La Corée du Sud est depuis plusieurs années l’un des pays les plus avancés en termes d’intelligence artificielle, au point de la retrouver de manière récurrente dans les médias nationaux. Mais la création d’un girls band entièrement numérique vient de marquer une nouvelle étape dans la démocratisation de l’intelligence artificielle au pays du matin calme.
Quelle place pour l’intelligence artificielle en Corée du Sud ?
En 2019, le gouvernement sud-coréen de Moon Jae In a affirmé vouloir faire monter avant 2030 la Corée du Sud au dixième rang en termes de qualité de vie parmi les États membres de l’OCDE. Grâce à l’intelligence artificielle, la Corée du Sud deviendrait alors le troisième pays en termes de compétitivité numérique dans le monde.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Les investissements dans le domaine de l’intelligence artificielle se multiplient en Corée du Sud. Il y a quelques jours, le groupe SoftBank, une des principales banques du pays, a investi 146 millions de dollars dans une compagnie spécialisée dans l’intelligence artificielle. Kakao, autre grande compagnie sud-coréenne, a également développé une branche spécialisée dans ce domaine. En parallèle, les start-ups sud-coréennes multiplient leurs partenariats avec des entreprises étrangères.
L’intelligence artificielle dans les médias sud-coréens
Depuis 2020, l’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans les médias sud-coréens. En novembre 2020 par exemple, une intelligence artificielle présentait le journal télévisé pour la première fois sur la chaîne MBN.
Cet exploit est reproduit en décembre 2021, lorsque le candidat conservateur aux élections présidentielles sud-coréennes, Yoon Suk Yeol, laisse une intelligence artificielle parler à sa place pendant un discours d’une minute. Malgré les quelques défauts de l’avatar, celui-ci montre l’engagement numérique du candidat, qui soutient les start-ups et l’innovation numérique en Corée du Sud. Son initiative est par la suite imitée par d’autres candidats.
L’intelligence artificielle passe au stade supérieur dans le divertissement
L’intelligence artificielle est visible dans le divertissement depuis 2020, année où est créée la première influenceuse virtuelle LOCUS, rapidement achetée par le groupe Naver. En parallèle, l’intelligence artificielle fait ses débuts dans le monde de la K-Pop, déjà réputée pour être futuriste, lorsque l’agence SM Entertainement attribue des avatars virtuels à chaque membre de son nouveau girls band Aespa.
Mais c’est avec le groupe ETERN!TY qu’une nouvelle étape a récemment été franchie. Si au premier coup d’œil, ETERN!TY est un girls band comme les autres, les apparences sont bien trompeuses : aucune des onze membres du groupe n’existe réellement. En effet, ETERN!TY est un groupe développé par Pulse9, une compagnie spécialisée dans l’intelligence artificielle. Pour réaliser cette prouesse technologique, Pulse9 a développé le « deep real », un programme qui s’appuie sur vingt ans de données récoltées à partir de chanteurs K-Pop.
Les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle
Face à la démocratisation de l’intelligence artificielle dans de nombreux secteurs sud-coréens, l’éthique de cette pratique est régulièrement pointée du doigt. En effet, il devient de plus en plus difficile de différencier le vrai du faux, notamment dans le monde de l’audiovisuel.
Et les répercussions ne se font pas attendre : déjà en 2020, plusieurs célébrités féminines sud-coréennes ont été victimes de « deepfakes » qui circulaient sur les sites pour adultes. Aujourd’hui, alors que les intelligences artificielles ont gagné en performance, les risques de dérives sont encore plus importants, que ce soit en termes de données collectées ou d’image publique.
Sources : Bienvenue en Corée du Sud | The Korea Herald | The Diplomat | The Korea Economic Daily | The Korea Times