Swing Kids est un film (visionné lors du FFCP 2019) sur la danse, sur la guerre, sur la révolution, sur la relation entre les deux Corée, sur tout ça en même temps et c’est beau et émouvant à la fois, laissez-moi vous expliquer comment c’est possible.
Informations sur Swing Kids
Titre original : 스윙키즈
Réalisation : Kang Hyeong Chul
Scénario : Kang Hyeong Chul
Genres : comédie musicale / drame
Date de sortie coréenne : 19 décembre 2018
Durée : 133 min
Synopsis :
Dans l’un des plus grands camps de prisonniers de la guerre de Corée, situé sur l’île de Geoje, Jackson, un sergent de l’armée américaine, danseur de claquettes dans le civil, tente de monter une troupe de danse pour le spectacle de Noël. Cependant, le camp est divisé entre les communistes (et anti-Américains) et les anticommunistes. Pas facile donc de réunir ces prisonniers autour d’un spectacle de danse ; d’autant plus que dans le troupe, il y a Ki Soo, un jeune homme naturellement doué, mais aussi un anti-Américains notoire.
Casting :
Bande-annonce :
Mon avis sur Swing Kids
Disclaimer : Le premier film Swing Kids est une œuvre américaine sortie en 1993 et que vous l’ayez vu ou non ne changera absolument rien à votre visionnage de la version coréenne. Il est cependant intéressant de noter qu’il existe beaucoup de similarités dans les généralités de ces films éponymes.
Le film Swing Kids qui nous intéresse est le sud-coréen et il est basé sur une comédie musicale du même nom que le personnage principal : Roh Ki Soo de Jang Woo Sung. En tant que passionnée et non-experte en cinéma, il n’est pas facile d’avoir toutes les références qui viennent au visionnage de ce film, néanmoins il est difficile de ne pas penser à Charlie Chaplin très fréquemment.
Swing Kids : un spectacle en trois actes
Premier acte : découverte et mise en place
Dès les premières minutes du film, l’ambiance un peu pesante du camp est installée. Mais les différents stratagèmes du réalisateur pour ne surtout pas que cette pesanteur se fasse trop sentir le sont aussi et ils parviennent à faire rire le spectateur que ce soit par des gags visuels, des situations comiques récurrentes ou même grâce aux interactions entre les personnages.
Cette première partie, assez rapide, permet de découvrir le décor, les personnages, les enjeux, dans une atmosphère assez positive.
Deuxième acte : création des liens
Naturellement, la seconde partie du film est consacrée au groupe de danse qui se découvre et qui apprend à mettre de côté les différences pour se consacrer à la passion de la danse.
Cette deuxième partie plante le décor délicatement et prend donc un peu plus le temps d’installer les spectateurs pour que le ballet se déroule comme prévu. Ne croyez pas cependant que la réalité du camp est cachée : elle est même cruellement rappelée à plusieurs reprises. Kang Hyeong Chul crée ainsi une bulle, dans laquelle les protagonistes oublient leur quotidien pendant un temps. Ainsi, Nord-Coréens, Chinois, Américains et Sud-Coréens se côtoient, rient ensemble, travaillent ensemble et avancent vers un but commun : le spectacle de Noël.
Malheureusement, plus le temps passe, plus la réalité de la guerre s’insinue dans la troupe de danse, et c’est une réalité qu’aucun d’entre eux ne peut ignorer. Ils sont en effet soumis, par leurs entourages, à prendre position dans cette guerre et à agir contre « les ennemis ».
Troisième acte et dénouement
Le film prend un tout autre virage et sombre dans le drame.
Un drame sur fond musical, un drame qui a des airs d’opéra tragique grâce à la mise en scène et à la danse, un drame qui ne vous laissera pas insensible. Le personnage de Roh Ki Soo est au paroxysme de son dilemme et il finit par danser avec l’énergie du désespoir. Toute la scénographie du spectacle de Noël rappelle l’esthétique de l’opéra tragique et le spectateur comprend rapidement qu’il ne peut y avoir de fin heureuse.
