Dans ce film, présenté au Festival du Film Coréen de Paris (sous le titre de Sinkhole) l’année dernière et désormais disponible en DVD et VOD, le réalisateur Kim Ji Hoon (As One) tente de proposer une approche différente aux films catastrophe.
Plongez à 500 Mètres Sous Terre

Informations
- Titre original : 싱크홀
- Titre anglais : Sinkhole
- Pays : Corée du Sud
- Réalisation : Kim Ji Hoon
- Scénario : Jeon Cheol Hong & Kim Jung Han
- Date de sortie : 11 août 2021
- Durée : 113 minutes
- Genres : drame, comédie
- Avertissement : 12 ans et plus
Synopsis
Après onze ans à économiser, Park Dong Won, sa femme Yeong Yi et leur jeune fils sont enfin propriétaires d’un appartement à Séoul. Pourtant, la famille déchante vite en constatant plusieurs problèmes dans leur supposé appartement de rêve : l’eau ne s’écoule pas bien, certaines vitres se fissurent ou cassent, le plancher n’a pas l’air très droit. Le tout, sans compter un voisin un peu envahissant qui semble travailler partout dans le quartier.
Le rêve tourne finalement au cauchemar quand l’immeuble s’enfonce dans une énorme doline cinq cent mètres plus bas. Pris au piège, Dong Won, son voisin et les autres survivants vont tenter de survivre en espérant l’arrivée des secours.
Distribution de 500 Mètres Sous Terre
Pour cette comédie vous pouvez retrouver Kim Sung Kyun (D.P.) qui a déjà prouvé sa qualité dans ce genre. Il interprète Park Dong Won, le rôle principal. Mari et père de famille, il est très fier d’être enfin propriétaire. Parfois un peu ridicule, son personnage sait faire l’autruche face aux petits problèmes qui s’accumulent. Mais dans les moments les plus dramatiques et stressants, il saura prendre les choses en main et se montrer débrouillard et courageux.
Face à lui, le talentueux Cha Seung Won (Our Blues) interprète le voisin de Dong Won, Jeong Man Soo. Voisin quelque peu envahissant, qui semble apparaître à n’importe quelle occasion, il est en fait père célibataire élevant seul son fils de dix-sept ans, enchaînant les petits boulots pour subvenir aux besoins de son fils. Derrière une apparence un peu rustre, se cache un homme avec beaucoup de cœur et d’humanité, prêt à tout pour son fils.

Vous pouvez également retrouver Lee Kwang Soo (The Killer’s Shopping List) dans le rôle de Kim Seung Hyeon. Collègue de Dong Won, il se trouve à l’appartement au moment de l’effondrement de l’immeuble alors qu’il fêtait la pendaison de crémaillère de son supérieur. La très en vue Kim Hye Jun (Inspector Koo), qui campe Eun Joo, connaît le même sort. Collègue elle aussi de Dong Won, elle fait partie des survivants à attendre désespérément les secours.
À noter également les prestations remarquées de Nam Da Reum (The 8th Night) dans le rôle de Jeong Seung Tae, le fils un peu rebelle de Man Soo, et l’adorable Kim Geon Woo (The Uncanny Counter) dans le rôle de Park Soo Chan, le jeune fils de Dong Won.
500 Mètres Sous Terre : entre fraîcheur et réchauffé
Le drame par l’humour
Si 500 Mètres Sous Terre (ou Sinkhole à l’international) semble tout avoir du film catastrophe classique, le réalisateur nous plonge dans son univers à contrepied dès la scène d’ouverture. Contrastant avec le ciel gris et la pluie, la musique enjouée, pleine de cuivres, donne le ton : malgré les apparences sombres, le film va s’amuser à jouer avec les attentes du spectateur liées au genre du film catastrophe et nous offrir un résultat bien plus proche de la comédie, un peu noire parfois.
Et très vite, les mécanismes se mettent en place : le sourire est là quand le personnage de Cha Seung Won continue d’apparaître dans le quotidien de la famille Park comme un destin inéluctable dans des situations toutes différentes et plus cocasses les unes que les autres. Les rires fusent quand le sort continue de s’acharner contre le personnage de Kim Sung Kyun qui, d’abord frustré et outré, finit par se résigner de son sort par des mimiques sans équivoque.


