Pour ma première lecture coréenne, je suis tombée sur le livre Parce que je déteste la Corée de Chang Kang Myoung. Intriguée par ce titre choc, je me suis lancée dans cet ouvrage qui traite du phénomène Hell Joseon.
Quelques infos sur l’auteur et résumé du livre
Ce titre est le premier livre du journaliste Chang Kang Myoung. Avec onze années d’expérience, il se lance dans la fiction en 2015, évoquant dans ses écrits des sujets d’actualités et les analysant. Parce que je déteste la Corée devient un best-seller malgré le sujet pointant un vrai problème de société. En France, il est publié en 2017 par les éditions Philippe Picquier.
Dans ce premier essai, nous faisons connaissance avec Kyena, jeune coréenne qui décide de changer de vie. Elle quitte tout : famille, amies et son petit-ami prêt à se marier avec elle. Cependant, cette vie ne lui convient plus. Elle part donc de son pays natal et choisit de s’expatrier en Australie, sans connaître grand-chose. C’est donc dans ce projet que nous accompagnons cette coréenne qui veut concilier ses envies et rêves face à une réalité complexe. Et ce sera loin d’être idyllique.
Mon avis
La base de l’histoire n’est pas particulière. Le voyage permet de s’éloigner un temps, se changer les idées et faire le point sur notre vie. Ce qui est plus criant, c’est que l’on sent ce besoin chez Kyena d’échapper aux nombreuses pressions, mais le fait d’être coréen semble être un frein à ce projet. S’expatrier n’est pas forcément bien vu, car la Corée du Sud tient à garder la meilleure réputation possible.
À travers sept chapitres, cette coréenne de 27 ans fait un choix radical. D’un point de vue sociétal, elle a tout pour être heureuse. Pourtant, elle ne s’épanouit pas. Héroïne ordinaire, elle fait partie de cette génération coréenne, « Hell Joseon », qui souffre au sein de son propre pays et ne trouve pas vraiment sa place au sein de la société coréenne. Ce phénomène social a d’ailleurs été traité maintes fois dans les œuvres coréennes (dans le film After My Death par exemple).
Issue d’un milieu très modeste, les parents de Kyena comptent sur elle pour les aider financièrement sans demander de faire autant d’efforts à ses sœurs. Depuis sa naissance, elle souffre de cette condition et de son habitat vétuste. Bien qu’elle n’ait pas étudié dans une université cotée, elle a réussi à être embauchée dans une grande banque, mais ses perspectives d’avenir dans l’entreprise ne semblent pas fameuses. À cela s’ajoute un peu d’éthique qui ne va pas dans le même sens que l’ambition requise et attendue. De plus, son petit-ami est prêt à tout pour elle, ce qui n’est pas du tout le cas des parents du jeune homme. La différence de classes sociales fait que notre héroïne est complètement méprisée. Quand elle se trouve face à la question du mariage, elle est obligée de tenir compte de l’attitude des beaux-parents.
Fort de son sujet, l’auteur nous esquisse le portrait d’une Corée exigeante envers ses jeunes et ceux qui sont en bas de l’échelle sociale. Ils doivent donner toujours plus d’énergie et sans se plaindre. Mais cette répression à de mauvais côtés. Quand Kyena rencontre ses amies, les bavardages tournent vite aux plaintes incessantes et redondantes, le tout accompagné par l’alcool. Finalement, elle ne peut être aidée par son entourage. C’est ainsi que sa décision prend forme : partir en Australie !
Si la Corée représente le passé et la pression, l’Australie est porteuse d’espoir sans pour autant être présentée comme la solution idéale. Ce changement de vie n’est pas aussi simple. Kyena ne parle pas anglais et doit apprendre à faire face à une nouvelle mentalité. A contrario de ses congénères, qui semblent nombreux, elle ne reste pas dans l’idée d’être une coréenne en Australie, mais expérimente et essaye réellement de s’intégrer comme en témoignent ses relations et les boulots qu’elle effectue, loin d’être facile. Elle s’accroche et fait face aux difficultés qu’elle rencontre, parfois assez saugrenues. Sa nouvelle vie lui réserve beaucoup de surprises.
Bien que déterminée, Kyena ne peut se détacher totalement de la Corée. Ji Miyeong, son ancien petit-ami, en est le parfait symbole, ce que j’ai trouvé ingénieux, car notre héroïne va se faire prendre au piège. Et c’est ce retour en arrière qui lui permet enfin de prendre conscience de ce qu’elle veut réellement. Cette fois-ci, son choix apparaît alors comme une délivrance et moins comme un caprice ou une décision irrationnelle, prise sur un coup de tête.
Conclusion
Ce livre est vraiment intéressant pour apporter un éclairage sur la génération « Hell Joseon » et les difficultés que ces jeunes doivent affronter dont Kyena fait partie. Toutefois, j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire et il m’a fallu prendre du recul et laisser passer quelques jours pour apprécier ce roman. Il est également assez court. J’ai eu un petit sentiment d’inachevé en terminant ma lecture, j’aurais voulu en savoir un peu plus sur l’évolution de certains personnages.
Si vous souhaitez en savoir en peu plus sur l’avis de Chang Kang Myoung concernant cette jeunesse coréenne, je vous conseille cette interview réalisée par le journal Libération.
Où trouver Parce que je déteste la Corée ?
Parce que je déteste la Corée. Chang Kang Myoung. Éditions Philippe Picquier. 2017. ISBN-13 : 978-2-8097-1276-6