À propos de l’auteure
Keum Suk Gendry-Kim est une manhwaga et artiste sud-coréenne installée en France. Elle commença le dessin dès l’âge de 12 ans. Après des études d’art à Séoul, elle vint étudier aux beaux-arts de Strasbourg. Travaillant sur plusieurs médiums, elle sculpte et dessine, mais pratique aussi la création vidéo et la céramique. L’expressivité de son style graphique séduit de plus en plus de lecteurs. Aujourd’hui, plusieurs nationalités d’éditeurs diffusent ses manhwa.
Résumé
Gusoon est la neuvième enfant d’une famille de la région du Jeolla. Un jour, ses parents décident de partir s’installer à Séoul. Mais la vie là-bas est très rude. Dans ce récit autobiographique, Keum Sul Gendry-Kim raconte son enfance en Corée du Sud.
Mon avis sur Le chant de mon père
Ce manhwa est l’un de mes coups de cœur du moment. Sur le plan graphique, le rythme, l’histoire et la narration, il me semble vraiment complet ! C’est un très bel ouvrage qui raconte la Corée par l’entrée de l’histoire personnelle.
Le chant de mon père raconte avant tout l’histoire d’une enfance, celle de Gusoon, une Coréenne originaire de la province du Jeolla que ses parents ont quitté pour rejoindre Séoul dans les années 1970. Essayant d’échapper à la misère, la famille découvre vite la dureté de la vie urbaine. La dictature transparaît douloureusement contre les habitants qui tâchent jour après jour de survivre.
Vendeurs de rue, les parents de Gusoon craignent les autorités qui les chassent de certains quartiers à coups d’arguments matraquant. Au loin, dans la province abandonnée, des cousins disparaissent au détour de 1980. Le livre raconte aussi la dureté de la vie qui pèse sur les femmes de la famille : l’arrière grand-mère est abandonnée avec ses enfants par un mari yangban oisif, la mère prend soin de ses frères ingrats et malhonnêtes, les oncles battent Gusoon et la sœur abandonnée par son époux meurt seule de maladie.
Un graphisme expressif
Le récit est très dur. Mais il est raconté avec cette touche drôle et sensible qui le rend doux à lire. L’expressivité des personnages est accentué par la technique d’encre qui rappelle la peinture traditionnelle coréenne. Les paysages nostalgiques de Corée s’esquissent ainsi le long des pages suivant l’enfance et l’adolescence de Gusoon.
Changeant de rythme, la mise en case s’alterne fluidement faisant ainsi varier la narration : les anecdotes de l’enfance sont dessinées en trois cases tandis que les temps passés en France avec la mère sont racontés en six. Certaines parties du récit sont peintes, prenant alors l’entièreté de la page. Cette forme très libre de mise en case sert le récit dans la narration, mais offre aussi un rythme entraînant qui nous incite à tourner les pages.
Le chant de mon père est un manhwa que je vous conseille fortement si vous voulez découvrir une partie de la Corée qui reste assez méconnue de ce côté de la planète. Les planches de paysages de campagne vous transporteront dans une Corée que nous ne sommes pas si nombreux à avoir pu explorer. Le style de l’illustratrice en saisira plus d’un parmi vous pour peu que le noir et blanc ne vous rebute pas. En sommes, j’ai adoré ! Et j’espère qu’il vous plaira autant qu’à moi.
Où le trouver ?
Le chant de mon père de Keum Suk Gendry-Kim, Ed. Sarbacane, ISBN: 978-2-84865-499-7, 2012
Sources : site de l’auteure | sarbacane
Article rédigé par Casado Hélène.