La tradition était de prendre soin de ses parents, de les prendre sous son toit, les nourrir et en prendre soin de façon générale. Cependant, la société évolue, les temps changent et les retraités sont de plus en plus abandonnés à leur triste sort. Hausse de la pauvreté chez les personnes âgées, de plus en plus de SDF… Le tableau se noircit en Corée du Sud pour les seniors.
Mieux comprendre le phénomène
En Corée, comme dans beaucoup de pays développés, l’espérance de vie augmente. Qui dit augmentation de l’espérance de vie dit vieillissement de la population. Le pourcentage de personnes de plus de 65 ans a dépassé les 12%. En soi, ce n’est pas forcément un problème ! Sauf que, pour beaucoup de ces retraités, la vie n’est pas si belle. Prenons l’exemple de la France, chez nous environ 10% des personnes âgées vivent sous le seuil de pauvreté. En Corée, ce n’est pas 20, ni 30 mais 50% d’entre elles qui sont considérées comme pauvres, c’est-à-dire qu’une personne âgée sur deux n’a pas assez de ressources pour manger, se loger, vivre tout simplement convenablement.
La raison à cela ? Le manque d’aide pour ces seniors. En effet, seule une minuscule pension (environ 150 €) est proposée aux plus pauvres par l’État. La retraite en Corée n’est pas la même que chez nous encore une fois. Même si pour certains corps de métier cette pension est tout à fait raisonnable (notamment pour les fonctionnaires), pour beaucoup d’autres elle ne s’élève qu’à une petite centaine d’euros par mois. Quelques chiffres : en moyenne les retraites des Coréens représentent 42% des revenus perçus lors d’une activité salariée, contre 59% pour les pays membres de l’OCDE*. Pour vous donner une idée, le salaire moyen en Corée est de 1 500 €, 59% de ce salaire moyen nous donne 885 € contre 630 € pour 42%. Dans un pays où le coût de la vie augmente, ces seniors ont du mal à tenir.
*Organisation de Coopération et de Développement Économique
Des remèdes à cette fatalité ?
Il en existe peu mais ils sont présents. Certaines personnes peuvent encore compter sur la solidarité familiale. Être hébergé et nourri par un enfant, un petit-enfant… Mais cette façon de faire se raréfie. Effectivement, que ce soit le manque d’espace, de temps ou de moyens, les jeunes peinent de plus en plus à prendre leurs parents à charge. Autre solution, mettre de côté. Cela semble évident, anticiper les vieux jours en mettant de côté un petit pécule tous les mois. Cependant, même en épargnant cela peut être difficile. En effet, l’espérance de vie augmentant, les ressources finissent un jour par s’épuiser.
D’autres font le choix de repousser au maximum cette échéance qu’est la retraite. Effectivement, certaines personnes continuent à travailler, soit « officiellement », soit « officieusement ». Il faut savoir qu’en moyenne les Coréens travaillent jusqu’à 70 ans. Et ils ne s’en plaignent pas, bien au contraire ! La fin de l’emploi pour un Coréen est comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête pour les raisons évoquées plus haut. Certains font le choix alors de continuer à travailler même après 70 ans. Il n’est pas rare à Séoul de voir des retraités nettoyer les rues au petit matin, ramasser les cartons ou bien s’improviser commerçant en vendant des légumes ou d’autres produits divers et variés.
La « génération oubliée »
Que faire quand il n’y a ni famille, ni épargne ? C’est là que se trouve le problème. Peu de solutions existent en-dehors de ces deux-là. C’est pour cela que beaucoup de retraités vivent dans la misère, s’ils ne sont pas à la rue, ils croulent sous les factures et peinent à se nourrir. C’est pour eux que se bat le pasteur Choi Seong Won, il offre un repas par semaine aux seniors les plus pauvres. Et la file d’attente ne fait que grandir chaque semaine. Le pasteur Choi s’est lancé dans cette campagne il y a 18 ans. Il s’est confié à CNN sur le sujet : « Une des raisons de l’augmentation de la pauvreté chez les personnes âgées est la crise économique qui dure en Corée depuis plus de deux ans. (…) Les gens fortunés n’auront pas de problème, peu importe la situation, mais les personnes frappées par la crise sont vraiment en difficulté. »
L’autre problème majeur émanant directement de ces difficultés est le taux de suicide chez les personnes âgées. Certaines, ne pouvant subvenir à leurs besoins, font le choix de mettre fin à leurs jours. En 2010, 4 378 seniors se sont donné la mort selon les statistiques. Ces chiffres n’aident pas à faire baisser le pourcentage global de suicides en Corée, la plaçant parmi les tristes premiers dans le classement de l’OCDE. C’est à cause du manque d’aide et de considération que les personnes âgées se désignent aujourd’hui comme la « génération oubliée » (« forgotten generation »).
Sources: CNN, Arte, Amitié France-Corée, Korea Herald