.
L’exposition se poursuit avec les hanbok modernes réalisés par Lee Young Hee, au cours de sa carrière. En tant que pionnière de la renaissance du costume coréen, la styliste a reçu des commandes de stars et de femmes aisées pour les habiller dans un style coréen moderne. Jouant sur les codes, Lee Young Hee coud alors des hanbok étonnants et chics. Elle joue avec les superpositions de matières et les transparences. Elle intègre des motifs modernes et réinvestit le bojagi (patchwork coréen) pour remplacer les bandes colorées des manches. Elle use alors du gris comme une couleur référante pour harmoniser la profusion de couleurs de ses pièces. Jeogori, tenues de fiançailles ou hanbok de cérémonie défilent ainsi sous les yeux des visiteurs.
Puis l’exposition entraîne les visiteurs dans la dernière salle où trônent fièrement les pièces de mode que la styliste a réalisées à partir de 1993. Audacieuses et créatives, ces pièces témoignent du vœu de Lee Young Hee de faire renaître le hanbok et de le diffuser dans toute sa modernité à l’international. C’est à partir de ce moment-là et pendant près de quinze ans que la styliste présentera ses collections à Paris lors des fashion weeks.
L’Étoffe des Rêves, un don de 1 300 pièces
L’exposition l’Étoffe des Rêves est issue d’une donation exceptionnelle de 1 300 pièces du fonds de textiles de Lee Young Hee de la part de sa fille, Lee Chung Woo, pour le musée national des Arts asiatiques – Guimet. Cette donation a eu lieu en 2019 à la suite du décès de la styliste et de la fermeture du LEE Younghee Museum of Korean Culture à New York. Le musée de l’université Dankuk où son amie Seok Ju Seon enseignait a aussi reçu une part importante des collections de la créatrice de mode.
Ce n’est pas la première exposition que le musée Guimet consacre aux arts textiles. Pour autant, il reste encore assez rare de pouvoir contempler des pièces coréennes et notamment des hanbok. Rendez-vous jusqu’au 9 mars pour découvrir les incroyables créations de Lee Young Hee. Notre Instagram présentera aussi quelques pièces.
Sources : France Fine Art | Musée Guimet | Min Jung Yeon
Article rédigé par Casado Hélène.