Constamment le film continue d’opposer le décor et la situation des personnages (sombre, désespérée, alarmante) et leur écriture à échelle humaine : exit les survivants incroyables qui deviennent des héros dans les films américains du genre ; ici, les survivants sont beaucoup moins infaillibles, souvent ridicules et même parfois nuls en survie. Mais c’est là peut-être la force majeure du film, car il devient alors beaucoup plus facile de s’identifier aux personnages qui exsudent une certaine humanité qui transparaît à l’écran et sublime les quelques moments d’émotions.
Car à l’instar d’un Alexandre Astier qui utilise le prisme de la comédie – un genre « très sérieux » (voire making-of du Livre VI) – pour faire vivres toute sortes de drames à ses personnages, l’équipe technique de 500 Mètres Sous Terre choisit le même chemin. Même si l’effet ne fait pas mouche à chaque fois, c’est cependant grâce au contraste développé tout au long du film que les scènes d’émotion – notamment la dernière scène aux étages inférieurs de l’immeuble – et le suspense des trente dernières minutes fonctionnent malgré des situations parfois invraisemblables.
La famille dans 500 Mètres Sous Terre
Si ces scènes d’émotion fonctionnent c’est aussi grâce à l’un des thèmes principaux du film : la famille. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si à mesure que le film se développe, les personnages principaux sur qui l’intrigue se concentre véritablement sont Dong Won et Man Soo, deux pères. Et très vite, plutôt que survivre eux-mêmes, leur quête cherche avant tout à sauver leur fils respectif. Mais si c’est là l’aspect le plus visible de ce thème, ce n’est pas tout.
Pour 500 Mètres Sous Terre, la famille est multiple. Il y a bien sûr la famille de sang, sous des formes diverses : un couple marié et un enfant pour les Park, un père célibataire avec Man Soo, une mère âgée et son fils adulte ou encore une mère célibataire avec son jeune fils. Mais à mesure que le film avance, c’est aussi la famille de cœur, de choix, qui est mise en lumière : Dong Won, Man Soo, Seung Hyeon et Eun Joo finissent par former une famille de fortune bien décidée à survivre ensemble. La scène finale en est d’ailleurs bien la preuve.



Cette notion d’entraide, de famille qui se lie, est un point important du récit : c’est ce qui tient les survivants en vie, en attendant les secours, et c’est ce qui peut conduire d’autres à leur perte. Je pense notamment au pauvre petit Seong Hoon qui, en retrait et éduqué par sa mère à ne jamais répondre à la porte en son absence, court à sa perte alors même que Man Soo avait toqué à sa porte peu avant l’effondrement de l’immeuble. Il en est de même pour la vieille dame et son fils qui, sans le désistement de la sœur pour accompagner leur mère aux bains, ne se seraient sans doute pas trouvés dans l’appartement. Le contraste n’en est que plus vif lorsque juxtaposé avec Soo Chan qui parvient à survivre en faisant confiance à ce qu’il voit et qui il voit pour s’extirper des étages inférieurs, sorte de royaume des morts ou d’entre-deux dont la vieille dame est la gardienne.
Dans le film, la famille, l’entraide et les liens sociaux sont le remède à la situation désespérée, sont l’espoir de survie des personnages.
Un plan pas toujours infaillible
Si le film sait montrer un autre visage que celui des films catastrophe habituels, il n’en garde pas moins quelques défauts qui peuvent déranger le visionnage.
Tout d’abord, il faut bien comprendre que le film fonctionne bien mieux en usant de la suspension consentie de l’incrédulité (ou plus communément appelée en anglais suspension of disbelief). Il s’agit tout simplement de mettre de côté son scepticisme (voire sa rationalité) dans le cadre de la consommation d’une œuvre de fiction (livre, film, série ou encore pièce de théâtre). Vous rétorquerez sans doute que c’est le cas pour la plupart des films catastrophe voire des films tout court. Certes. Mais quelques passages du film nécessitent de ne pas y regarder à deux fois pour fonctionner (je pense notamment aux scènes du personnage de Man Soo dans le dernier quart d’heure par exemple).


Ensuite, je dois avouer ne pas avoir été très convaincue par la performance de Lee Kwang Soo. Si l’acteur est loin d’être mauvais, il nous a habitués à mieux. Et je trouve également dommage de le voir dans un rôle similaire à ceux qu’il a déjà pu jouer par le passé : exubérant, défaitiste, parfois pathétique et très peureux. En somme, rien de nouveau et c’est bien regrettable quand on connaît les qualités de l’acteur.
Enfin, si l’on a vu que les liens familiaux semblent avoir une certaine importance dans le film, on peut regretter que les personnages des mères et, de manière générale, les personnages féminins soient relativement limités dans leurs actions ou leurs scènes, aussi bien à la surface que sous terre.
Conclusion
Sans révolutionner le genre, 500 Mètres Sous Terre a le mérite de proposer autre chose que les films catastrophe très sombres et angoissants, malgré quelques défauts. Avec un quatuor de personnages attachants et un humour au rendez-vous, le film est un bon divertissement pour passer un après-midi ou une soirée bien au chaud chez soi. Et le tout, sans risquer de s’enfoncer dans un cratère immense.
Sources : Han Cinema | Daum
Remerciements : MENSCH Agency