C’est l’actualité qui fait la une des journaux coréens depuis une semaine : le 15 octobre, un incendie s’est déclaré dans un centre de gestion de données, provoquant une panne totale chez Kakao, le géant de la technologie. Une panne d’une telle ampleur que la société sud-coréenne a été paralysée plusieurs jours…
Un incendie aux graves conséquences pour Kakao
Tout commence le 15 octobre, lorsqu’un incendie touche un centre de gestion de données au sud de Séoul dans lequel sont stockées les données du groupe Kakao, déclenchant une panne. Pendant plusieurs heures, les services du géant numérique sont inaccessibles ou subissent des problèmes de fonctionnement : Kakaotalk (première messagerie mobile du pays avec 43 millions d’utilisateurs actifs), Kakao Pay, Kakao Games, Daum, Melon, Kakao Webtoon, Kakao T… Seul KakaoBank, dont le centre financier est à l’ouest de Séoul, est épargné.
Si l’incendie est rapidement éteint et que 40 % des données sont restaurées le lendemain selon le groupe Kakao, le retour à la normale des services du groupe prend plus de temps que prévu et ses actions chutent en bourse.
Le 19 octobre, un des P.D.G. de Kakao, Whon Nam Koong, assume publiquement ses responsabilités dans l’incident et s’excuse avant de démissionner. Kakao annonce en même temps la construction d’un autre centre de gestion de données à Ansan, qui devrait être opérationnel en 2023.
Une panne qui révèle la dépendance de la Corée du Sud à Kakao
Une fois n’est pas coutume, l’ensemble de la classe politique critique l’incident et sa gestion par le groupe Kakao, en les qualifiant de « désastre ». En ne prévoyant pas de systèmes de sauvegarde appropriés afin d’économiser des coûts, Kakao n’aurait pas assumé ses responsabilités d’entreprise dominante sur le marché. Le 17 octobre, le fondateur de Kakao Kim Beom Su est convoqué à une audition parlementaire à l’Assemblée nationale.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol appelle le groupe Kakao à rapidement régler la situation. Dans une société ultra-connectée comme la Corée du Sud, la gestion des données serait une question de sécurité nationale et concernerait directement les citoyens. En effet, de nombreux secteurs ont été paralysés par cette panne.
Le 18 octobre, le Premier ministre Han Duck Soo appelle au renforcement de la coopération entre le secteur public et le secteur privé, en demandant de mettre en place des mesures législatives qui empêcheraient que de tels incidents se reproduisent. La Corée du Sud, un pays qui doit être suffisamment préparé face à d’éventuelles cyberattaques nord-coréennes, ne peut se permettre de telles failles de sécurité au sein de ses propres entreprises.

Cette panne ayant touché pratiquement tous les secteurs du pays (réseaux sociaux, entreprises, finances, transports), elle révèle en outre la dépendance de la Corée au groupe Kakao. Cela n’a pas manqué de relancer le débat sur les monopoles et le degré de régulation du marché sud-coréen, certains députés demandant plus de transparence de la part des groupes privés.