De nos jours, la Corée est reconnue comme un pays important pour tout ce qui est procédures cosmétiques et chirurgies esthétiques. Plus de 400 ans auparavant, elle faisait déjà l’histoire avec la publication du Donguibogam, une encyclopédie médicale toujours en utilisation aujourd’hui. Pour sa valeur, le Donguibogam fut listé dans le registre de la Mémoire du Monde de l’UNESCO en 2009. Heo Jun est le médecin et auteur derrière cet ouvrage majeure qui a marqué le monde médical.
Qui est Heo Jun ?
Heo Jun (허준), ou Cheongwon pour son prénom social (자) ou encore Guam (구암) de son nom de plume, est né en 1539, sous la dynastie Joseon (1392-1910). De par sa mère concubine, Heo Jun ne peut conserver le statut noble de son père, Heo Ron (허론). Cependant, suite à son éducation, il décide de faire de la médecine sa voie.
Heo Jun est nommé médecin de la cour à 33 ans, il a prouvé son talent et sa loyauté tant qu’il est promu comme médecin du roi à 37 ans. En addition à son travail de médecin, il écrit une dizaine de publications académiques, parmi lesquelles le Donguibogam (1613). Heo Jun se vit confier cette tâche monstrueuse grâce à sa relation de confiance avec le roi Seonjo (1552-1608). Développée au fil du temps, c’est une confiance dans ses compétences médicales, après l’avoir soigné de la variole lorsqu’il était encore prince héritier, ainsi qu’une claire loyauté envers le roi Seonjo en l’accompagnant en exil pendant l’invasion japonaise de 1592. Au décès du médecin royal en chef, Heo Jun est promu à cette position, il avait alors 63 ans.
Âgé de 75 ans, Heo Jun publia le Donguibogam ainsi que deux autres ouvrages portant sur les traitements d’épidémies, puis décéda deux ans plus tard (1615).
Ses publications
Heo Jun a écrit 10 publications, voici la liste avec leur nom coréen, Hangeul, Hanja, et date d’achèvement si disponible :
- Liste des Médecins Royaux, Naeui Sunsaen An (내의선생안, 內醫先生案, 1605)
- Recueil des principes d’obstétrique avec une traduction en coréen, Unhae Taesan Jipyo (언해태산집요, 諺解胎産集要, 1607)
- Prescriptions en cas d’urgence et traduction en coréen, Unhae Gugeupbang (언해구급방, 諺解救急方, 1608)
- Traité sur la variole et traduction en coréen, Unhae Duchang Jipyo (언해두창집요, 諺解痘瘡集要, 1608)
- Miroir de la Médecine Orientale, Donguibogam (동의보감, 東醫寶鑑, 1610)
- Recueil illustré de Prescriptions, Doctrines, prise de pouls, Chando Banglon Magkyul Jipseong (찬도방론맥결집성, 纂圖方論脈訣集成, 1612)
- Nouveau recueil pour prévenir les épidémies, Shinchan Byukonbang (신찬벽온방, 新纂辟瘟方, 1613)
- Prescriptions divines pour prévenir les épidémies, Byukyeok Shinbang (벽역신방, 辟疫神方, 1613)
- Médicaments de fin d’année, Napyak Jeungchi Bang (납약증치방 臘藥症治方, XVIIe siècle)
- Noms de médecins à travers l’histoire, Yukdae Uihak Sungshi (역대의학성씨, 歷代醫學姓氏, XVIIe siècle)
Les publications de Heo Jun démontrent son intention d’être utile à la population de son temps, une population victime de nombreuses épidémies et qui n’a pas accès à la littérature en Hanja. Pour cette raison, en plus du Donguibogam, trois ouvrages discutent les épidémies et/ou contiennent des traductions coréennes.
Qu’est-ce que Donguibogam ?
Donguibogam (동의보감), parfois écrit Dongui Bogam, peut être traduit par Le Miroir de la Médecine Orientale, ou Treasured Mirror of Eastern Medicine (en anglais). Publié en 1613, le Donguibogam est une encyclopédie de médecine traditionnelle, compilation de publications médicales coréenne et chinoise. Le Donguibogam était un ouvrage essentiel pour l’accès du grand public aux soins médicaux préventifs et complets. Cette encyclopédie a permis la diffusion de la médecine traditionnelle coréenne et d’établir celle-ci comme Médecine Orientale.
Le contexte autour de la rédaction
L’ouvrage commandé en 1596 par le roi Seonjo, demanda à Heo Jun 15 ans d’écriture avant sa publication en 1613.
Heo Jun y travailla de nombreuses années en exil à Euiju, d’abord lors de l’invasion japonaise, connue comme la guerre d’Imjin (임진왜란) ou guerre de 7 ans (1592-1598). Il entama ce projet avec des membres de l’équipe médicale de la cour. Cependant ils n’ont pu que esquisser le plan du manuscrit avant une résurgence d’efforts militaire de la part du Japon en 1597, qui les force à se séparer.
Suite à la fin de la guerre, le roi retourna au palais, Heo Jun poursuivit son travail comme médecin du roi puis de médecin royal en chef, ainsi que la rédaction du Donguibogam et d’autres publications.
Au décès du roi Seonjo (1608), Heo Jun prend la responsabilité et est exilé une fois de plus à Euiju. Cet exil lui donne davantage de temps à consacrer à la rédaction du manuscrit. Deux ans plus tard, il finit le Donguibogam et revint pour présenter son travail au roi Gwanghaegun (1575-1641).
Le contenu
Formé de 25 volumes, le Donguibogam référence 180 livres médicaux et est organisé par thème : médecine interne, médecine externe, maladies diverses, remèdes dont les herbes et l’acupuncture.
Grâce aux prescriptions suggérées après chaque section, l’encyclopédie est très complète et permet l’accès aux moins favorisés. De plus, Heo Jun inclut de nombreuses annotations en Hangeul et pour les herbes sont indiquées avec leur nom coréen sous le nom chinois pour une récolte plus abondante et accessible au grand public.
Impact aujourd’hui
La plupart des ouvrages signés Heo Jun ont fait preuve de recherches académiques bien après leur publication. Le Donguibogam ayant certainement le plus grand impact, celui-ci est encore utilisé par 80 à 90 % des médecins pratiquant la médecine coréenne orientale. Heo Jun a aussi été représenté dans plusieurs dramas et films, le plus récent étant le K-drama Live up to your name (2017).
Sources : UNESCO | Korea.net | The Korea Herald
Donguibogam, Treasured mirror of Eastern Medicine: Overview introduction and contents (2013), publié par le Ministry of Health and Welfare, ISBN 978-89-5970-134-6