Deux ans après Extracurricular, Netflix dévoile avec Juvenile Justice une autre facette du système coréen : la justice pour enfants. Le spectateur découvre ainsi le système punitif coréen dans des affaires assez diverses.
Juvenile Justice remplit tous les codes d’un law drama* classique et convainc par son efficacité. Sa seule originalité réside dans son objet : les jeunes délinquants. Cet angle de vue invite à une vraie réflexion sur les peines à octroyer… Juger plus durement ? Laisser une autre chance ? Les réponses sont laissées à la discrétion du spectateur. Les 10 épisodes sont disponibles sur Netflix depuis la fin février 2022.
*Drama centré sur le domaine du droit et de la justice coréens. Les personnages mis en scène peuvent être des juges, des procureurs, des avocats, des étudiants en droit, etc.
Une belle équipe pour Juvenile Justice
Avec Juvenile Justice, Kim Min Sook signe son premier scénario drama. Il a collaboré avec Hong Jong Chan, réalisateur de plusieurs dramas à succès de ces dernières années : Dear My Friends (2016), Life (2018) et Her Private Life (2019).
Cette fois, la charismatique Kim Hye Soo troque sa place d’avocat dans Hyena (2020) pour celle de juge. L’excellent Signal (2016) reste également dans nos mémoires. Dans Juvenile Justice, elle donne la réplique à Kim Mu Yeol (Bad Guys en 2017, Grid en 2022), à Lee Sung Min (Misaeng en 2014, Money Game en 2020) et à Lee Jung Eun (Once Again en 2020). Ce casting de choix est contrebalancé par des acteurs adolescents assez peu voire pas connus. À voir si le drama les propulsera sur le devant de la scène dans le futur.
Synopsis et personnages de Juvenile Justice
Synopsis : la juge Sim Eun Seok (Kim Hye Soo) exècre les délinquants juvéniles alors même qu’elle est juge pour enfants. Connue pour requérir toujours les peines maximales, elle est transférée à la cour du district de Yeonhwa pour s’occuper d’affaires de délinquance.
Juvenile Justice se concentre sur quelques personnages clés – les membres de la section juridique à laquelle les deux juges incarnés respectivement par Kim Hye Soo et Kim Mu Yeol appartiennent – et un florilège d’autres personnages qui se succèdent au fil des épisodes.
De gauche à droite : Kim Hye Soo, Kim Mu Yeol, Lee Sung Min
Sim Eun Seok est une juge connue pour toujours privilégier la peine maximale. Intransigeante, elle a une foi sans faille dans ses valeurs et son jugement ce qui l’amène souvent à se confronter à sa hiérarchie. Mais la carapace est vite percée à jour, sa haine des jeunes délinquants ne vient pas de nulle part. Reste à savoir quel événement traumatique la pousse à une telle froideur et à une telle intransigeance.
Par ailleurs son personnage est le plus creusé de l’ensemble du drama ce qui est un peu dommage. La tension entre la haine qu’elle éprouve envers les jeunes délinquants et sa position de juge est constamment présente mais son traitement aurait pu être poussée encore davantage.
Face à la cruauté : haïr mais juger
Les thématiques survolées sont plutôt classiques pour ce genre de drama. Prostitution, violences sur mineur, agressions sexuelles, pression scolaire, tout y passe. L’affaire consacrée au foyer de jeunes filles apporte un peu de renouveau, et ça fait du bien.
La patte de Netflix se ressent assez rapidement – la première affaire est particulièrement sordide, tout comme la dernière. Âmes sensibles s’abstenir ou ne regardez pas seul(e)s au risque de mal dormir la nuit !
La plupart des enquêtes concernent des adolescents et l’ensemble du drama offre une réflexion sur une potentielle réforme du système de délinquance juvénile.
Mon seul regret réside dans la place donnée au deuxième juge, collègue de Sim Eun Seok. Très empathique, il revient souvent sur ses intuitions à cause d’elle. Son affection pour les adolescents et leurs situations aurait mérité un éclairage un peu différent. L’impression qui me reste est celle d’une condamnation de son comportement. La froideur de Sim Eun Seok et sa haine incompressible pour les jeunes délinquants semblent être montrées sous un jour plus positif. Il a donc manqué, à mon sens, un peu de nuance à ce drama pour être vraiment très bien.
Personnellement, je vois ce drama comme le pendant institutionnel de Extracurricular (2020). Ce drama se plaçait du point de vue des adolescents et explorait leurs circonstances et leurs raisons alors que Juvenile Justice se place du côté de ceux qui enquêtent et octroient les peines.