◆ Titre : Mademoiselle (아가씨)

◆ Année : 2016
◆ Durée du film : 2h 24 min
◆ Genre : Drame/Thriller
◆ Réalisateur : Park Chan Wook
◆ Fiche Allociné : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=231299.html
◆ Bande-Annonce :
◆ Avertissement : Interdit au moins de 12 ans
◆ Synopsis de Mademoiselle :
Le film se passe en Corée (pas encore divisée) dans les années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme nommée Sookee (Kim Tae Ri) est engagée comme servante de Hideko, une riche japonaise (Kim Min Hee) vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…
◆ Acteurs Principaux

- Kim Min Hee : Hideko
- Kim Tae Ri : Sookee
- Ha Jung Woo : l’escroc
- Cho Jin Woong : Oncle Kozuki (l’oncle d’Hideko)
◆ Acteurs Secondaires
- Kim Hae-sook : la femme de M. Sasaki
- Rina Takagi : la mère de Hideko
- Lee Yong Nyeo : Bok-soon (la gouvernante)
- Kim Hae Sook : la femme de M. Sasaki
◆ Mon avis sur Mademoiselle
Depuis le succès retentissant de Old Boy en 2003, Park Chan Wook est un réalisateur de classe internationale. Bien qu’il ait depuis montré plusieurs fois l’étendue de son talent, la sortie d’un film de Park Chan Wook est toujours très attendue.
Park Chan Wook s’inspire ici du roman de Sarah Waters, Fingersmith, paru en 2002. Alors que le roman original se déroule dans l’Angleterre victorienne (1837 – 1901), Park Chan Wook l’adapte aux années 30 en Corée du Sud. Cette période coïncide avec l’occupation japonaise, c’est pourquoi, le film est à la fois en japonais et en coréen. La présence des deux langues favorise l’immersion du spectateur dans la Corée sous l’occupation japonaise.
Un thriller en trois parties
Ce thriller est un véritable piège psychologique en trois actes. Alors que le spectateur commence à se prendre au jeu de Sookee et à ressentir une pointe de culpabilité et de pitié pour Hideko, l’intrigue se renverse totalement. Les cartes restent les mêmes mais sont redistribuées et dévoilent une autre histoire qui se déroulait dans l’ombre de la première. Sous les yeux ébahis du spectateur, c’est presque comme si un deuxième film commençait. Et c’est en prenant tout son temps que Park Chan Wook laisse le spectateur s’imprégner de cette deuxième intrigue et de ses tenants et aboutissants. Les rôles sont redistribués et il faut rapidement resituer qui est le personnage manipulé et qui sont les manipulateurs. Par ailleurs, dans Mademoiselle, Park Chan Wook épargne quelque peu le spectateur en mettant en avant dès le début la complexité des personnages. Ainsi, malgré quelques penchants, le spectateur ne s’attache jamais totalement à un personnage. C’est donc plus facile d’accepter le changement des rôles des personnages.

Vengeance, érotisme et place de la femme
La vengeance est un thème que Park Chan Wook aime beaucoup explorer et mettre en avant (Old Boy, Lady Vengeance, Sympathy for Mister Vengeance). Ici encore, la vengeance est savamment orchestrée et prend toute sa place dans la deuxième partie du film et dans le dénouement. Ici, Hideko décide de prendre son destin en main. Elle commence donc par se venger de ceux qui ont tenté de la manipuler avant de s’attaquer à cet oncle qui l’a utilisée pour ses soirées perverses. Park Chan Wook aime en effet tellement l’érotisme qu’il ne peut résister à l’envie d’en glisser un peu dans chacun de ses films. Dans Mademoiselle, il y va franchement. Les hommes sont réduits à devoir écouter Hideko lire des livres érotiques sans pouvoir satisfaire leur plaisir. Les femmes, quant à elles, en plus de détenir un pouvoir sur les hommes, satisfont leurs désirs sans eux. C’est donc la performance des actrices principales qui marque le plus l’esprit du spectateur. Leur jeu est éblouissant et donne encore plus de profondeur à certaines scènes. Et justement, dans les scènes érotiques, elles arrivent à rendre ce moment sensuel sans tomber dans la vulgarité. Kim Tae Ri, qui interprète Sookee, est une véritable révélation.

Sa performance est juste touchante. Elle retranscrit parfaitement le combat, sa volonté première d’escroquer Hideko et les sentiments qui viennent jouer les troubles-fêtes. Avec Mademoiselle, Park Chan Wook met une fois de plus les femmes en avant. Il donne le pouvoir aux femmes et rend les hommes victimes de la force et de la volonté des femmes. Alors qu’il le faisait de façon plus discrète dans ses précédents films, il ne se retient pas dans Mademoiselle et en fait un film presque féministe. Plusieurs détails de ce film pousse également le spectateur à s’interroger sur la domination masculine, sur la place de la femme mais aussi sur le voyeurisme.

Un film très beau, à voir absolument
Au delà des différents messages que comporte Mademoiselle, l’esthétique et la photographie des scènes sont des bijoux. Bien que certains angles ou mouvements de caméra laissent songeur, Mademoiselle est un film très beau. La mise en scène rend ce film presque irréel et enchanteur tellement les décors sont travaillés et composés.

Pour conclure, Mademoiselle est un film long, je vous l’accorde, mais vous ne verrez pas les heures passer. Park Chan Wook nous fait découvrir qu’un amour féminin peut vaincre la tyrannie masculine ; ce qui, dans la Corée des années 30, est une idée assez avant-gardiste. Le réalisateur mêle tellement de genres qu’il est difficile de classer son film. Cependant, c’est un très beau film qui mérite plus de reconnaissance après avoir été boudé par le jury de Cannes.
Article rédigé par Laulilau.