HYBE LABELS vous propose une série documentaire sur les débuts de LE SSERAFIM, le nouveau groupe de Source Music. The World is My Oyster est l’occasion de découvrir la genèse d’une des formations les plus prometteuses de cette nouvelle génération d’idols.
Informations
- Production : BORDERLESS FILM
- Date de sortie : 18 septembre 2022
- Épisodes : 4
- Durée : 4 x 20 minutes (environ)
- Disponibilité : YouTube (sous-titres en anglais)
Préparant actuellement son premier comeback ANTIFRAGILE, annoncé pour le 17 octobre, c’est une opération marketing qui tombe à pic pour faire la promotion de LE SSERAFIM. À la suite de l’affaire Kim Garam, dont on a entendu parler plusieurs mois durant, ce documentaire est un peu l’occasion pour l’agence de faire une sorte de nouveau départ. Et donc nous pousser à voir un groupe constitué de cinq membres, comme si cela avait toujours été ainsi. Un résultat à la fois intéressant et étrange sur lequel je vais me pencher pour vous.
The World is My Oyster, le synopsis
L’agence HYBE LABELS se prépare à lancer son nouveau groupe féminin. Elles sont trois membres à se retrouver : Chaewon, Sakura et Yunjin. Très vite, elles sont rejointes par deux nouvelles arrivantes : Kazuha et Eunchae. Sans avoir même le temps de vraiment faire connaissance, les filles sont embarquées dans la formation quasi-militaire du prochain groupe qui doit marquer la K-pop. Plongées dans leur quotidien, elles nous partagent leurs impressions et leurs difficultés pour être les meilleures le jour du lancement du groupe. Une expérience intimiste et frontale, derrière les murs d’une agence de K-pop avec ses hauts et ses bas.
Une série sur la création de LE SSERAFIM
Avant de débuter l’analyse, il faut savoir que l’expression « the world is my oyster » fait non seulement référence à la chanson introductive du mini-album FEARLESS de LE SSERAFIM, mais c’est avant tout une expression utilisée pour symboliser le passage à l’âge adulte. Le but étant de récupérer la perle cachée à l’intérieur de l’huître. Pour cela, il faut redoubler d’efforts si vous souhaitez ouvrir cette huître et récupérer son trésor. Une métaphore bien illustrée à travers cette série documentaire.
Elle est constituée de quatre épisodes d’environ vingt minutes chacun. Un format intéressant et adapté à la plateforme YouTube, pour garder son audience à l’écoute. Cependant, HYBE préfère une sortie unique pour tous les épisodes, pour certainement éviter l’impatience des fans. Ces quatre épisodes sont bien délimités par ce qu’ils racontent. L’épisode un, fait office de présentation des membres, leur rencontre et la question de la synergie de groupe. L’épisode deux va mettre l’accent sur leurs compétences et leurs lacunes à améliorer. Le troisième épisode va nous rapprocher du but final, avec la préparation promotionnelle de l’album. Enfin l’épisode quatre montre les derniers instants avant le lancement du groupe.



Nous avons donc une série documentaire construite sur une chronologie classique (avec quelques flash-back et flashforward). La caméra portée fait office de point de vue à la première personne. Discrète, sans interaction avec les membres, elle place la personne qui regarde comme un œil témoin et privilégié. Ces scènes sont entrecoupées d’interviews face caméra qui permettent d’avoir aussi le ressenti de tous les personnages présents dans cette série. Cependant, elle ne nous propose pas d’exercice de style et reste basique dans sa mise en scène.
The World is My Oyster, ou la dure loi de la K-pop
Un des points intéressants de ce documentaire, c’est son début. Première scène, in media res, les filles découvrent les affiches d’elles-mêmes dans la rue, constatant leur popularité. Ici, pas besoin d’introduction. Vous devez connaître LE SSERAFIM au moment même où vous démarrez cette série. Un choix audacieux ! Très vite, on arrive sur l’un des moments les plus forts et les plus difficiles de ce documentaire. La trainee Haruka, qui devait intégrer le groupe, qui se fait remercier subitement sous l’œil des caméras. Une scène presque surréaliste où la jeune fille, venant à peine d’apprendre la nouvelle et de se faire réconforter par ses camarades, doit faire immédiatement ses valises. Une triste réalité qui nous rappelle à quel point la formation d’idols est quelque chose de très difficile.