Malgré ces trois actes bien distincts, le film reste rythmé et l’ennui ne trouve pas sa place dans ce film car les temps plus calmes permettent de développer les personnages.
Les acteurs de Swing Kids
Les personnages sont en effet les piliers de Swing Kids car c’est autour de la troupe de danse que toute l’intrigue est construite.
Plus l’unité se forme au sein des danseurs, plus les personnages développent une pensée propre. Emprisonnés pour des raisons politiques, ils sont tous pris dans la propagande qui les a nourris jusque-là, mais en côtoyant leurs « ennemis » ils se mettent à remettre en question ce qu’ils ont appris, ce qu’ils pensaient vrai jusque-là et se forgent leurs propres opinions, essayant de vivre selon leurs désirs (ce qui est compliqué dans une prison, je vous l’accorde).
Difficile d’évoquer les personnages de Swing Kids sans parler de la tête d’affiche de ce film : Do Kyung Soo.
Plus connu sous son nom de scène D.O, membre d’EXO, il s’est imposé comme un acteur aux multiples talents et il le prouve une nouvelle fois dans ce film. Le personnage de Roh Ki Soo est en effet celui autour duquel tout tourne : chef de l’un des héros du camp nord-coréen, il est adulé par ses confrères et totalement convaincu par la propagande anti-Américains qu’il a subie depuis qu’il est petit.
Il est également un danseur au talent inné et un jeune homme tourmenté par les attentes qui pèsent sur lui et ce qu’il a vraiment envie de faire. Do Kyung Soo parvient totalement à interpréter ce personnage, à retranscrire les émotions et le dilemme qui animent son personnage et à les transmettre. Il est brillant et rayonnant, même dans les scènes les plus dramatiques.
L’anti-Américains qu’est Roh Ki Soo fait face à Jackson, un Afro-Américain qui a pour but de retrouver sa petite amie japonaise.
Malgré le racisme qu’il subit, il est embauché pour présenter une troupe pour le spectacle de Noël car il est danseur de claquettes dans le civil. Au vu de son talent évident de danseur, Jared Grimes livre une belle performance dans un film où en plus d’être le seul Noir, il est le seul non-Coréen à avoir un rôle principal. Son jeu est admirable, mais attendez de le voir danser pour comprendre l’atout qu’il représente.
Vient ensuite une actrice dont Lilou vous a déjà parlé : Park Hye Soo.
Cette jeune actrice apporte une innocence, une fraîcheur et une joie de vivre qui dénotent dans ce camp de prisonniers mais qui sont parfaitement bienvenues. Elle est la seule femme de la troupe, et c’est également la seule membre qui vient de l’extérieur. Elle apporte ainsi une autre vision, une autre réalité et elle est vraiment une pépite dans ce casting.
Ce trio est secondé par Oh Jung Se dans le rôle de Kang Byung Sam, un Sud-Coréen qui a perdu sa femme et qui la cherche désespérément à chaque fois qu’un nouveau convoi de prisonnières arrive. Mais il peut aussi être un très joyeux compagnon qui met du cœur à l’ouvrage et qui parvient à communiquer avec Xiofang, joué par Kim Min Ho, le seul Chinois du groupe qui se distingue par la grâce qu’il montre dès qu’il danse.
Ils sont donc tous attachants, bien construits ; chaque acteur peut briller et avoir son moment de gloire, toujours en totale adéquation avec l’intrigue, la musique et la danse.
Conclusion
Pour conclure, Swing Kids c’est la revisite de la comédie musicale avec des acteurs formidables, une mise en scène minutieuse et spectaculaire mais surtout un contexte de guerre de Corée qui est abordé à travers le prisme d’une prison au bord de l’implosion.
Swing Kids est virevoltant, drôle, bouleversant, triste mais c’est un film qui offre un point de vue différent sur la guerre de Corée et qui met en lumière ces révolutions personnelles qui parviennent à ébranler des institutions.
Sources : AsianWiki | SensCritique | EastAsia
Article rédigé par Laulilau.