Le 9 octobre dernier en Corée c’était le jour du Hangeul. Pour les deux ou trois personnes du fond qui sont perdues, le Hangeul est l’alphabet coréen. Mais pourquoi avoir instauré un jour férié pour un alphabet ? Parce que le Hangeul n’est pas qu’un simple alphabet, toute une histoire se cache derrière ce dernier et c’est cette histoire que l’on va aborder aujourd’hui !
Un alphabet pour éduquer le peuple
Avant l’invention du Hangeul, les caractères chinois étaient utilisés pour l’écriture appelée Hanja. L’étude des caractères chinois était alors réservée aux élites ce qui rendait l’alphabétisation pas ou peu accessible aux personnes les plus pauvres. Le taux d’analphabétisme était donc élevé dans le pays, surtout dans les campagnes.
C’est en 1443 que le roi Sejong, quatrième roi de la dynastie Joseon, décide de remédier à ce problème. Son objectif était de permettre à tout le peuple coréen d’accéder à l’écriture et la lecture en créant un alphabet plus simple et plus rapide à apprendre que le chinois. C’est le 9 octobre 1446 qu’est créé Hunmin Chongum (littéralement « La vraie prononciation enseignée au peuple »), premier nom du Hangeul. À cette époque, il est dit à propos du Hangeul qu’un homme intelligent pouvait l’apprendre en un jour et un idiot en dix.

Un alphabet qui ne fait pas l’unanimité
Ce nouvel alphabet s’attire alors les foudres des intellectuels, arguant que seul le Hanja était à même de retranscrire le coréen. Ces derniers voyaient leur statut menacé par ce nouvel accès à l’éducation. Peu de temps après, c’est au gouvernement de s’opposer à cette nouvelle écriture. En 1504, le roi Yeonsangun interdit formellement l’usage et l’apprentissage du Hangeul. Le Hangeul disparaît alors des publications et le ministère en charge des recherches sur le sujet est supprimé en 1506. Cependant, l’alphabet va continuer sa route auprès du peuple ce qui va finalement le sauver. Et ce n’est que fin XIXème, début XXème, que le terme Hangeul fera son apparition officielle, introduit par Chu Shigyong.
Le Hangeul est de nouveau pris pour cible pendant l’occupation japonaise de la Corée (1894-1945). En effet, les autorités japonaises tentent d’imposer le japonais et le chinois à la place du coréen. Il était alors interdit en Corée de parler coréen, le japonais ou le chinois étaient obligatoires. À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la Corée du Nord impose l’usage systématique du Hangeul, quant à la Corée du Sud, elle continue à faire cohabiter les deux systèmes, Hanja et Hangeul. Ce n’est qu’à partir de 1995 que les journaux coréens cessent d’utiliser des sinogrammes.
Le Hangeul ajourd’hui
Beaucoup de scientifiques se sont penchés sur la question du Hangeul, certains le considèrent même comme un système d’écriture parfait. En effet, son écriture repose sur la forme que prennent nos organes vocaux quand nous la prononçons. Difficile à comprendre ? Prenons un exemple ! Le symbole ㄴ correspond au sons « n » et c’est également la forme que prend nos organes vocaux quand on le prononce ! Un petit schéma sera peut-être plus clair…
Aujourd’hui, même si le Hangeul est devenu l’alphabet officiel de la Corée, on enseigne encore le Hanja mais cet enseignement sert surtout à distinguer les homophones ainsi que pour écrire les noms et prénoms.
Sources : Wikipédia, Typographie.org, « Histoire de la Corée, des origines à nos jours » par Pascal Dayez-Burgeon