Les moments forts se multiplient par la suite. Le poids des filles remis en cause par leurs supérieurs, les attentes très élevées qui les poussent à bout, les larmes de Sakura qui semble jouer sa vie pour atteindre ce but ultime. Un regard sans filtre qui fait évidemment penser au fameux 9 Muses of Star Empire de Lee Hark Joon, dépeignant le quotidien difficile et parfois cruel de la formation d’un groupe féminin. Finalement, vous retrouvez la même chose. À la différence que pour le groupe 9MUSES, les producteurs se fichaient des lacunes des membres. Le plus important était de miser sur le physique des filles. Dans The World is My Oyster, les producteurs cherchent la perfection en danse, en chant, en charisme et en personnalité. Une quête dans la qualité qui demande des efforts presque surhumains.



La série nous offre aussi des moments de légèreté autour des membres. Montrant leur intimité, leurs pensées et leur détermination. Le documentaire reste principalement tourné vers ses héroïnes. Mais les portraits de chacune apparaissent de manière un peu hasardeuse parfois. Ils auraient mérité un peu plus de développement. Par exemple, avoir le point de vue d’Eunchae sur son arrivée en tant que jeune trainee de 14 ans. Finalement, c’est surtout le personnage de Sakura qui possède une histoire qui existe tout au long de la série. Ses discours sont les plus touchants et elle s’ouvre le plus. Figure d’humilité et de sincérité, elle va apporter un peu d’humanité à ce documentaire trop souvent imprégné par la froideur du personnel filmé. Son évolution se démarque par deux moments forts, entre celui où elle se demande si être idol la rendra heureuse et celui où elle en a la certitude.


Dernier point qui m’a marqué et qu’aucune personne regardant la série ne peut ignorer : qu’en est-il de Kim Garam ? Le documentaire a décidé de faire disparaître totalement l’ex-membre. Pas un seul plan sur elle, pas une seule mention. Elle n’existe plus. Cependant, on sait qu’elle est bien présente. Notamment par des cadrages parfois décalés, une main ou une épaule en amorce dans le champ de la caméra, qu’on sait lui appartenant. Il faut pourtant comprendre qu’à la suite des affaires récentes et l’exclusion de Garam du groupe, le documentaire ne pouvait pas la montrer. Mais cela provoque un sentiment très étrange.
Avis et conclusion
On se demande alors si ce que l’on regarde est sain. Si voir, c’est consentir à tous les agissements de HYBE. Passant de l’exclusion d’Haruka, à la dureté de la formation des filles, jusqu’à la disparition de Garam ? Le but n’est pas de se dire « Pourquoi HYBE montre cette facette d’eux-mêmes si ce n’est pour se décrédibiliser ? ». Mais plutôt « Qu’est-ce que nous montre cette série sur la réalité de l’industrie de la K-pop ? ». The World is My Oyster n’est pas là pour choquer. Il montre ce qui doit être montré et c’est au spectateur de garder ce qu’il voit en tête et prendre de la distance. Voir ce que l’on ne souhaite pas voir sera toujours plus sincère que voir ce que l’on souhaite voir. Cette dureté prend aussi sens à partir du moment où l’on voit le parcours des filles. Malgré les exigences, le peu d’éloges et beaucoup de critiques, à la fin, elles parviennent au but « sans peur ». Ce qui fait écho au concept même du groupe et au nom de leur premier mini-album FEARLESS.


Pour conclure, le documentaire est plutôt réussi. Il est intéressant pour ce qu’il nous apprend sur le groupe. Sa mise en scène est classique, mais cette sobriété évite de tomber dans une dramatisation trop forte et certainement des enjolivements. Le plus gros point négatif reste le manque de développement des membres individuellement. Le fait de comprendre leurs décisions et leurs moments de complicité. Mais aussi d’avoir un peu plus de prises de parole de la part du personnel pour comprendre davantage le processus créatif de LE SSERAFIM, ainsi que ce qui selon eux les démarquera des autres groupes qui se multiplient aujourd’hui.
Sources : Twitter, YouTube & Spotify de LE SSERAFIM | YouTube de HYBE LABELS | Twitter de Source Music