Mi-septembre, la police sud-coréenne a annoncé le lancement de la campagne « Toc toc » afin de promouvoir un système d’appel d’urgence silencieux, conçu pour rapidement protéger les victimes de violences domestiques.
Les violences domestiques en Corée du Sud
La violence conjugale est la forme de violence familiale la plus répandue en Corée du Sud : un couple sur six a connu des épisodes de violences physiques. La culture coréenne, qui considère davantage la violence conjugale comme une question privée que comme un crime, participe à ce phénomène. 50 % des personnes concernées déclare ne pas vouloir contacter la police pour une « affaire familiale ».
En 2015, l’Institut coréen de criminologie effectue une étude sur les violences entre partenaires sexuels (hors mariages). Il en conclut que le nombre de crimes sexuels a été multiplié par 3,2 entre 2005 et 2014 et que 10 % des homicides sont commis par des amants.
En 2018, le gouvernement sud-coréen adopte un plan pour la politique d’égalité des sexes sur la période 2018-2022, pour réduire les violences à l’égard des femmes. Le budget consacré aux questions de genre augmente également à 7,4 % (contre 3,7 % en 2010). Ces progrès sont soulignés par l’ONU.
Depuis 2020, la crise sanitaire de la COVID 19 a légèrement modifié la situation. En 2022, l’Agence nationale de la police sud-coréenne constate une baisse de 9 % de cas de violences domestiques signalés par rapport à 2019. Mais si on pourrait croire que ce nombre illustre une diminution du nombre de cas de violences domestiques, ce n’est pas le cas selon la police. En effet, ce chiffre s’expliquerait par le fait que de nombreuses victimes ne peuvent pas contacter la police à cause de leur proximité avec leur agresseur et de l’absence de contact externe.

Campagne de la police contre ces violences domestiques
L’Agence nationale de la police sud-coréenne a donc créé, en collaboration avec l’agence Cheil Worldwide, la campagne « Toc toc » afin de venir en aide aux victimes de violences. Il s’agit d’un système d’appel d’urgence silencieux, grâce à un numéro spécial et un mode de communication en morse permettant aux personnes de dénoncer leurs bourreaux aux forces de police.
Pour être plus précis, cette initiative repose sur l’utilisation d’un code morse international, qui permet de transmettre des informations grâce à une série de combinaisons de signes, gestes et sons.
La personne en détresse peut donc composer le numéro de la police puis appuyer deux fois sur n’importe quel numéro, ce qui lui permet d’obtenir un lien cliquable qui envoie sa localisation à la police. Cela déclenche la caméra du téléphone, permettant à la police de surveiller la situation. En outre, la victime peut contacter la police par un chat secret, dont l’interface ressemble à une page de recherche Google, évitant ainsi d’éveiller les soupçons.
Si la campagne « Toc toc » insiste sur l’utilité de ce système pour lutter contre les violences domestiques, il peut également servir en cas d’autres cas de maltraitances, notamment pour les enfants.
La police sud-coréenne espère que cette campagne permettra au public de « toquer » plus facilement à la porte de la police. Ce nouveau système devrait aider à la fois les victimes, mais aussi la police à réagir plus rapidement et efficacement.


Sources : The Korea Times | The Korea Bizwire | Little Black Book | Creapills